Deux journalistes mis en examen en une semaine ! Non à la sarkoberlusconisation des medias !

vendredi 25 juin 2010.
 

Après Augustin Scalbert, de Rue89, c’est au tour d’Alexandra Ackoun, journaliste de France Inter, d’être inquiétée par la justice…

À l’approche de la présidentielle, les journalistes de France vont-ils devoir troquer le brassard ou le micro contre le bâillon  ? Pour la deuxième fois en une semaine, l’un d’entre eux a été mis en examen. Mercredi, la journaliste médias de France Inter, Alexandra Ackoun, tout comme le patron de Radio France Jean-Luc Hees, a été mise en examen par la juge Nadine Berthelemy-Dupuy pour « complicité de diffamation », à la suite d’une plainte déposée en 2009 par l’ancien judoka David Douillet, sorti des tatamis pour embrasser une carrière politique sous l’étiquette UMP. L’ancien champion olympique, aujourd’hui député des Yvelines, a porté plainte en diffamation avec constitution de partie civile contre la députée européenne d’Europe Écologie, Eva Joly. Le 22 septembre 2009, à l’Assemblée nationale, elle dénonçait le manque de volonté d’agir contre les paradis fiscaux. L’ancienne juge d’instruction de l’affaire Elf avait accusé David Douillet de détenir un compte bancaire au Liechtenstein, un pays qui figurait alors sur la liste dite « grise » de l’OCDE des paradis fiscaux.

Alexandra Ackoun, qui était à ce moment-là journaliste au service politique de France Inter, avait suivi la conférence de presse d’Eva Joly, enregistré puis diffusé ses propos le lendemain, dans le journal de 8 heures. Rien de plus normal.

Selon le Syndicat national des journalistes (SNJ), Alexandra Ackoun est visée pour « avoir exercé pleinement sa mission de journaliste ». Et il relève « qu’en moins d’une semaine, c’est le deuxième journaliste mis en examen », puisque Augustin Scalbert, de Rue89, s’est vu signifier sa mise en cause vendredi 11 juin, pour recel, dans l’affaire Sarkozy-France 3-Rue89. Cet acte judiciaire contrevient frontalement à la loi et à la jurisprudence européennes, et à la loi française du 4 janvier 2010 sur la protection des sources des journalistes. Pour le SNJ, c’est clair, « une partie de la classe politique est en train de peser de tout son poids sur les journalistes indépendants pour intimider toute une profession ». Le syndicat estime que ces poursuites ont pour but d’inciter les journalistes politiques « à vider le contenu de leurs reportages de tout propos “dérangeant”, à édulcorer les comptes rendus, bref, à s’autocensurer ». Par le passé, David Douillet avait porté plainte contre le site Internet Bakchich, pour les mêmes motifs  : il avait été débouté.

Ces mises en examen interviennent dans un climat qualifié de « sarkoberlusconisation » par le SNJ CGT, qui, à propos d’Augustin Scalbert, avait considéré que sa mise en examen « témoigne de l’acharnement du pouvoir de mettre en cause tous ceux qui s’opposent à la ligne du chef de l’État et ceux qui peuvent écorner son image ».

Claude Baudry

Source : http://www.humanite.fr/2010-06-18_M...


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