Floride : le capitalisme c’est l’insécurité de vie, l’insécurité sociale et l’insécurité environnementale

vendredi 16 juillet 2010.
 

Loin des tambours médiatiques, les côtes de la Louisiane sont contaminées par du pétrole, maculées de sa noire souillure, exterminant la flore marine et la faune, détruisant les activités humaines. Un désastre écologique mondial se joue donc dans le golfe du Mexique depuis le 20 avril dernier.

Onze ouvriers ont été tués sur cette plate-forme pétrolière « Deepwater Horizon » du nom de la filiale de BP chargée de ce forage. Personne n’en parle ! Des milliers d’autres, salariés, pêcheurs, travailleurs du littoral, perdent tout, de leur travail à leur paysage. La nature, la mer, les hommes sont victimes du système de l’argent-roi qui fait économiser sur la sécurité au détriment de l’environnement et des êtres humains, pour augmenter sans cesse les profits et le stock de dividendes à distribuer à des actionnaires jamais rassasiés.

Voilà d’où vient la catastrophe qui détruit l’écosystème du golfe du Mexique, peut-être pour plusieurs siècles. Après cela, les tenants du capitalisme et tous leurs affidés peuvent continuer à parler, sans être contredits, d’écologie lors de sommets où… rien ne se décide. D’ailleurs, à la dernière réunion du G20, le sujet de l’environnement n’a même pas été abordé.

Mais revenons au crime de BP. Cette multinationale du pétrole sous-traite ses activités à 290 filiales, qui vivent à l’abri de toute loi commune des hommes, camouflant leurs activités, leurs compte, jusqu’aux noms de leurs dirigeants. BP a loué l’une de ses entreprises « Deepwater Horizon » à une autre « Transocean », une société américaine basée en Suisse, pour un million de dollars par jour jusqu’en 2013. Pendant que l’emploi, le littoral et les pélicans bruns agonisent, « Transocean » a versé un milliard de dollars de dividendes à ses actionnaires. C’est pour nourrir cette monstrueuse voracité qu’il fallait aller vite et décider d’ignorer délibérément toute procédure de sécurité.

De surveillance, il n’y en a pas pour de telles plateformes pétrolières parce que la législation américaine sur ce type d’équipements a été écrite par ces sociétés elles-mêmes, au sein de l’Institut américain du pétrole où siègent les représentants des entreprises pétrolières et gazières. La loi, qu’ils se sont ainsi fait pour eux, a été promulguée par l’administration Bush en janvier 2001. Toujours plus fort dans ce système capitaliste si imaginatif pour les intérêts de la classe possédante, cette plate-forme pétrolière est déclarée sous pavillon de complaisance dans un petit archipel baptisé « République des Iles Marshall », au milieu de l’océan Pacifique. Centre financier offshore, elle est aussi un paradis fiscal.

Comment ceux qui discourent à perte de vue depuis des mois sur la « régulation », voire la « moralisation » du capitalisme ne s’en sont-ils pas aperçus ? En vérité ils le cachent aux peuples qui ne peuvent qu’être révoltés par les mécanismes mortifères de ce système. Mais ajoutons-y une donnée supplémentaire. Il se trouve que depuis plusieurs années, des fonds de pensions anglo-saxons pour les retraites plaçaient leur argent sur l’achat d’actions BP, qui distribuait près de 8,5 milliards d’euros de dividendes chaque année. Ainsi, une part non négligeable des retraites par capitalisation était garantie par BP. Et les dividendes augmentaient d’autant plus que cette firme pressurait le travail vivant comme le travail mort, c’est-à-dire, les équipements et les dépenses de prévention dans la sécurité.

Aujourd’hui l’action de BP chute vertigineusement. Des retraités, mais surtout des salariés de tout le Royaume-Uni voient fondre, jour après jour, le niveau espéré de leur retraite. La retraite par capitalisation est donc le contraire de la sécurité. Et dire qu’ici, Mme Parisot, des sphères du gouvernement et des journaux prônent ce type de système au détriment de la retraite par répartition, qui permet le partage et la solidarité entre métiers, entre générations !

C’est cela qui se cache derrière l’actuelle contre réforme réactionnaire des retraites que le peuple uni et solidaire peut mettre en échec. La multinationale BP et le système capitaliste qui la sert, polluent, tuent, détruisent pour longtemps les écosystèmes, pressurent les salaires et menacent les retraites des travailleurs. Quand la justice des hommes sera-t-elle autorisée à ouvrir un tribunal pour juger ce crime contre l’humanité ?

Décidément, le capitalisme c’est l’insécurité de vie, l’insécurité sociale et l’insécurité environnementale. L’heure est bien à l’invention ensemble d’un nouveau système post-capitaliste, plaçant l’être humain et la nature en son cœur, la sécurité de vie et la sécurité environnementale.

Patrick Le Hyaric


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