Au Mozambique, le gouvernement s’incline devant les émeutes de la faim

mardi 14 septembre 2010.
 

Il aura fallu 13 morts et 400 blessés pour que le gouvernement mozambicain se décide à faire machine arrière. Mardi, le ministre du Développement et de la Planification, Aiuba Cuereneia, a décidé de revenir sur l’augmentation de 30 % du prix du pain, du pétrole et de l’électricité. Pour maintenir le prix actuel, le gouvernement tentera de « diminuer les dépenses publiques pour dégager des fonds et subventionner les prix des produits de base ». Une décision difficile quand on sait que 45 % du budget du pays dépendent de l’aide au développement.

Depuis la fin de la guerre civile qui a suivi l’indépendance (1976-1992), cette ancienne colonie portugaise connaît une forte croissance. Mais 65 % de la population vivent toujours sous le seuil de pauvreté. Mercredi dernier, d’importantes émeutes de la faim avaient secoué les quartiers pauvres de Maputo, la capitale. Des milliers de personnes s’étaient rassemblées dans le centre et avaient dressé des barricades, suite notamment à un appel diffusé par SMS. La manifestation avait tourné à l’émeute avant de s’étendre aux autres grandes villes du pays les jours suivants. Ne parvenant pas à contenir la foule, la police lui avait tiré dessus à balles réelles avant de procéder le vendredi à près de 150 arrestations. Lundi, le calme semblait être revenu.

Depuis plusieurs mois, les prix ont flambé au Mozambique suite à la dépréciation de 43 % de la devise locale, le metical, très dépendant de son voisin, le rand sud-africain, pour les importations. La faute est aussi à imputer à la flambée des cours mondiaux des céréales suite aux mauvaises récoltes des producteurs et au gel de la Russie sur ses exportations. Après la fin des émeutes, certains craignent à présent la contagion aux pays voisins et le retour des grandes émeutes de la faim qui avait déjà secoué le continent en 2008.

Julien Vallet


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