Retraites... Jour de cendres !

mardi 22 juin 2010.
 

Je m’adresse à tous ceux qui hésitent : le 24 juin, tous dans la rue ! Au nom de la dignité ! Pour montrer, et d’abord à soi-même, que nous ne sommes pas devenus un peuple d’animaux que ses maîtres tondent sans qu’il regimbe ! Par fidélité aux combats des anciens qui se sont crevés la peau pour ce droit. Et pour leur foutre la peur du siècle, aux autres, à ceux qui ont décidé de nous faire ça ! Il nous faut être plus nombreux que les gouttes d’eau dans la pluie le 24 juin. Que tout le monde jusqu’au bout de l’Europe nous entendent crier ! On criera pour ceux qui peuvent pas, ou qui ne peuvent plus !

Dans cette note je parle de ce plan gouvernemental pour vous donner une première batterie d’arguments. Puis je colle le post que j’ai écrit ce matin à Strasbourg et que j’avais prévu de passer demain. A propos du fric et de la finance vus du parlement européen et de la commission. Je parle aussi de notre programme contre eux, et des gesticulations de « l’Europe qui protège » sur le sujet dans l’hémicycle en ce moment.

Jour de cendres. Bien sûr la bataille n’est pas finie. On va se taper. Le 24 juin c’est crucial. Mais quand même, ils ont osé ! Faut-il qu’ils se sentent forts ! Ne perdez pas de vue que c’est la première fois qu’on rembobine le fil d’une conquête sociale de cette ampleur dans ce pays. La retraite à soixante ans c’est plus qu’un acquis social. Davantage que des années de manifestations, pétitions, votes et cortèges syndicaux depuis 1910. C’était alors la première loi sur le sujet organisant une retraite à soixante cinq ans. La victoire du passage à soixante ans ce fut en 1983, avec le programme commun de gouvernement de François Mitterrand et Georges Marchais ! C’est une façon de vivre en société. C’est fini. Les libéraux ont décrété la fin des jours heureux. Nicolas Sarkozy l’a fait ! Pour rien ! Car rien ne sera réglé par cette réforme qui prétend tout arranger. Notez que Fillon, en 2003, aussi prétendait avoir tout réglé sur le sujet ! Et d’abord on se demande d’où sort cette nouvelle date butoir : 2018 ! C’est nouveau ! Le débat s’organisait parfois sur la date invoquée par le Conseil d’orientation des retraites : 2050 ! Et d’autres fois c’était sur les annonces et références du gouvernement lui-même : « 2020 ou 2030 ».

J’avais ironisé sur ce blog à propos de ces dix ans d’écart dans les prévisions. D’ailleurs le plan Fillon de 2003, avait été calculé pour 2020 ! Voila un nouveau calendrier ! Il faut recommencer tous les comptes et comparaisons. Ca doit être étudié pour, je suppose. Car depuis le début la méthode de communication est très importante dans le déploiement du gouvernement ! Des annonces à petite dose pour que les gens s’habituent, des effets de pipeau. Tout ça pour endormir. En tous cas une première évaluation montre que rien n’est vraiment réglé dans cette affaire. Sans le siphonage du fond de réserve des retraites créé par Jospin, les comptes ne seront pas à l’équilibre après 2018. Mais le système sera alors tellement mal en point tellement peu attractif que la capitalisation aura tout l’espace. Quelle erreur ce serait. Tenez : encore aujourd’hui la preuve est faite avec l’affaire de la marée noire ! J’espère que vous connaissez le rapport entre ces deux questions. Sinon le voici : 17 % des revenus des fonds de pensions anglais sont constitués par les dividendes de BP. Les retraités anglais vont trinquer à cause de vulgaires mouettes en Louisiane !

Mais ce qui est certain c’est que ça va faire mal à ceux sur qui ça s’abat. L’injustice est totale. 90 % des efforts seront fournis par les travailleurs. Mais le capital et les hauts revenus ne règleront que 10 % de la facture. C’est-à-dire seulement 4 milliards d’euros sur les 42 milliards à faire cracher à l’horizon 2018. Pour se faire une idée sérieuse de ce que représentent ces quatre milliard « d’efforts » il faut se souvenir que la droite au pouvoir depuis 2002 a déjà donné 30 milliards d’euros par an de baisses d’impôts aux plus riches ! L’injustice sociale est donc consacrée reine en France par le président Sarkozy ! Faisons le bilan rapide. Pour avoir une retraite à taux plein à 62 ans, il faudra avoir travaillé sans interruption depuis l’âge de 19 ans et demi ! Ceux qui n’auront pas le nombre de trimestres cotisés suffisant touchaient quand même leur retraite à taux plein à partir de 65 ans. Ce n’était déjà pas génial. Maintenant ce sera 67 ans !

