Marie Pierre Vieu et Jacky Hénin tirent le bilan du 35ème congrès du PCF

mardi 29 juin 2010.
 

Jacky Hénin est député européen, élu sous l’étiquette Front de Gauche. Il annonçait une semaine avant le congrès être candidat au poste de secrétaire national du PCF, face à Pierre Laurent. À La Voix du Nord, il explique avoir été écarté par la commission des candidatures après s’être présenté devant elle. L’ancien maire de Calais aura surtout voulu donner un coup de pied dans la fourmilière, attirant l’attention sur le manque de démocratie d’un congrès qu’il juge décevant. Marie Pierre Vieu quant à elle est dirigeante du PCF, en charge des intellectuels. Elle était à la tête d’une liste alternative lors du précédent congrès composée notamment des communistes unitaires. Lors d’un entretien accordé à Marianne, Marie Pierre Vieu redoutait que “certains camarades nostalgiques du « PC-tout-seul-hégémonique-à-gauche »” puissent monter au créneau lors de ce rendez-vous, quite à voir naître “des unions entre les plus sectaires”. Aujourd’hui, tout deux donnent leur point de vue sur ce 35e congrès.

G2G : Que retenez vous de ce congrès ? Après celui ci, quoi de neuf au Parti Communiste ?

Marie-Pierre Vieu : Nous vécu un congrès qui n’a pas fait le choix du statu quo dans le débat communiste : il a été clairement décidé de poursuivre la construction du Front de gauche et son élargissement, d’être à l’offensive en tant que Parti sur ce terrain du rassemblement en même temps que dans les luttes, ripostes quotidiennes. Enfin nous avons acté le chantier des transformations du PCF comme un dossier essentiel quant à notre devenir. J’apprécie positivement ces choix car ce congrès aurait pu être celui des peurs, frilosités et repli identitaire face à la crise et à la difficulté de construire une alternative à gauche ; cela aurait été mortifère. Après les départs du PCF que nous venons de vivre, je veux voir ici un signe d’encouragement pour tous les communistes qui se sont engagés pour le renouveau du communisme politique.

Jacky Hénin : Que retenir de ce congrès si ce n’est le refus de la direction de procéder à un bilan objectif de ce que le front de gauche a amené. Une direction qui par ailleurs a entendu un certain nombre de remarques faites par des congressistes, par moi-même, mais qui ne les a pas entendues. Faire l’autruche n’a jamais permis de régler quelque problème que ce soit. Par ailleurs, nous avons pu constater que la stratégie du verrou fonctionne toujours. Verrou pour l’élection de la direction, verrou pour l’intégration de membres représentatifs au sein du Conseil National (demande du département du Cher). Il m’apparait important de continuer à revendiquer un mode de fonctionnement plus démocratique.

G2G : Le Front de Gauche est apparu au centre des débats et des tensions. Selon vous, que va-t-il devenir ?

Marie-Pierre Vieu : Bien sûr que la question du Front de gauche a été la plus discutée parce qu’elle est à la fois la plus neuve et celle qui induit le plus de bouleversements pour notre Parti. Ce front constitue une démarche inédite à gauche. Elle n’hypothèque pas son rassemblement, social-démocratie inclue (nous ne sommes pas dans une petit gauche), mais vise à faire bouger toute la gauche par l’émergence d’un rassemblement et d’une force constituée autour de l’exigence d’en finir avec la logique de moindre mal et d’aménagement social et humain du libéralisme. Ce front entend discuter la bataille de l’hégémonie sur le plan politique, social, culturel et idéologique… en d’autre terme il vise à réinventer une gauche. C’est une formidable visée ! Dans cette construction, notre Parti y tient une place essentielle, mais dans un rapport identité/rassemblement populaire qui ne confère non plus aux communistes une posture de domination mais de travail politique pour donner confiance, alimenter les débats, être des garants du développement même de ce front… Parfois les peurs de se fondre dans ce mouvement large, de revivre ici avec le PG une variante des avatars du programme commun existent : on ne pourra les dépasser comme la dynamique politique ainsi construite. Le congrès a a vu plus de deux tiers de ces délégués faire ce choix de poursuivre du Front de gauche ; il s’est passé quelque chose à ce moment là. Je crois que ce peut être le début d’une nouvelle mutation culturelle de notre Parti.

