Tunisie Mouvement local insurrectionnel et répression dans la région de Ben Gardane

lundi 23 août 2010.
 

5) La population de Ben Gardane arrache la réouverture du point de passage et procède à l’inventaire des pertes

Le comité local de suivi rend visite aux personnes lésées et suit le dossier des détenus

Au cours de la crise, s’est constitué le « Comité local de suivi des événements de Ben Gardane », qui agit en coordination avec l’Union Locale du Travail de Ben Gardane et s’est donné pour tâche le suivi du dossier des détenus et la médiatisation des événements. Il est constitué de syndicalistes : Houssine Bettaïeb, Dhiab Zaghdoud, Abdelmonaem Romma, Ammar M’hamdi, Lotfi Jari et Mohammed Zouari.

Ce comité s’est mis au travail jeudi matin et a rendu visite aux familles des détenus et dressé une première liste de noms des personnes non libérées : Adel Ben Amor Thabet, Béchir Ben Mohammed Chaouat, Abdelwahab Chaouat, Taoufik Ben Mabrouk Zaghdoud, Mohammed Ben Abdallah Jarmoud, Ali Ben Tahar Saïdi, Dhaou Ben Ali Chine, Ferhat Ben Amor Benkaïed et Moncef Ben Houssine Benkaïed. Le comité a fait le constat des dégâts dans les commerces de Zekra et a dialogué avec la population.

Une délégation ministérielle tunisienne en Libye pour discuter de la crise

D’après l’agence Reuters, jeudi 19 mars, une délégation tunisienne se serait rendue à Tripoli, composée du ministre de l’Intérieur, du ministre des Affaires Etrangères et du ministre du Commerce, ainsi que du directeur général des Douanes. De source locale, on affirme qu’Iyadh Ouederni, membre du bureau politique du parti au pouvoir et le ministre directeur du bureau présidentiel faisaient partie de la délégation […]

Une nuit sans forces de l’ordre à Zekra

Des heurts et des violations à Debdaba et Jalal

Des sources ont affirmé à Assabilonline que les jeunes en colère avaient complètement bloqué la route de Ras Jdir dans la nuit du jeudi au vendredi à Zekra, en l’absence des forces de police que l’on n’a pas vues et qui ne sont pas intervenues pour disperser les manifestants et lever les barricades. Mais à Debdaba, au sud de Ben Gardane, il y a eu des affrontements non loin du poste de la Sureté.

A Jelal, les affrontements ont été intenses, avec usage par les forces de police des gaz pour disperser les manifestants, et effraction et destruction des vitrines des commerces, comme le magasin « Helal » (produits alimentaires) et le café Elachi, le magasin de tapis Dhifallah. Des domiciles proches de la route ont été endommagés car les agents les ont visés avec des pierres […]

Fête avant l’aube

Avant l’aube du 20 août, la nouvelle non confirmée est parvenue aux habitants, de la réouverture du point de passage et de la reprise du commerce entre la Tunisie et la Libye. Les rues et les places ont été envahies par des cris et des scènes de joie et de victoire qui ont duré jusqu’au matin. La nouvelle de la libération prochaine des détenus s’est répandue, tandis que les brigades de sécurité venues en renfort quittaient la ville pour les casernes de leurs gouvernorats d’origine.

Une délégation de l’UGTT à Ben Gardane

Vendredi, une délégation syndicale composée de trois membres du bureau exécutif de l’UGTT s’est rendue à Ben Gardane et réunie avec les syndicalistes locaux. Ils se sont rendus dans les quartiers pour constater les dégâts matériels avec la population et ont entendu des témoins de ces douloureux événements ainsi que des violations subies par les gens, leurs biens et leur dignité et ont promis d’intervenir pour solutionner la question des détenus.

