Les Bleus - C’est la lutte finale ? (par Vikash DHORASOO)

vendredi 25 juin 2010.
 

... L’heure du bilan a sonné pour une équipe Black-Blanc-Beur aussi vantée qu’imaginaire. C’était le moment de montrer au monde entier qu’une bande de “banlieusards”, de “caillera”, de mecs du ghetto pouvait tout éclater en Afrique du Sud. Le problème, c’est qu’en dehors de la Coupe Du Monde, ces mecs là, on leur promet le kärcher et une répression sans pitié. Il n’y aurait pas un petit lézard ? Le foot français est un foot de ghetto, aussi clivé que le reste de la société. Les banlieusards sur le terrain, les énarques et les chefs d’entreprise aux commandes. Et les vaches sont bien gardées. Vous nous avez offert un spectacle pitoyable mais prévisible, tant le champ était miné. Votre échec pointe du doigt, de façon implacable, ce qu’est le foot d’aujourd’hui en France, c’est-à-dire un foot de quartier, de banlieue, abandonné aux petits caïds du coin et aux guerres de clans et de gang.

Une fois de plus, nous sommes tous responsables. Les vedettes et stars de 20 ans que le système a engendré se retournent forcément un jour contre lui… et ce jour est enfin arrivé. Il fallait élever la voix et marquer le coup en frappant fort. Et c’est ce que vous avait fait espérant enfin reprendre le pouvoir face aux présidents, sponsors et agents de joueurs, ne serait-ce que quelques instants…

Le foot, ce n’est que du foot, et rien d’autre. Oui, les joueurs de foot sont indispensables au football, mais tout le reste n’est indispensable qu’à l’économie du football. Ce n’est pas notre problème. Nous sommes “joueurs” de foot, et notre métier est de jouer au foot. Nous sommes formés pour jouer au foot et sommes, pour les meilleurs, payés pour divertir les Français. Il est vrai qu’en ce moment le divertissement est plutôt mauvais.

Les footballeurs ne sont pas des professionnels de la représentation nationale. Ils n’ont aucune obligation à être des exemples pour les plus jeunes, ils n’ont aucune obligation à se battre pour l’honneur de la nation. Qui, du reste, pourrait l’être à cet âge - 20 ou 25 ans ? Ils sont issus de quartiers populaires, assez souvent désoeuvrés. On les sort de la réalité à 12-13 ans pour les mettre dans des centres de formation et les formater, à l’âge où un jeune normal vit encore chez ses parents, tous les soirs bordé par sa mère. Ils réapparaissent ainsi à l’âge adulte, complètement coupés du monde réel. Pourquoi leur en demande-t-on autant ? Une société où le joueur de foot devient un exemple, un modèle pour les jeunes, n’est-elle pas une société en mauvaise santé ? Où sont donc passés les instituteurs, les politiques, les intellectuels, les résistants de tous ordres ?

J’attends cet instant depuis 4 ans, depuis mon licenciement du PSG et la lâcheté de mes coéquipiers de l’époque et du syndicat des footballeurs l’UNFP. Peut-être n’avais-je pas mérité leur soutien, mais je me disais que les footballeurs se réveilleraient un jour pour enfin retrouver leur liberté. Il n’y a pas de bon moment mais c’est peut-être juste le moment pour vous , pour nous, “les enfants gâtés, les privilégiés du ballon rond” de se mobiliser. Nous, les footballeurs ultra-médiatisés et grassement payés pour avoir juste le droit de fermer nos gueules, de se faire détester et insulter en cas d’échec par une opinion publique toute entière influencée par les médias, L’Equipe en tête.

Si vous savez pourquoi vous vous battez, alors il faudra accepter d’abandonner certains privilèges (pourquoi pas accepter une baisse de salaire ?), c’est le prix à payer au risque de perdre le combat social face aux puissants du foot, pour enfin retrouver votre honneur. Pourquoi ne pas, dès à présent, renoncer à vos primes de match, à vos primes de sponsoring et à votre droit à l’image ? Pourquoi ne pas, dès à présent, ouvrir votre hôtel à la presse et au public ? Pourquoi ne pas aller à la rencontre de votre public et ainsi revenir aux fondamentaux du football, ce sport qui n’est finalement qu’un jeu !!!

On fait grève pour conserver ou conquérir des droits.

Conserver le droit-privilège d’être payé pour jouer, et rien d’autre.

Reconquérir une liberté peu à peu grignotée à coups de biftons.


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