26 avril 1986 à 1h24 Fusion du coeur de la centrale de Tchernobyl

mardi 26 avril 2011.
 

Ukraine, Tchernobyl, samedi 26 avril 1986 à 1h24. Au cours de la vérification d’un système de sécurité du réacteur n°4 de la centrale de Tchernobyl, une série d’erreurs sont commises par les techniciens, qui entraînent la fusion du cœur. La pression de la vapeur fait sauter le couvercle du réacteur, laissant échapper un nuage radioactif. Les émissions radioactives du réacteur en feu atteignent 10 milliards de curies, soit 200 fois les radiations produites par les bombes larguées sur Hiroshima ou Nagasaki.

Les radionucléides se répandent sur une zone très étendue, touchant principalement la Biélorussie, l’Ukraine et la Russie, mais également treize pays européens, ainsi que l’ensemble de l’hémisphère Nord. Les deux principaux radio-éléments en cause sont l’iode 131, à durée de vie courte et qui se fixe sur la glande thyroïde, et le césium 137, qui ne perd que 50% de sa radioactivité en 30 ans. De nombreux autres éléments ont été relâchés en quantités non négligeables, dont la période radioactive est pour certains encore beaucoup plus longue.

Par ailleurs, dans la nuit de ce 26 avril 1986 et durant les mois qui suivent, plus de 800 000 hommes, surnommés les « liquidateurs », sont envoyés au pied du réacteur sinistré pour éteindre le graphite qui a pris feu dans le réacteur et bâtir, tant bien que mal, un sarcophage de béton et de ferrailles pour ensevelir le reste des installations.

Outre la zone d’exclusion de 30 kilomètres autour de la centrale, totalement interdite d’accès, pas moins de 55 000 km² (soit l’équivalent de l’Île de France et la région Rhône-Alpes réunies) sont contaminés au césium 137 en Ukraine. 4,8 % d’un territoire sur les-quels vivent environ 2 millions de personnes.

La Biélorussie voisine, pays qui encaisse 70% des retombées radioactives sur un quart de son territoire, est de loin le plus affecté. L’ONU estime que 20% de la population, dont 500 000 enfants (tristement connus sous le nom d’« Enfants de Tchernobyl »), 20% des terres cultivables et 23% des forêts biélorusses sont contaminées. Les Nations Unies chiffrent par ailleurs le dommage infligé à l’économie biélorusse depuis 30 ans à 230 milliards de dollars (« The United Nations and Chernobyl »).

Dans les mois qui suivent la catastrophe, le nuage radioactif effectue au moins 2 fois le tour de la Terre, une grande partie des radionucléides retombant en dehors de l’ex-URSS.

Tchernobyl en chiffres

Selon l’ambassade d’Ukraine à Paris, en 2005 : 3, 5 millions d’habitants, dont 1,3 millions d’enfants ont été irradiés par l’accident de Tchernobyl

169 999 Ukrainiens ont été évacués et 89,85% d’entre eux sont malades. Parmi ceux qui vivent encore dans les zones contaminées, 84,7% sont malades. Le suivi médical montre que la proportion des malades augmente année après année.

En 2004, 94,2% des liquidateurs étaient malades. L’Ukraine dénombre 2 646 106 citoyens ukrainiens victimes de l’accident.

En 2010 l’Académie des sciences de New York consacre un dossier aux effets sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl. Les conclusions sont effrayantes : près d’un million de morts à Tchernobyl [voir ci-dessous]

Près d’un million de morts à Tchernobyl

L’Académie des sciences de New York a consacré un numéro de 345 pages de ses annales à la catastrophe de Tchernobyl. Les effets sanitaires sont effrayants : 985 000 décès suite à la catastrophe de Tchernobyl. Cet ouvrage publié en 2010 est le plus complet panorama critique des publications médicales et biologiques consacrées aux conséquences de la catastrophe de Tchernobyl pour les habitants et pour la nature dans les territoires contaminés par les retombées radioactives (principalement au Bélarus, en Ukraine et en Russie).

Chernobyl : consequences of the Catastrophe for People and the Environment (Présentation et résumé (en français)

En septembre 2005, un colloque de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait abouti à un chiffre extravagant démontrant la mainmise du lobby nucléaire : il n’y aurait eu que 4000 morts liés à la catastrophe de Tchernobyl. Une position qui avait été dénoncée comme « négationniste » par les associations de défense de l’environnement. Vu le tollé, l’OMS avait ensuite quadruplé ces estimations, sans fournir d’explication à ce sujet. Le chiffre « officiel » est donc aujourd’hui de 16 000 décès.

Bien loin des chiffres réels, les travaux sur le terrain menés en Ukraine – lieu de la catastrophe–, en Biélorussie et en Russie – pays qui ont subi de plein fouet le retombées radioactives – donnent des chiffres beaucoup plus élevés : 985 000 vies perdues.

Si l’on considère uniquement les liquidateurs, cette « chair à neutrons » utilisée pour déblayer les décombres de la centrale, on compte d’ores et déjà près des 125 000 morts (sur les 830 000 personnes mobilisées).

Jusqu’à présent, ces travaux, notamment ceux du professeur Youri Bandajevski et du professeur Vassili Nesterenko (décédé en 2008) ont été disqualifiés par les experts occidentaux prompts à mettre en doute toute recherche n’émanant pas du cénacle des grandes universités.

Cela sera un peu plus difficile à l’avenir : l’Académie des sciences de New York a consacré au début de l’année 2010 un volume de ses annales à cette problématique. Une validation ou, du moins, une entrée dans le champ scientifique occidental de ces années de recherches.

Les effets sanitaires observés sur le terrain sont encore mal connus. L’ouvrage met en évidence toute une série de pathologies liées à la radioactivité et guère documenté dans la littérature officielle.

L’ouvrage est volumineux et très technique. Ce sont près de 5000 articles et recherches qui ont été condensés et, surtout, traduits en anglais, langue de communication scientifique par excellence. Le matériau est fort riche. Les auteurs ont notamment eu accès à des données encore classifiées il y a quelques années. Introduites dans certains modèles épidémiologiques reconnus, ces chiffres obligent à reconsidérer l’ampleur de la catastrophe.

Ils mettent en évidence l’ampleur des retombées radioactives : 10 milliards de curies (soit 200 fois plus qu’initialement prévu et 100 fois plus que les retombées générées par les bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki). Entre 1986 et 2004, ce sont ainsi près d’un million de personnes qui ont perdu la vie de par le monde.

Dans la région fortement irradiée – Biélorussie, Ukraine et Russie –, le taux de certains cancers a progressé de 40%. Mais l’ouvrage évoque aussi les retombées mesurées en Europe du Nord, en Amérique du Nord ou en Afrique : la radioactivité de Tchernobyl peut être mesurée dans les sédiments du Nil. Et elle est là pour des durées d’ordre géologique (de 20 000 à 200 000 ans).

La référence du livre :

Alexey V. Yablokov, Vassily B. Nesterenko et Alexey V. Nesterenko, consulting editor Janette D. Sherman-Nevinger, « Chernobyl. Consequences of the catastrophe for people and the environnement », Annals of the New York Academy Of science, Volume 1181.

* Pour voir un résumé du livre :

http://www.chernobyl-day.org/articl...


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