Des forces de police avaient sauvagement attaqué dans la nuit du jeudi au vendredi à Jalal, brisé les vitrines des magasins tout le long de la route, en pillant certains et avaient jeté des pierres sur les maisons des particuliers et s’en étaient prises à leurs biens. La localité avait été le théâtre d’affrontements sporadiques entre la population et ces forces, mais le calme y est revenu, la route est vide et obstruée par les barricades, mais vidée de la police et de ses véhicules.

La population attend avec une impatience croissante les prochaines heures qui devraient voir l’application de la décision de la réouverture du point de passage de Ras Jdir, suite aux sacrifices qu’elle a consentis.

21-08-2010

Assabilonline, Ben Gardane (Tunisie), Reportage spécial

* Traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT.

4) Car de police incendié et extension du mouvement de Ben Gardane dans le Su Tunisien

Grave escalade dans les événements de Ben Gardane suite aux atermoiements du pouvoir quant à la réalisation de ses promesses de règlement de la crise : Les manifestants ont mis le feu dans la région de Zekra dans la nuit du 18 août 2010 à un car des forces de police. Il a été complètement incendié. Cela s’est passé non loin de la société Dbouba de produits alimentaires. Puis les heurts ont repris de plus belle entre manifestants et éléments des forces anti émeutes qui étaient à bord d’une vingtaine de véhicules au bas mot et ont fait usage de gaz lacrymogènes. La fumée a recouvert une large zone et atteint de nombreux citoyens alors dans leurs domiciles, occasionnant de nombreux cas de suffocation.

Des sources ont affirmé à Assabilonline qu’une dizaine d’éléments de la police avaient été atteints et transportés à l’hôpital pour des blessures ou des fractures […] La police a arrêté le propriétaire de la société de produits alimentaires, Mehdi Dbouba, après lui avoir fait subir des violences.

Nos sources nous ont indiqué que les forces de sécurité, dans un état d’hystérie vengeresse, ont cassé les portes des magasins en bordure de la route principale, pillant et brisant les vitrines de façon systématique sur un kilomètre, une boutique après l’autre.

Le syndicat général de l’enseignement secondaire a dit que le traitement des autorités de l’affaire de Ben Gardane était la répétition de la tragédie de Redeyef et le syndicat a exigé par un communiqué le 18 août l’arrêt du traitement sécuritaire du dossier, la levée du blocus sécuritaire imposé aux habitants, la libération des personnes arrêtées. Il a appelé à la mise en œuvre d’une réflexion centrée sur le développement pour combattre la pauvreté, le chômage et la création de postes de travail dans la région.

Pour la cinquième nuit d’affilée, le soulèvement de Ben Gardane se poursuit et gagne de nouvelles localités

A l’instar des précédentes, la nuit du 17 au 18 août a vu des rassemblements de jeunes protestant dans toutes les localités comme celle de Zekra, Jelal et la cité Nahdha où les manifestants ont bloqué la route, mis le feu et réclamé haut et fort l’ouverture du point de passage ou une solution à la crise. Comme à chaque fois, les forces de police sont intervenues en nombre pour les disperser et les heurts n’ont pas tardé. Les plus violents ont eu lieu à Zekra, près de Babor Nefkha, puis entre la poste et la vieille mosquée. Des deux côtés on a fait usage de pierres et les forces anti émeutes ont eu recours à des grenades à gaz pour disperser les manifestants et briser le blocus d’une voiture de la sûreté dont une des roues était cassée et dont l’un des occupants était à la merci de la vengeance des manifestants.

Un témoin oculaire a affirmé à Assabilonline que les forces de police avaient été contraintes de battre en retrait vers Ben Gardane en tirant faisant usage de grenades à gaz, mais le convoi avait brusquement stoppé car le véhicule endommagé était tombé en panne. Des véhicules venus des quatre régions ont pris position autour de façon défensive, lorsque les manifestants se sont rapprochés, des agents ont été chargés d’assurer sa protection et les autres se sont affrontés à la jeunesse en colère au cours d’échauffourées intenses au cours desquelles il y a eu des mises à feu, de la fumée venant des tirs de grenades à gaz, intoxiquant les populations vivant à proximité du lieu des affrontements. Au bout d’une heure d’affrontements sanglants les agents ont trouvé un câble pour remorquer le véhicule en panne. Les manifestants ont reconquis la route vide qu’ils n’ont quittée qu’à l’aube.

