Climat : « Nous n’avons jamais observé des températures aussi intenses »

samedi 14 août 2010.
 

L’ouest de la Russie est en flammes, le Pakistan compte plus de 15 millions de sinistrés après des inondations qui ont frappé le pays il y a une semaine. Même scénario en Chine, où les habitants du nord-est du pays n’ont toujours pas d’eau potable. Des pluies diluviennes se sont abattues sur l’Inde ce lundi faisant près de 150 morts.

Etienne Kapikian, prévisionniste à Météo France, apporte un éclairage sur la situation climatique et catastrophique qui touche actuellement l’Eurasie.

Les incendies dans l’Ouest de la Russie et les inondations en Asie du Sud-Est sont-ils liés ?

Je ne dirais pas que ces phénomènes sont liés. La configuration métérologique actuelle favorise les catastrophes naturelles dans l’Ouest de la Russie et en Asie du Sud Est. On pourrait y voir des causes indirectes car au niveau planétaire, il y a une intensité des températures depuis mi-juillet qui favorise d’un côté les incendies et de l’autre les précipitations. C’est le seul lien que l’on pourrait noter.

Pouvez-vous nous décrire plus précisément cette configuration métérologique ?

Nous avons une situation bloquée ou très peu mobile dans ces régions avec une alternance de dépressions en Asie du Sud-Est et d’anticyclones en Russie. Cette situation vient se coupler à des températures supérieures à la normale et à des océans également beaucoup plus chauds dans le Pacifique Est et l’Océan Indien. A cause de cet immobilisme, des événements extrêmes se répètent aux mêmes endroits. Avec un mouvement, la canicule en Russie, par exemple, durerait moins longtemps.

Assiste-t-on à des phénomènes exceptionnels ?

En Russie, nous n’avons jamais observé des températures aussi intenses. C’est un événement historique ! Le dernier record absolu des températures date d’août 1920 avec 36,8°C. En un mois, ce record a été battu six fois.

En Asie du Sud-Est, la situation climatique est également extrême. Mais nous ne pouvons pas encore mesurer l’envergure de ces inondations à répétition.

Quelles sont vos prévisions ?

En Russie, il va y avoir une baisse sensible des températures dans le milieu de la semaine. Il y aura une très relative acalmie durant quelques jours mais on va rester autour des 30°C alors que les normales de saison sont à 23°C. L’air restera chaud à très chaud.

Concernant l’Asie du Sud-Est, la configuration métérologique est favorable à une mousson active. Les inondations pourraient toucher d’autres régions voisines du Pakistan, de l’Inde et de la Chine car il y a une grande activité au niveau des précipitations. Il faudra s’attendre à de très fortes pluies.

Sont-ce les effets du réchauffement climatique ?

On ne peut pas tout mettre dans le même sac ! La Russie serait effectivement l’illustration de ce phénomène. Le réchauffement climatique conduit forcément à la canicule et à la sécheresse. Dans un climat plus chaud, d’ici à 50 ans, ce genre d’événements pourrait devenir de plus en plus courant.

Les inondations qui touchent le Sud-Est de l’Asie sont beaucoup plus difficiles à analyser. Nous sommes dans une région de moussons avec un climat très chaud et des précipitations intenses, nous ne pouvons donc pas attribuer dès aujourd’hui de tels phénomènes au réchauffement climatique. Nous n’avons pas assez de recul pour le savoir. Il faudra donc étudier ces précipitations sur plusieurs années.


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