Sarkozy Acte II (éditorial national du Parti de gauche)

vendredi 9 juillet 2010.
 

Si ce quinquennat était une pièce de théâtre, mi-grotesque mi-tragique, l’affaire Bettencourt serait son acte II. Acte I ? Le Fouquet’s. L’Acte III sera-t-il de goudron et de plumes ? On peut l’imaginer tant cette affaire frappe le pouvoir en plein cœur. Pas seulement par les accusations de financement illégal contre le président de la République. Mais aussi parce qu’elle tourne en débâcle la bataille culturelle centrale du sarkozysme. Sarkozy s’était en effet juré dès son élection fêtée au Fouquet’s de réhabiliter les riches. Je les aime et je veux les faire aimer aux Français disait-il.

En vrai, ce n’était pas une histoire d’amour mais d’argent. Il lui fallait rendre acceptable le bouclier fiscal ou le double salaire de Proglio. A droite, il a vite gagné la partie. De nouveaux chefs ont été promus, qui ne sortent plus de l’ENA mais des cabinets des avocats d’affaires. Restait le plus dur : convaincre le peuple.

Or la France n’est pas les Etats-Unis que Sarkozy tient pour modèle. Là-bas il est bien vu qu’un président fréquente des milliardaires et choisisse ses ministres dans les milieux financiers ou industriels dominants. L’argent qu’a touché Obama de Wall Street à la veille de la crise des subprimes n’a pas choqué. Mais la France est le pays de l’abrogation des privilèges. La richesse n’y est pas vue comme illégitime sauf si elle rompt l’égalité des citoyens. Ajoutez à ce vieux fond la crise qui montre que des actionnaires irresponsables parviennent à fixer la politique des gouvernements et à faire payer le peuple à travers eux. Les relations étroites entretenues entre le pouvoir et l’argent, spectaculairement revendiquées dès 2007 au Fouquet’s ou sur le yacht Bolloré, sont donc devenues intolérables.

Dès lors la rentrée politique du gouvernement est menacée. Quelle sera la crédibilité de Woerth lorsqu’il chantera les soi disant efforts partagés de la réforme des retraites ? Et de Sarkozy quand il défendra son plan d’austérité qui taille dans les dépenses publiques sans jamais solliciter la richesse privée ? Or ils se sont mis eux-mêmes dans une seringue en alimentant l’inquiétude sur les déficits et en déclarant que les agences de notation étaient les meilleurs juges de la politique des Nations. Les échéances de refinancement de la dette ne seront pas repoussées ! Les riches sont des maîtres cruels pour ceux qui acceptent de les servir.


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