Au même moment avait lieu un autre affrontement à Houmet Chouata à un kilomètre et demi environ de là en direction de Ben Gardane. Le trafic y a repris progressivement après la prière de l’aube lorsque les forces de police ont laissé place aux voitures libyennes […]

Dans la région de Jalal, il y a eu de nombreuses échauffourées, intermittentes, tout au long de la nuit, mais les forces de police n’ont pas pénétré dans les quartiers et les heurs ont surtout eu lieu à l’extérieur.

La zone des affrontements s’est étendue à la localité d’Amiriyya au sud de Ben Gardane, qui a été le théâtre de manifestations de jeunes qui ont bloqué le passage, érigé des barricades sur la route et mis le feu à des pneus. Les affrontements avec la police se sont poursuivis jusqu’à l’aube et il y a eu des blessés des deux côtés.

Cette escalade est un indice de l’aggravation de la crise et de la colère qui s’est emparée des populations après les agressions qui les ont visées, elles, leurs biens tout comme leur dignité, perpétrées par les forces de police qui se sont livrées aux pillages, à la destruction et aux vols.

Une source a affirmé à Assabilonline qu’une « famille influente proche du pouvoir et connue pour sa collaboration à l’importation de marchandises en provenance de Chine et autres » était derrière la fermeture du point de passage de Ras Jdir, dans la mesure où ce dernier lui faisait une grande concurrence, et a insisté sur le fait que le mouvement de protestation s’était étendu à d’autres régions du Sud tunisien qui tire profit du commerce avec la Libye […]

19-08-2010

3) Le mouvement de protestation s’étend à Ben Gardane, en dépit de la férocité de la répression et des promesses du pouvoir

Des sources ont affirmé à Assabilonline aujourd’hui, mardi 17 août 2010, que les heurts violents entre les citoyens et les forces de police se poursuivaient à Ben Gardane et que les affrontement s’étaient étendus à d’autres régions ; Les régions de Jamila Elkadima (Zekra) et Jalel ont été le théâtre de manifestations qui se sont étendues aux régions de Houmet Chaouat entre Jamila Elkadima et Jamila Eljadida, à quatre kilomètres et demi du centre de la municipalité en direction de la Libye et sur la route menant à Ras Jdir. Dans l’après midi du 16 août, elles ont concerné aussi les régions de Lourasnia et Chareb Errajel pour la première fois. Nos sources estiment que les affrontements qui ont eu lieu au centre du marché municipal et dans la région de Jalel ont été les plus violents depuis le début du soulèvement des populations de la région.

Alors que les autorités parlent d’un nombre de personnes arrêtées ne dépassant pas quarante personnes, nos sources affirment, elles, que leur nombre dépasse les deux cents. Citons notamment : Mohammed Ben Messaoud Lichiheb, Béchir Chaouat, Abdelwahab Chaouat, Nafti Mahdhi, et la liste serait longue. Abdennacer Ben Mokhtar Lichiheb, Noureddine Lichiheb, Mohammed Mellak et Noureddine Ben Dhaou ont été libérés.

Les forces de police ont procédé à des opérations de ratissage, ont fait des descentes sauvages dans les domiciles dans le but d’arrêter des personnes dont les noms ont été cités, soit par des personnes arrêtées dans les postes sous la torture , soit par des indicateurs. Ces personnes sont arrêtées pour avoir participé aux manifestations, comme Noureddine Ben Baghdadi Lchiheb et Nabil Lchiheb.

Lors de l’interpellation du premier, sa sœur aînée, Houda Lichiheb a été blessée, au moment de l’intrusion violente dans la maison, elle a voulu les empêcher d’y pénétrer car ils n’étaient pas en possession d’un autorisation légale de visite et de perquisition ; Les deux jeunes ont été arrêtés et roués de coups devant leurs proches.

