2007 : le PCF ne veut pas céder au veto de ses partenaires antilibéraux

samedi 18 novembre 2006.
 

Article de Sylvia Zappi, paru dans Le Monde , édition du 16 novembre 2006

La direction du Parti communiste français (PCF) a justifié, lors de son conseil national, mercredi 15 novembre, son insistance à "proposer" Marie-George Buffet comme candidate unitaire de la gauche antilibérale en 2007.

Alors que cette candidature fait l’unanimité de ses partenaires contre elle, la numéro un du PCF veut continuer à croire qu’elle peut gagner la primaire contre José Bové, Clémentine Autain, Yves Salesse et Patrick Braouezec, les quatre autres postulants. L’heure a donc été au durcissement du discours.

Voilà des mois que la direction communiste s’est investie dans un rassemblement de forces qui, jusqu’à la campagne contre le traité constitutionnel, s’ignoraient. C’est un parti fort de ses 134 000 adhérents revendiqués et de ses 10 000 élus qui s’est frotté à des cultures de militants Verts, alternatifs, trotskistes ou altermondialistes, mettant ses moyens financiers et humains au pot commun.

Pour les proches de Mme Buffet, celle-ci doit "naturellement" devenir la candidate de la gauche antilibérale en 2007. Parce qu’elle est "la candidate la plus crédible pour porter le rassemblement le plus large", comme l’a répété Françoise Decan, de l’exécutif, dans son rapport au conseil national. Et parce qu’elle a 96,43 % des communistes derrière elle après la consultation organisée au sein du parti les 10 et 11 novembre, donc un "parti rassemblé et mobilisé au service du rassemblement". Mais, la réalité est apparue toute différente.

Mardi 14 novembre, lors d’une réunion du collectif national qui anime la campagne, les partenaires du PCF ont expliqué que l’option Buffet n’était pas la leur. Tant la minorité de la LCR que les militants de la gauche des Verts, ceux d’Alternative citoyenne, les proches de José Bové ou les Alternatifs, ont été unanimes : une candidature incarnée par la secrétaire nationale du PCF et choisie par les militants de son parti, serait définitivement estampillée communiste aux yeux du public.

Yves Salesse et Claude Debons, animateurs de la campagne, étaient sur la même ligne. La douche a été sévère pour les trois représentants du PCF. D’autant que les objections quant à une candidature de Mme Buffet trouvent un écho certain dans les collectifs de base.

Les proches de la secrétaire nationale ont réagi en mettant en cause la représentativité du collectif national, qui ne serait qu’une addition de petites forces pesant peu dans les collectifs. "Le débat n’est pas avec ou sans Marie-George, sinon c’est un ultimatum !, s’est emporté Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. Le choix commun doit s’exprimer par une majorité dans les collectifs."

Ces derniers doivent en effet faire connaître leur préférence début décembre. Leurs délégués se retrouveront les 9 et 10 décembre pour un choix censé être définitif. Mais, entre-temps, tous les partenaires sont invités à trouver un accord sur le nom du candidat. Cette décision en deux temps, appelée "double consensus" - un dans les collectifs et un entre forces politiques - fait craindre au PCF une nouvelle offensive contre Mme Buffet.

"La décision des collectifs doit être respectée", a martelé la place du Colonel-Fabien, mercredi, certaine de l’emporter par le nombre de militants investis. Les anciens opposants de Mme Buffet, partisans de Robert Hue et "orthodoxes", étaient à l’unisson. "Il n’y a pas d’alternative à la candidature de Marie-George", a insisté Nicolas Marchand.

Les rénovateurs se sont, eux, inquiété d’un tel durcissement : "Nous avons une place particulière mais elle n’est pas de droit. Vouloir imposer notre proposition serait mortifère", a rétorqué Pierre Zarka. Quelques secrétaires fédéraux de la majorité ont tenté de dire la difficulté à défendre leur leader. Rien n’y a fait.

"Nous, on n’a pas peur des collectifs", a lancé Mme Buffet, enjoignant ses camarades à continuer la bataille. Et Olivier Dartigolles de prévenir que si "nous devons nous engager à ce que personne ne quitte le rassemblement" - allusion aux menaces de départ de José Bové en cas de "pseudo-candidature unitaire" -, "le parti ne lâchera pas sur cette question de démocratie".

Les cadres du PCF ont prévu de se revoir les 15 et 16 décembre, soit quelques jours après le vote des collectifs. Sylvia Zappi


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