L’équipe du Honduras totalitaire joue contre le Chili en Coupe du monde de foot

vendredi 18 juin 2010.
 

Les vacances du Loup et de ses agneaux quand le monde a les yeux tournés vers...

par Oscar Estrada (cinéaste hondurien)

Je ne pensais pas écrire sur ce sujet, c’est vrai, je voulais prendre une certaine distance avec le sujet et éviter de gâcher l’une des rares distractions du peuple hondurien. Mais il est impossible de ne pas commenter l’effronterie de la classe gouvernante, qui dans un manque de respect incroyable, 100 grands fonctionnaires, monsieur Lobo y compris, son épouse, ses 3 [vice-présidents] désignés, le président et les vice-présidents du congrès national,les ministres et vice-ministres ont pris 15 jours de vacances, après seulement 3 mois d’exercice du pouvoir, pour aller en Afrique du Sud tous frais payés par le trésor public et pour voir, (parce que voir par soit-même est toujours mieux que se le faire raconter), l’équipe du Honduras, ou l’H, comme l’appelle les médias.

Il est certain, que comme beaucoup de Honduriens qui sont dans la résistance j’aimerais voir le Honduras gagner, se glisser victorieusement entre les meilleures sélections du monde et qu’un peu d’orgueil soit redonné à ce peuple qui vit plein de mauvaises nouvelles. Mais je ne peux pas. Alors que les médias internationaux informent d’un Honduras au pouvoir vacant, ils oublient de mentionner que Pepe Lobo n’a gouverné à aucun moment, ce n’était pas son travail, il a été engagé pour apparaître devant la chambre et pour se faire voir, avec un sourire collé sur le visage alors que les autres nettoient le terrain. Les autres, les personnages obscurs qui se cachent dans l’ombre pour conspirer contre ce peuple digne, pour torturer, pour tuer notre espoir.

Nous savons que ce Mondial, plus que tout autre dans l’histoire, sera utilisé de manière sinistre contre notre peuple. Le show qui se monte avec la complicité de la presse nationale et étrangère, me rappelle ce jour d’août, où tandis que dans les maisons, les bars, les restaurants, les rues, les trottoirs et les bureaux on célébrait les buts de la sélection, des dizaines de personnes souffraient des tortures dans le sous-sol du congrès national pour être transportés peu après dans les cachots humides du bataillon des Cobras [1] : parce que leurs cris pouvaient gâcher la fête footballistique de Micheletti.

Tout à fait comme cela c’est passé il y a 32 ans, en Argentine, quand la dictature a profité de la fête du Mondial 78 pour faire disparaître des milliers de citoyens. Adolfo Perez Esquivel, prix Nobel de la paix 1980 qui a été détenu arbitrairement durant 14 mois nous rappelle comment “Dans la prison, comme les agents voulaient aussi écouter les match, les commentaires de la radio nous arrivait par des haut-parleurs. C’était étrange, mais dans un cri de but nous nous unissions les agents et les prisonniers. Cela me donne la sensation qu’à ce moment, au-delà de la situation que nous vivions, c’était le sentiment pour l’Argentine.”


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