L’expérience limousine Front de Gauche NPA à la Fête de l’Humanité

vendredi 17 septembre 2010.
 

Samedi 11, au stand du Parti de Gauche à la Fête de l’Humanité, un meeting salue l’expérience “Limousin, Terre de Gauche”. C’est le nom que s’était donné la liste conduite par Christian Audoin (PCF) , rassemblant nombreuses des organisations locales de la gauche radicale, dont les communistes, le PG, le NPA, les Alternatifs (et d’autres encore). La liste avait obtenu un peu plus de 13% dès le premier tour. À situation unique résultat unique : la liste, maintenue au second tour, obtenait plus de 20% dans la triangulaire dont était sorti premier le PS.

Le meeting qui faisait salle comble débutait par des slogans de plusieurs militants scandant « Unité, unité, unité ! ». E. Coquerel (PG), présidant le débat, apprenait que depuis les régionales, cette configuration « Terre de Gauche » s’était maintenue et avait progressé. Lors de deux cantonales partielles, organisées en Haute-Vienne et en Creuse, la liste présentée améliorait le score électoral, et même, dépassait le Parti Socialiste. Ce que retiennent les différents intervenants, c’est une expérience « riche », « humaine », « avec des engueulades, encore aujourd’hui ». « Cela n’a pas été un chemin pavé… de roses », selon le conseiller régional Stéphane Lajaumont (NPA). Sur le terrain, les discussions programmatiques ont mis en avant – et leur discours avait la même grammaire - une autre gestion du territoire, anticapitaliste. Ce qui pour eux a été décisif, ce fut le volontarisme des acteurs de ce rassemblement. Sans les concessions des uns et des autres, les résultats n’auraient pas été les mêmes selon les intervenants. En effet, il a fallu débloquer, selon leur propre récit, les difficultés héritées de chacune des organisations et avoir un certain sens du compromis. D’où quelques principes de bases : la gestion avec le PS, « ni jamais, ni toujours », concédée par le NPA. Et l’indépendance et la liberté de vote, portées et appliquées par tous. Ce qui, finalement, a quand même contribué à rendre cet ensemble solide et solidaire, c’est d’une certaine manière l’incompatibilité avec le Parti Socialiste. Ce dernier refusant toute présence du NPA en cas de fusion lors du second tour, c’est ce qui a, « sans que l’on ne réfléchisse » (C. Audoin), conduit à maintenir la liste.

Stéphane Lajaumont appelle ça un « NPA élargi », provoquant les rires de l’assemblée. La question posée par Eric Coquerel au conseiller régional de cette formation était simple. Comment rallier le NPA ? A tort ou à raison, l’image Front de Gauche donne du NPA le sentiment qu’il bloque l’unité parce que cette formation ferait défaut. Pour répondre, il explique qu’il y a d’abord eu le rôle clef du parti de Gauche, qui a permis l’unité en rassemblant les autres forces, en jouant le rôle de l’intermédiaire. Puis, celui des militants du PCF. Par leur vote, ils se sont massivement exprimés, comme leurs camarades du NPA, pour l’unité. On se souvient pourtant que la direction nationale du Parti communiste avait voulu faire revoter les accords, ce qui manqua de détruire la dynamique unitaire. C’est en allant contre une partie de la direction communiste, que les militants de la base ont pu construire cette unité. Il ne faut pas oublier la nature institutionnelle du PCF, et les liens qu’il a entretenu avec le PS dans ce sens. Mais cette fois-ci, « le PC a accepté de perdre des élus », selon Laurence Pache, conseillère régionale PG. Aujourd’hui, pour leur tête de liste, « le PCF a ce choix politique dans les mains : il doit maintenant porter l’unité à la gauche de la gauche ».

Tous appellent à ce que cette « expérience » soit reprise au niveau national. « Le Limousin n’est pas un cas particulier. Pourquoi ne pourrait-on pas le faire ? » s’énerve Jean-Luc Mélenchon. Alors que le PG, organisateur du débat, était mis en avant comme un élément décisif de l’unité, son président pourrait chercher à tirer un certain profit de cette place… Qui n’est ni forcément reconnue, ni forcément appréciée.

Certains militants du PCF ironisent dans les allées de la fête sur une « OPA de Mélenchon sur le PCF ». Lorsque celui-ci monte à la tribune, des « Mélenchon, président ! » se font entendre, provoquant quelques grimaces. D’emblée, rassurant, il réplique « Pas question ! Vous êtes des grenouilles qui veulent un roi : vous n’en aurez pas, je suis républicain ! ». Pas de personnalisation du pouvoir non plus. Il assure dans ses discours y être formellement opposé. Et à Mediapart , il confie vouloir renoncer à la présidence du Parti de gauche en 2012. Celui qui se pose en zélote de l’unité à gauche de la gauche « rame » un peu. Il souhaitait des Fronts de gauche dans les secteurs professionnels, ce fut un flop. Il s’est montré disponible pour les présidentielles : cela a été mal pris. Souhaitant donc mettre la question électorale un peu de côté, et revenir sur le thème du moment, M. Mélenchon a rappelé le contexte de la réforme des retraites : « Cette nuit, la droite a enterré les 60 ans et condamné les travailleurs aux travaux forcés jusqu’à 67 ans ! ». Alors pour lui « assez » des discussions sur les « virgules mal placés » et des querelles du camp antilibéral. L’unité sur le front politique est indispensable, à un moment où le PS est ambigü. L’objectif, c’est la conquête, celle de l’hégémonie à gauche, celle du pouvoir. « Envoyons à la présidentielle quelqu’un pour fermer la porte à clef et la jeter dans la rivière ! ». Il appelle à une « radicalité concrète », c’est-à-dire devenir réalistes, conquérants, déterminés.

Faire exister la gauche radicale, dans son ensemble divers, en se distinguant du Parti socialiste : c’est un objectif pour certains. Pour la liste du Limousin, ce fut une réalité. Bien qu’il ait été question pour tous « d’élargir », le chemin est long et la route est en pente raide. Les présidentielles compliquent la chose. Le compromis entre les différentes composantes est un art d’équilibriste. Le tout dans une « éthique », une « morale », qui doit conduire « le porteur du drapeau » à être irréprochable et transparent, pour faire changer les choses et réconcilier les citoyens avec la politique… Et avant tout, convaincre qu’il est lui même convaincu. Avec les retraites, une question cruciale surgit : cette unité, fragile sur le front social, est devenue nécessaire sur le front politique, pour que cette gauche existe aussi dans la victoire.


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