Le 29 septembre dans toute l’Europe, les salariés se feront entendre

lundi 16 août 2010.
 

Par Stéphane Tassel, Secrétaire général du SNESUP-FSU, et Marc Delepouve, Coresponsable du secteur international du SNESUP-FSU.

Pourquoi sommes-nous tous concernés par l’appel de la CES à se mobiliser ?

La Confédération européenne des syndicats (CES) organise une journée européenne d’action le 29 septembre 2010, alors que se tiendra le Conseil européen des affaires économiques et financières. Cette journée fait suite à la mobilisation de la mi-mai 2009 où environ 200 000 personnes ont manifesté simultanément à Berlin, Bruxelles, Madrid et Prague, en quatre euro-manifs. Dans le contexte de la crise et de la multiplication des plans d’austérité en Europe, il s’agit cette fois d’une mobilisation dont la forme est inédite  : une euro-manifestation en un lieu central, Bruxelles, appuyée par des manifestations et arrêts de travail dans tous les pays de l’Union européenne. Ce cadre posé par la CES offre enfin la possibilité de mobiliser le plus grand nombre. Cette journée s’inscrit dans le développement de la contestation sociale en Europe, avec en ce début d’été des grèves générales ou interprofessionnelles et des manifestations en France le 24 juin, en Espagne et en Italie le 25, et en Grèce le 29. Il devrait connaître un rebond en septembre. Sa réussite reposera sur la mobilisation des syndicats nationaux et sur la volonté des salariés européens de se faire entendre, ensemble dans toute l’Europe.

Avec la CES, le 29 septembre sera l’occasion  :

- d’appeler à mettre un terme aux mesures antisociales frappant les retraites, les salaires, les services publics… des mesures qui, présentées comme des réponses à la crise des finances publiques, risquent d’aggraver la situation économique et d’enclencher une crise sociale et politique majeure en Europe.

- et, à l’opposé, d’appeler à des mesures fiscales européennes portant notamment sur la finance (dont une taxation des transactions financières), les dividendes et les hauts revenus, ainsi qu’à un autre rôle de la Banque centrale européenne et de la Banque d’investissement. Plus généralement, il s’agira d’exiger de l’Union européenne des décisions à l’encontre de la spéculation et une politique économique et industrielle impulsée à ce niveau et visant des objectifs sociaux et environnementaux.

Les positions de la CES, qui regroupe 
82 confédérations syndicales issues de 36 pays européens, résultent d’équilibres et de compromis entre des organisations diverses  : elles ne peuvent donc être l’alpha et l’oméga des mouvements sociaux européens.

On doit ainsi regretter, et critiquer, dans les prises de position de la CES, un manque d’analyses et de propositions alternatives à l’encontre de la politique très active de l’Union européenne en faveur du libre-échange international et de la marchandisation généralisés, cause d’une hyperconcurrence entre l’Europe et les autres régions du monde et moteur de la mondialisation néolibérale.

Aussi, le titre de l’appel à la journée d’action du 29 septembre « Non aux coupes sombres, oui à plus de croissance » ne satisfait pas nombre de mouvements. Mais ceux-ci trouveront pendant les manifestations du 29 septembre, à travers la diffusion de leurs slogans, de leurs analyses et de leurs propositions, l’occasion de se démarquer d’un appel à la croissance qui n’interroge pas le contenu de celle-ci. En vérité, la position de la CES à l’égard de l’environnement n’est pas aussi caricaturale que pourrait le laisser entendre le mot d’ordre « Non aux coupes sombres, oui à plus de croissance ». La CES se démarque d’un laxisme de l’Union européenne à l’égard des défis environnementaux  ; ainsi, les 9 et 10 mars dernier, son conseil exécutif a appelé à injecter, au cours des trois prochaines années, « 1% du PIB dans des projets d’investissements européens majeurs pour le déploiement des infrastructures et des réseaux nécessaires à l’“écologisation de l’économie” ».

Les gouvernements des pays de l’Union 
européenne, ensemble, s’appuient sur la crise que leurs politiques ont contribué à provoquer pour accélérer le processus de destruction des droits sociaux et de précarisation de la vie des travailleurs. Syndiqués d’une confédération membre de la CES ou non, nous sommes tous concernés par la mobilisation du 29 septembre pour une Europe « qui remette la finance à sa place et devienne un projet collectif au service de toutes et de tous ».


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