Dans la région de Lourasnia, il y a eu séparation d’une mère et de son fils, la première ayant tenté de s’interposer lors de son arrestation, mais ils ont exhibé un revolver pour la terroriser et l’obliger à renoncer. Les policiers ont utilisé des termes grossiers, des expressions vulgaires, des insultes, et des blasphèmes envers tout le monde, ce qui a eu le don de provoquer les populations.

On a enregistré des blessés graves dans la région de Jalal entre autres et 15 blessés dans les rangs de la police dans la région de Zekra, dont l’un pourrait être sérieusement atteint. L’agent atteint a été vu sur le sol, inanimé et ses collègues l’ont transporté dans leur véhicule.

Des jeunes, dans la partie est de Zekra, ont tenté de s’en prendre au poste de police, distant de neuf kilomètres du centre de la délégation sur la route de Ras Jdir, mais ils n’y sont pas parvenus du fait de la forte présence policière, pas moins de 9 véhicules d’intervention et des véhicules de la garde (Toyota) et cinq motos.

Ce sont les manifestants qui comptent le plus de blessés et lundi 16 est la journée qui a vu l’hospitalisation d’un grand nombre de personnes suite à des fractures et des blessures profondes. Des dizaines de personnes ont été arrêtées et dans la région de Lourasnia entre trente à quarante citoyens ont été blessés et les jeunes en colère ont pu incendier complètement un car de la compagnie de Gafsa et blessé 10 agents.

La région de Zekra a été le second théâtre d’affrontements en ville, caractérisés par l’utilisation de frondes par les forces de police comme lance pierres dans les zones habitées, blessant nombre de citoyens dans leurs domiciles.

Nos sources ont observé aussi que les escadrons de la police pénétraient davantage les zones habitées, et ce, avec plus de violence. Elles ont ainsi incendié des enclos à bétail faisant fi du vieillard qui les suppliait d’éteindre le feu car le bétail était sa source de revenus, au contraire : ils l’ont visé avec des pierres, l’obligeant à s’enfuir. Elles ont presque entièrement détruit un commerce d’essence, le suspectant d’abriter des jeunes. Ce commerce appartient à Ammar Khila. Elles ont dévalisé une société de produits alimentaires appartenant au citoyen Mehdi et fait main basse sur la marchandise sans en payer un millime. […]

Des sources d’Assabilonline ont fait état d’une recrudescence dans plusieurs régions de Ben Gardane :

Un témoin oculaire affirme : A Ben Gardane, chaque nuit s’avère plus violente que la précédente

Un témoin oculaire a affirmé à Assabilonline que « les événements vont crescendo et la colère populaire ne fait qu’augmenter » […] en dépit des tentatives de cadres du Rassemblement d’appeler pendant la journée les parents à faire pression sur leurs enfants et à leur interdire de participer aux mobilisations ; […] des personnalités du Rassemblement ont alors voulu s’adresser la nuit aux manifestants directement, des délégués ou des membres des cellules, pour appeler la jeunesse en colère au calme en leur promettant de chercher des solutions, en coordination avec les diverses brigades de sécurité qui se s’étaient éloignées des lieux de tensions pour faciliter l’apaisement » […]

Mais brutalement la nouvelle de la reprise d’affrontements à l’est de Zekra a interrompu cela et les heurts ont repris et les manifestants sont revenus dans le quartier de la poste et de la vieille mosquée à minuit. Ils ont bloqué la route avec les barricades et ont mis le feu à des pneus, des troncs de palmiers et ont semé un vacarme, criant et frappant sur des bidons vides, lançant des slogans simples exigeant des solutions […] Les forces de l’ordre sont arrivées à bord de neuf véhicules lourds et cinq ou six motos et ce fut le début du plus violent affrontement nocturne, avec usage des pierres des deux côtés. Les manifestants ont fait usage de bouteilles enflammées pour la seconde nuit et il y a eu tentative de voitures d’écraser des manifestants ; Les heurts se sont poursuivis dans les quartiers habités limitrophes de la route, à deux cent ou trois cent mètres à l’ouest de la poste où avait lieu le face à face le plus violent et le plus long, qui n’a pris fin qu’à l’aube. […]

