Les socialistes se mélenchonisent. L’Autre Gauche est dans l’air du temps

lundi 12 juillet 2010.
 

Il y a maintenant bon temps que je montre, avec mes amis du Parti de gauche, comment la crise d’abord financière et lointaine, née dans les superstructures compliquées de la haute finance se propagera jusqu’au sol de la politique quotidienne. Tout est ébranlé ; tout tombera. Je vois bien que cette prise de conscience atteint l’état major socialiste. Ses réactions sont certes très opportunistes et assez outrées si l’on tient compte de ce qu’il disait il y a encore si peu de temps. Elles sont cependant elles mêmes un bon accélérateur de la décomposition politique en contribuant à dessiner une toile de fond qui délégitime le pouvoir. La semaine passée, c’est Jean-Christophe Cambadélis qui expliquait son mot d’ordre : « démission du gouvernement ». Un écho bien calculé au thème récurrent de ce blog « qu’il s’en aillent tous ». Puis ce fut Martine Aubry qui disserta sur la nécessité d’une « révolution démocratique », réplique de notre propre mot d’ordre, importation directe d’Amérique latine. Peu m’importe qu’elle ait prononcé ces mots devant l’assemblée squelettique des délégués de la Convention nationale du PS montrant le visage d’un parti en pleine dilution au moment même où il traite de sa rénovation pour la quatrième fois en sept ans.

C’était déjà beaucoup en une semaine. Mais après l’intervention de Ségolène Royal à TF1, un nouveau record de radicalité verbale a été atteint. J’ai donc ironisé sur le fait que les socialistes se « mélenchonisent ». Le premier amusement pour moi est d’utiliser mon propre nom à la mode des gens de droite qui en ont fait un brevet d’excès à gauche. Pour eux, bien sûr il s’agit de nommer une pente tellement excessive qu’on peut s’en moquer en la réduisant à un travers individuel. Mais au-delà de la plaisanterie, facile j’en conviens, je veux signaler un procédé. C’est celui qui consiste pour les socialistes à s’approprier la musique et même, pour une part, les paroles d’une tonalité qui est « dans l’air du temps », dorénavant ! D’aucuns s’en inquiètent et crient au plagiat ! Pas moi. Tout au contraire. J’ai dit, en réponse à une question qui m’était posée par un média, que je préférais « voir Martine Aubry se mélenchoniser plutôt que se strausskaniser ». Je confirme ! Mes raisons sont construites. Je veux les exposer.

Aujourd’hui nous sommes « dans l’air du temps », nous, « l’autre gauche », nos thèmes, notre manière de parler et de proposer. Pour notre part, au Parti de Gauche, loin de nous effrayer de cela, comme c’est parfois une maladie pour les minoritaires dans l’âme qui pullulent dans notre famille politique, nous faisons tout ce qui est possible pour amplifier cet effet. Le but, c’est de construire une hégémonie culturelle, pas de collecter des droits d’auteurs sur les idées. Ce que nous visons, c’est un résultat collectif, pas une ostentation particulière. A nos amis les mieux placés auprès de ceux qui ont la parole, notre conseil est toujours le même : faites les parler avec nos mots ! Inutile de leur signaler l’origine. De cette façon, un espace de parole se construit, bien plus large que notre propre rayon d’action. Peu importe. Nous en resterons les maîtres. Car c’est la grammaire qui commande l’usage des mots. Qui veut l’un avale l’autre avec ! Nous faisons un des paris du philosophe Pascal : mets-les à genoux, ils finiront par croire. En version laïque, ça donne « fait les parler avec tes mots, ils finiront par te chanter ». A l’inverse, nous savons d’expérience que le « Je vous l’avais bien dit » ne mène nulle part et d’ailleurs fonctionne finalement le plus souvent comme baume égotique.


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