Coupe du monde 2010 : les stadiers sud-africains manifestent et font grève contre la baisse des salaires

dimanche 20 juin 2010.
 

Deux grèves en deux jours. Les stadiers sont en colère et s’insurgent contre la brusque réduction des salaires imposés par le Comité Local d’Organisation (LOC) de la Fifa. Une première grève a eu lieu dimanche 13 juin à l’issue du match Allemagne - Australie. Environ 400 stadiers ont manifesté à l’extérieur du stade pour protester contre la réduction de leurs salaires. Leur rémunération est passée de 250 rands (27 euros) à 190 rands (20 euros) par jour.

La police sud africaine a tiré dimanche soir des gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc contre les manifestants pour les disperser. Au moins deux manifestants ont été arrêtés, dont l’un pour possession d’arme à feu.

Une seconde manifestation s’est tenue lundi 14 juin quelques minutes avant le match Italie - Paraguay. Mais la rencontre a tout de même été maintenue. Des policiers ont assuré la sécurité des matches disputés au Cap (où l’équipe de France a joué son premier match) et à Durban. Ces deux villes sont les plus concernées par le mouvement social des stadiers.

2) Manifestations et grèves se poursuivent

Dans les stades sud-africains, la colère gronde au même rythme que le volume sonore des vuvuzelas. Les stadiers, qui assurent l’accueil et la sécurité, sont mécontents et ils le font savoir. La police n’est pas en reste qui exige que les promesses faites soient tenues. Lundi, à la veille de la rencontre Côte d’Ivoire-Portugal, les stadiers basés à l’université Nelson Mandela Metropolitan ont tout simplement arrêté le travail pour demander une chose  : être mieux traités. « Je suis venu de Mthatha (ville à plus de trois cents kilomètres de Port Elizabeth – NDLR) pour garder le stade et je suis traité comme un esclave », a expliqué l’un d’entre eux à l’Humanité, en nous demandant de ne pas publier son nom.

« On nous avait promis 130 rands par jour (environ 13 euros) pour la nourriture, les transports pour nous rendre aux magasins et un logement convenable. En fait, ce n’était que des promesses vides. La seule fois où nous avons eu un petit déjeuner, c’était juste des biscuits et de l’eau. Quant au logement, certains d’entre nous dorment dans les voitures de service  ! »

Le major-général Leko Mbafha, porte-parole de la ­police, a indiqué que les hommes en service dans les stades de la Coupe du monde recevraient des primes directement prises sur le budget de la police. Il a également précisé que des discussions étaient en cours pour que la Fifa prenne en charge ces primes mais n’a pas été capable de dire si ces pourparlers avançaient ou non.

L’avertissement des policiers a été d’autant plus entendu que la révolte s’étend comme une traînée de poudre. Hier, près de 3 000 personnes ont manifesté à Durban (Kwazulu-Natal) avant le match ­Espagne-Suisse pour demander au gouvernement de consacrer aux pauvres la même somme que celle dépensée pour le Mondial 2010 de football. Et parmi les manifestants figuraient des centaines d’agents de sécurité de la compagnie privée Stallion en grève, qui se sont violemment opposés à la police après le match Allemagne-Australie dimanche alors qu’ils réclamaient de meilleurs salaires. « Même si la police nous tire dessus, nous allons travailler au stade », ont-ils chanté en zoulou. Des pêcheurs, qui n’ont plus le droit de s’installer sur les jetées, participaient également à ce rassemblement, tout comme des vendeurs d’un marché que la ville tente de fermer pour y ouvrir un centre commercial.

Après Durban et Port Elizabeth, l’action s’est étendue au Cap et dans le stade d’Ellis Park à Johannesburg, où la police a remplacé les stadiers pour assurer la sécurité des enceintes. Les boîtes de sécurité, qui ont passé de juteux contrats avec la Fifa, ne s’embarrassent pas. Près de 500 salariés de Stallion à Johannesburg, qui étaient en grève, ont été licenciés. Quand ils se sont présentés pour percevoir leur salaire quotidien, on les a avertis que leur nom ne faisait plus partie de la liste des salariés accrédités pour entrer dans le stade. Pour le syndicat Cosatu, il faut empêcher que « la rapacité des entreprises de sécurité ne sabotent la Coupe du monde ».

Pierre Barbancey


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