D’après notre source, d’autres facteurs contribuent à raviver les mobilisations et à les étendre : « on sait que les événements ont commencé avec un moteur social, vital, lié à la fermeture du pont de passage de Ras Jdir par les autorités libyennes et avec l’assentiment des autorités tunisiennes comme le pensent les populations de Ben Gardane, mais l’extension des mouvements de protestations et les méthodes utilisées par la « Sûreté » ont engendré de nouvelles motivations qui se sont cumulées à la première. Ainsi, en agressant les populations et leurs biens, en violant la morale, par leurs insultes, ils ont ouvert une profonde blessure dans les cœurs et les ont incités à la vengeance »

Cela s’est poursuivi mardi selon le témoin, différemment dans la ville de Ben Gardane, car si les journées précédentes avaient été calmes, elle s’est remplie, de jour, des populations en colère qui ont fait un sit-in pacifique au siège de la délégation et ont exigé que des solutions soient trouvées aux problèmes sociaux, ont protesté contre les méthodes des forces de l’ordre […] et ont pris la parole, à l’instar de Nafti Mahdhi, un diplômé chômeur […] qui a appelé à l’arrêt du traitement sécuritaire et à la réflexion sur des solutions radicales […]

Monsieur Nafti Mahdhi a subi des violences tout comme ceux qui avaient participé au sit-in, notamment la délégation syndicale venue de Médenine pour observer la situation et participer au sit-in. Mahdhi et des manifestants ont été arrêté, ainsi ainsi qu’un syndicaliste qui a été relâché par la suite […] La famille de Mahdhi et celles des autres personnes arrêtées n’ont pu rendre visite à leurs proches ni leur apporter le repas de la rupture du jeûne au prétexte qu’ils n’étaient pas au poste. La rumeur veut que Mahdhi ait été transféré dans la capitale. […]

Des sources ont affirmé à Assabilonline que la direction de l’UGTT avait pris contact mardi 17 août avec le pouvoir et avait abordé la situation à Ben Gardane. […]

18-08-2010

2) Poursuite des affrontements à Ben Gardane

Les locaux de police insuffisants pour recevoir le nombre des personnes arrêtées

Dans la nuit d’hier, du 15 au 16 août 2010, les affrontements ont repris entre les forces de police et les habitants de Ben Gardane à la frontière entre la Tunisie et la Libye, dans les régions de Jamila Elkadima (Zekra), Nahdha et Jalal, les plus violents ayant lieu dans cette dernière.

Assabilonline a appris par ses sources que les locaux sécuritaires de Ben Gardane s’étaient remplis de personnes arrêtées qui avaient été transférés immédiatement à Médenine. Par ailleurs, on a fait état de deux jeunes victimes de fractures dans la région de Jalal. […]

Des proches des gardés à vue ont pris contact avec le poste de Ben Gardane pour avoir des nouvelles de leurs enfants. On leur a dit n’avoir aucune information sur ces noms et on les a dirigés sur la prison de Médenine. Là l’administration de la prison leur a dit ne rien savoir sur leurs enfants et qu’ils n’y avaient pas été écroués. Les familles ont fait part de leur profonde préoccupation quant au sort réservé à leurs proches.

Nos sources ont fait état d’incendie de pneus, de bris de vitrines de commerces et d’affrontements entre forces de police et citoyens chaque nuit à Ben Gardane, avec des blessés des deux côtés. Il a été remarqué que les brigades de recherches et « spéciale » avaient diminué leurs mouvements à bord des véhicule de type Mitsubichi et se déplaçaient à bord de taxis dont elles assuraient la conduite, ainsi que de voitures banalisées. Elles avaient notoirement recours à des indicateurs et les brigades d’intervention et « anti émeutes » avaient du mal à nourrir leurs troupes car les restaurants refusaient de les servir, un seul acceptant de collaborer avec elles en face de l’usine de lait sur la route de Ras Jdir à trois ou quatre kilomètres du centre de la délégation.

