Candidature anti-libérale : Clémentine Autain

lundi 27 novembre 2006.
 

Lettre à tous les membres des collectifs pour des candidatures unitaires anti-libérales en 2007

Cher-e-s ami-e-s, Cher-e-s camarades,

Je m’adresse à vous pour vous dire qui je suis, quelles sont mes convictions et pourquoi je suis candidate pour représenter, dans le cadre d’une campagne collective, notre mouvement anti-libéral à l’élection présidentielle.

Nous avons le devoir de réussir. Il en va de notre responsabilité vis-à-vis de toutes celles et ceux qui paient chaque jour le prix des politiques libérales et autoritaires. C’est l’avenir de notre société qui est en jeu. Les urgences sociales, écologiques et démocratiques nous imposent d’aboutir.

Pourtant, tout est encore possible : nous pouvons porter ensemble une alternative en 2007 mais nous pouvons aussi échouer. Notre travail commun nous a permis de fixer notre ambition, d’adopter une stratégie et un socle programmatique significatif. C’est une avancée considérable, qui nous engage : maintenant, nous le savons, ce qui nous rassemble est bien supérieur à ce qui nous sépare. Le défi à relever est celui de la candidature à la présidentielle. Peut-on imaginer un seul instant ne pas réussir au motif que nous n’aurions pas su nous entendre sur “ qui ” pour figurer sur le bulletin de vote, alors même que nous avons décidé de mener une campagne collective et populaire, en rupture avec le cadre imposé par la Ve République ?

On peut comprendre les enjeux propres aux partis, redouter que les méfiances réciproques finissent par l’emporter sur le désir d’unité. Il faut surmonter ces difficultés. C’est notamment à cela que ma candidature peut être utile. J’ai la conviction qu’elle peut permettre de rassembler les différentes sensibilités qui composent notre jeune mouvement. Il ne peut y avoir, parmi nous, des vainqueurs et des vaincus. Soit on gagne ensemble, soit on perd tous. Je le dis d’emblée : si une autre personnalité permettait d’offrir une union plus large, je m’engage à faire sa campagne, notre campagne, avec autant d’enthousiasme et de dynamisme. La clé de notre succès réside d’abord dans l’étendue du rassemblement. Plus nos tribunes seront proches de celles qui ont permis la victoire du 29 mai, plus nous serons en mesure d’ouvrir une autre voie à gauche. Plus nous pourrons compter sur l’engagement des forces sociales - jeunes, syndicalistes, intellectuels, artistes - plus nous serons en mesure d’enclencher une dynamique populaire. Ce n’est qu’en mêlant toujours plus nos cultures et nos pratiques que nous pourrons mobiliser au-delà de nos forces constituées.

Depuis que je suis politiquement impliquée, je pense que notre réussite passe par la rencontre des forces d’alternatives, et non par l’affirmation solitaire des sensibilités et des courants. Je me suis toujours associée aux initiatives qui visaient cette rencontre. Portée par la volonté de convergence, j’ai côtoyé et souvent apprécié toutes les forces sociales et politiques de notre espace commun. Je l’ai fait dans le combat quotidien comme dans les lieux multiples de réflexion que nous avons construits. Je me suis attachée à participer activement à tous nos rendez-vous, à construire notre espace au quotidien, à me nourrir de l’apport de chacun. Aussi, je suis en mesure d’associer toutes les composantes de notre mouvement dans la prochaine campagne, que je veux collective et centrée sur le projet.

Il ne s’agit pas pour moi d’un engagement de circonstance. Parce que nos sociétés allient l’exploitation et la domination, nous devons mêler les utopies, les cultures, les apports du mouvement ouvrier, du féminisme, de l’écologie politique, de l’anti-racisme, de l’anti-consumérisme. Là réside la cohérence de notre choix de société, qui permettra de battre la droite et l’extrême droite sur le fond, dans les urnes et dans la durée. J’ai également la certitude que la crise politique menace la démocratie en son cœur et qu’il faut donc permettre au peuple de se réapproprier la politique, de se constituer en force politique à part entière et d’accéder aux pouvoirs de décision. Cette double exigence nous permettra de construire une nouvelle majorité qui ne décevra pas les attentes populaires. Je peux y contribuer. Mon engagement féministe m’a conduite à une réflexion critique sur le rapport au pouvoir. Ma pratique m’amène à lier, depuis longtemps, anti-capitalisme et luttes émancipatrices. Mon profil décalé au regard de l’homogénéité actuelle des responsables politiques adressera un signe fort en faveur d’une démocratie active.

Face à un capitalisme dévastateur et à la montée des autoritarismes, l’articulation entre tous les combats émancipateurs est une nécessité. Nous la faisons vivre dans les luttes depuis l’hiver 1995 et de plus en plus à l’échelle européenne et mondiale. Ces résistances doivent maintenant converger vers la définition en positif d’un projet transformateur. Nous nous y attelons. A nous de créer les conditions pour qu’il advienne. A nous de revendiquer d’exercer les responsabilités et de nous appuyer sur les mobilisations populaires, indispensables à toute transformation profonde. Mon engagement dans les luttes et mes responsabilités en tant qu’élue m’ont conduite à faire le lien entre mouvements et partis, entre social et politique. Je sais que c’est l’une des clés du renouveau à gauche.

Notre pays a besoin de novation, d’une novation sociale et démocratique, qui s’appuie franchement sur la jeunesse, aujourd’hui méprisée et délaissée. Si nous voulons porter notre offre politique nouvelle, et s’assurer qu’elle soit perçue comme telle dans l’opinion publique, il n’est pas absurde qu’elle soit incarnée par une personnalité politique nouvelle. Dans cette perspective, ma jeunesse est un atout.

Notre campagne doit redonner espoir aux classes populaires, démultiplier les énergies individuelles et collectives et renouveler les formes classiques de la politique. Je n’ai aucun doute sur la cohérence, la force, la modernité de notre projet. Donnons-les à voir ! Et faisons vivre ensemble une campagne très collective, respectueuse des choix communs et favorisant l’expression de toutes nos diversités.

Amicalement,

Clémentine Autain

Mini-bio

J’ai fait mes études d’histoire à l’université Paris VIII-Vincennes-Saint-Denis. J’étais alors adhérente à l’UNEF et à l’UEC. Ma maîtrise portait sur l’Algérie coloniale et mon DEA, sur le Mouvement de libération des femmes.

Je me suis engagée au Collectif féministe contre le viol puis au Collectif national pour les droits des femmes. En 1997, j’ai co-fondé l’association féministe mixte, Mix-Cité.

A partir de 1997, aux côtés de Jacques Kergoat, et avec Willy Pelletier, nous avons lancé et animé la Fondation Copernic.

Depuis 2000, je participe au comité de rédaction de Regards, dont je suis devenue en 2003 la rédactrice en chef, et en 2005, la co-directrice. J’ai écrit ou co-écrit plusieurs essais, sur les droits des femmes, sur la situation des jeunes, sur la révolte dans les banlieues.

Depuis 2001, je suis élue à Paris (apparentée communiste), maire-adjointe chargée de la jeunesse. Le 10 septembre 2005, j’ai déclaré ma candidature lors de la réunion nationale des collectifs unitaires.


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