Jacky Hénin : Le Front de Gauche va sans aucun doute se poursuivre. Mais il importe, qu’il s’élargisse au plus vite. En refusant de faire un examen objectif des avancées positives et négatives, la direction se prive de données pouvant permettre de progresser dans la recherche du rassemblement le plus large possible. Ceci risque de déboucher sur un problème majeur dans le cadre de l’élection présidentielle, ou les électeurs qui voudront à tout pris que Nicolas Sarkozy soit battu se rangeront non pas derrière le plus petit rassemblement mais derrière celui qui, leur apparaitra le mieux à même de l’emporter.

G2G : Pierre Laurent a remplacé Marie Georges Buffet, que cela va-t-il changer dans la gestion du PCF ?

Marie Pierre Vieu : Pierre Laurent arrive dans ce contexte que je viens de vous décrire : à lui de stimuler ou pas, ce potentiel de mue profonde des communistes. Le congrès offre un espace pour le faire dans le respect de la légitimité des adhérents. Mais l’équilibre est fragile, il appelle à se mettre immédiatement au travail et surtout ne donne pas le droit à l’erreur. Selon moi, il n’y a pas entre Pierre Laurent et Marie George Buffet des différences d’orientation politique. La seule variante vient du moment politique et également du fait que l’arrivée de Pierre Laurent correspond en plus à un renouvellement générationnel, plus global, de la direction de notre Parti.

Jacky Hénin : Il me semble nécessaire de prendre un peu de temps. Si du point de vue politique Marie Georges Buffet et Pierre Laurent sont sur la même ligne, il faudra lui laisser le temps d’imprimer sa marque personnelle. Pour ce qui me concerne, je ne porte pas à priori de jugement négatif, nous verrons avec le temps. Ce que je souhaite c’est qu’il soit capable d’écouter, d’entendre de diriger. J’espère également, qu’il sera capable de redonner espoir au peuple communiste.

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2) Un 35e congrès du PCF sans surprise…

Difficile de saisir le bilan de ce trente-cinquième congrès communiste, un congrès dit « d’étape », qui s’est déroulé ce week-end à La Défense (92). Un congrès qui s’est avéré sans surprise et sans grandes confrontations, contrairement à ce qui avait été annoncé par une partie des délégués. Pour autant le PCF n’est pas apparu dénué d’ambitions, apparaissant au carrefour de la gauche lors la venue de représentants issues de toutes ses traditions.

Vendredi soir, l’ex-secrétaire nationale a tenu à rejeter toute idée de retraite. “Ce n’est pas une mise au vert” a-t-elle lancé, car “plus les jours passent, plus mes petits-enfants grandissent, et plus j’ai envie de militer et plus je me sens profondément communiste et féministe.” L’ancienne ministre a d’abord remercié l’ensemble de la gauche venue la saluer, avant de rappeler longuement le combat des travailleurs sans-papiers, et de lancer un appel à la poursuite du Front de Gauche, une orientation qui devait être remise en question lors de ce congrès.

Pourtant, les débats sur les deux résolutions du congrès - la première sur l’orientation politique et la seconde sur la transformation du PCF - se sont avérées moins piquants qu’annoncés par certains. Les interventions, souvent sans grande passion, n’ont pas franchement permis un débat de fond sur la stratégie à adopter pour le Parti Communiste. Quelques tentatives de remise en question tout de même, avec notamment une intervention virulente du député du Rhône André Gérin, une résolution alternative rejetée à une large majorité, et une candidature initié par le député européen Jacky Hénin. Candidature soutenue par les réseaux “orthodoxes” du PCF, qui sont apparus lors de ce congrès comme la seule opposition à la ligne majoritaire du parti. Pour cause l’absence ressentie de militants unitaires, dont les trois quarts des représentants au Conseil National ont démissionné à l’occasion du départ collectif organisé par Patrick Braouezec. À noter tout de même une intervention du député auvergnat André Chassaigne, porteur d’un élargissement du Front de Gauche, largement applaudi par l’assistance.

Au final, le nouveau secrétaire national a confirmé sa prise de fonction avec plus de 80 % des voix. En dépit des 96 bulletins nuls recensés, Pierre Laurent, ancien rédacteur en chef de l’Humanité, va donc devoir renforcer sa légitimité notamment vis à vis de ses partenaires. Jean-Luc Mélenchon, qui disait apprécié “l’humanité” de son homologue, devra s’adapter à la compagnie du nouveau premier dirigeant communiste. La situation s’avère d’ores et déjà délicate, comme on a pu le constater à l’occasion d’une photo de la famille de la gauche venue saluer Mme Buffet. “Ca m’a paru être la photo du futur gouvernement”, a expliqué Mme Laguiller qui a refusé de s’y associer, tout comme Olivier Besancenot.


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