Des sources ont affirmé à Assabilonline que les forces de police avaient fait des descentes aux domiciles des citoyens et fait usage de la violence, de la terreur, des insultes, injures et mots triviaux, insistant sur le fait que les méthodes barbares utilisées par la police avaient attisé de façon inquiétante la recrudescence de la violence. […]

Une des victimes des dépassements policiers est monsieur Tahar Bennaiel, un homme d’une cinquantaine d’années, qui avait ordonné à sa famille, alors que les affrontements se rapprochaient de son domicile de Zekra à côté du bureau de poste, de rentrer à la maison. Il était sur le seuil de la porte, interdisant à quiconque de pénétrer chez lui, mais les forces de police ont investi la maison, l’ont violenté, ainsi que sa femmes et ses filles et un jeune d’une quinzaine d’années. Des témoins ont entendu les appels au secours venant de chez lui.

Parmi les personnes détenues, il y a Abdelwahab Chaouat, qui a été enlevé devant un magasin. Lorsque sa famille lui a rendu visite à la prison civile de Harboub pour lui apporter de quoi rompre le jeûne du Ramadan, ils ne l’ont reconnu qu’au timbre de sa voix, tant il avait été torturé en prison.

Des observateurs disent que les services de police utilisent la stratégie de la torture des personnes arrêtées dans leurs véhicules et des coups dans les rues pour terroriser les autres citoyens, profitant de l’obscurité de la nuit, des boutiques fermées, la plupart des événements ayant lieu la nuit.

[…]

Assabilonline , Ben Gardane, (Tunisie) Spécial

17-08-2010

1) Violents affrontements dans la région de Ben Gardane

La nuit du 13 août, les affrontements entre les habitants et les forces de police ont repris dans la région de Ben Gardane, frontalière avec la Libye. Il s’agit de protestations contre la fermeture par les autorités tunisiennes du point de passage frontalier de Ras Jdir, qui a vu des échauffourées que les sources d’ Assabilonline décrivent comme violentes, dans quatre régions différentes de la délégation de Ben Gardane.

Ces affrontements qui ont commencé après la prière de la veillée du Ramadan, se sont poursuivis jusqu’à trois heures du matin.

Nos sources affirment que les arrestations ont survenu soudainement, contre toute personne se trouvant par hasard sur les lieux des événements et elles ont concerné aussi des enfants et des mineurs qui n’avaient pas pu prendre la fuite face à l’attaque de la police.

Pour rappel, nombre de citoyens qui avaient été arrêtés le 10 août dernier au début des événements n’ont pas été remis en liberté et ont été conduits à la prison de Harboub, à cinq kilomètres du gouvernorat de Médenine, sur la route reliant Médenine et Tataouine dans l’attente de leur procès probablement.

Les autorités libyennes ont affirmé que la décision de fermer Ras Jdir a été prise à la demande et suite aux pressions des autorités tunisiennes.

Nos sources confirment que la sécurité libyenne est postée près de la frontière tuniso-libyenne de crainte que les affrontements ne se propagent sur le territoire libyen, dans la mesure où les commerçants libyens ont été lésés eux aussi par la fermeture du point de passage frontalier.

Elles ont affirmé à Assabilonline que les affrontements ont commencé après la prière de la veillée du Ramadan vers onze heures et demie du soir (heure de Tunis) dans la région sise entre Jalal et le centre de la délégation distant de deux kilomètres du centre ville où passe la route reliant Médenine et Ben Gardane, plus exactement au carrefour dit « du chameau », (en raison d’une statue de chameau au milieu du croisement).