Quand aux mesures prises pour tenir compte de la pénibilité du travail c’est la honte totale. On se souvient que les syndicats acceptaient d’en discuter à condition que l’évaluation de cette fameuse pénibilité si particulière soit faite par métier c’est-à-dire collectivement. Le Medef ne voulait rien savoir. Il voulait une évaluation individuelle. Nous objections que cela revenait à constater les dégâts au lieu de les prévenir. Mais jamais nous aurions pensé que le gouvernement se moquerait du monde de cette façon ! Oui c’est bien en constatant les dégâts que cette pénibilité sera reconnue. Ces travailleurs qui pourront partir plus tôt seront en effet choisis « individuellement » parmi… les invalides et victimes d’accidents du travail ! Grand foutage de gueule. Et c’est à peine 10 000 salariés pourraient ainsi partir avant 62 ans ! Mais la encore tout est dans la manière de faire. Se moquer du monde comme ça c’est l’équivalent d’un coup sur la tête !

Les fonctionnaires, eux vont se faire détrousser : ils vont cotiser « comme le privé ». Gros argument destiné à provoquer des jalousies et rivalités en montrant du doigt ceux qui se gobergeraient sur le dos des autres. Rappelons que les deux caisses de retraites n’ont rien à voir. L’augmentation des cotisations ne fait pas rentrer un sous de plus dans la caisse du privé. Ni dans celle du public non plus d’ailleurs. En fait il s’agit tout simplement d’une baisse de salaire. Les fonctionnaires coûteront moins chers à l’Etat d’un côté puisqu’on déduit leurs cotisations du salaire. Et de l’autre la diminution de leurs droits permettra de nouvelles économies encore, cette fois-ci sur les pensions à verser. Un rasoir à deux lames en quelques sortes. Après quoi on ose nous parler de l’augmentation de 1% sur le dernier taux de l’impôt sur le revenu qui s’applique à la dernière partie du revenu du haut salaire ! Ca ne fera en aucun cas une baisse de revenu de 3 % comme pour les fonctionnaires !

Et par dessus le marché, il y a le non dit de cet exercice comptable borné. Celui dont j’ai déjà traité ici. C’est-à-dire l’impact sur les autres comptes sociaux des mesures prises dans le compartiment des retraites. Dans le domaine de la vie en société et des mécanismes de solidarité, tout se tient. Les autres comptes sociaux vont se dégrader brutalement à cause de cette réforme ! Cela à cause de l’allongement du chômage de très longue durée des seniors. Ils n’ont plus de travail dès cinquante trois ans actuellement ! Qui va les prendre en charge pendant deux ans de plus ? Et puis il y aura aussi des dépenses maladies supplémentaires ! Mais oui, messieurs les bons esprits, la maladie aussi ! Cela non seulement pour ceux qui ne travaillent plus et se rongent les sangs mais aussi pour ceux qui travaillent au delà du raisonnable et s’épuisent plus vite !

Mais pourquoi tout cela ? Puisque cela ne règle rien au plan comptable. Selon moi, c’est seulement un signe donné à la finance mondiale. Et il fallait que ce soit maintenant, juste avant l’été et ce fichu mois de juillet où arrivent à échéance 59 milliards d’euros de dettes qu’il va falloir refinancer. Et comme la madame Merkel a poignardé toute l’Europe avec son plan de super austérité, il faut suivre, quand on ne veut pas rompre avec le système ! Surtout que la même madame Merkel présente aussi sur le marché 30 milliards de dette allemande à refinancer à la même date. La compétition est donc réelle. C’est l’escalade des souffrances affichées. La finance gouverne, règne, domine tout. Les gouvernements sont comme des caniches aux ordres devant elle. Il faut résister. Mais pas qu’avec des mots en général. A notre tour, nous devons dire expressément comment nous allons retourner le rapport de force. Nous devons savoir quelles mesures précises nous allons leur appliquer, pour leur faire rendre gorge. C’est ce que nous avons fait au Parti de Gauche le 12 juin dernier.


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