Une manifestation pacifique a commencé qui s’est poursuivie jusqu’au niveau du poste de police situé au début de la route de Médenine, distant d’un kilomètre et demi du centre du gouvernorat où a été organisé un arrêt en signe de protestation, juste l’explosion des affrontements. A la suite des échauffourées, les manifestants se sont rendus au centre de la municipalité au carrefour de « Moungala », puis à celui du « Maghreb Arabe » face au poste de la police de la circulation qui ne se trouve qu’à trente mètres. Puis les événements se sont propagés aux régions de Nahdha et Zékra, desservies par la route menant à Ras Jdir, respectivement à deux kilomètres et cinq kilomètres.

Selon nos sources, la violence s’est concentrée dans les lieux suivants :

— La région de Jelal, à trois kilomètres de la route reliant Médenine et Ben Gardane

— La région de Jamila Elkadima, dite « Zekra » à cinq kilomètres du centre de le délégation, desservie par la route menant à Ras Jdir et la frontière libyenne.

— La région de Nahdha, à deux kilomètres du centre de la municipalité, desservie également par la route de Ras Jdir

— Au centre de la délégation de Ben Gardane au niveau du croisement du Maghreb arabe et croisement dit d’ »El Moungala » (L’horloge).

Des dizaines de pneus ont brûlé, ainsi que deux voitures, dont l’une appartient à une personne suspectée par les manifestants d’être un indicateur de la police. Des voitures de la police de la circulation ont été détruites. Des témoins oculaires ont dit à Assabilonline que plusieurs véhicules de la brigade d’intervention avaient subi des dégâts partiels suite à des jets de pierres. La région de Zekra a été le théâtre d’affrontements et d’incendies de nombreux pneus, de destruction partielle de voitures de la brigade d’intervention, de la brigade d’investigation et de la brigade spéciale.

La région de Nahdha a connu des affrontements similaires, y compris au centre de la délégation et l’horloge qui se trouve au croisement d’El Moungala a été partiellement brisée.

Toutes les régions où ont eu lieu les affrontements avaient vu des mobilisations pacifiques de protestation exigeant l’ouverture du point de passage de Ras Jdir, condamnant le chômage, la corruption municipale et administrative au sein de la délégation. Les unités d’intervention et « anti émeutes » ont réprimé ces sit in et ces manifestations pacifiques, ce qui a déclenché les affrontements.

Les protestataires ont été pourchassés dans les rues environ 150 jeunes ont été conduits à Médenine tandis que d’autres ont été remis en liberté au terme d’une nuit de coups et de torture dans les locaux de la sécurité et dans les véhicules d’« intervention ».

Nos informateurs ont recensé la présence de près de 40 véhicules de la brigade d’intervention et de plus d’un millier de policiers des unités « anti émeutes » qui se sont déployés dans tous les lieux à Ben Gardane, venus en renfort de Tozeur, Gafsa, Gabès et Médenine.

On a noté aussi cinq cars « Toyota » de police et trois acheminant des forces de police. Ces forces de police ont utilisé les lycées d’enseignement pour se reposer à la fin des affrontements tout comme la grand place de l’auberge sur la côte de Bouhaïra Elbiban à titre de bases.

[…]

Aux toutes premières heures du dimanche 15 août, les affrontements ont repris plus violemment encore, la situation semblant échapper à tout contrôle […]

Les forces de police ont fait usage de gaz lacrymogènes et de balles de caoutchouc, de grenades sonores pour disperser la foule. Nos sources affirment qu’il y a des dizaines de blessés parmi les jeunes. […]

Plus de cinquante véhicules des brigades d’intervention ont pénétré dans les quartiers populaires et ont kidnappé des jeunes à leurs domiciles sous les yeux de leurs proches. Ces descentes et ces arrestations se concentrent dans les régions de Jalal et Jamila Elkadima (Zekra). Les arrestations, le déploiement sécuritaire et la violence policières à l’encontre des citoyens jusque chez eux dépassent l’entendement selon nos sources.

Assabilonline , Tunisie, reportage spécial

15-08-2010


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