Une politique d’expulsions massives à l’égard des Roms isole à juste titre la France : le MRAP appelle les citoyens à résister

samedi 18 septembre 2010.
 

La Commission européenne de Bruxelles et le Conseil de l’Europe, de nombreuses voix, sur le plan international tout autant que sur le plan intérieur français, critiquent la politique officielle de la France qui renvoie massivement des Roms vers la Roumanie et la Bulgarie. La Commission pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) des Nations Unies, dans un avis du 27 août, et le Parlement européen - dans un vote du 09 septembre dernier - ont demandé à Paris de stopper ces expulsions.

Même si la campagne politique contre les Roms (ressortissants de l’Union Européenn), doublée de celle contre les « Gens du voyage » (citoyens français), a été déclenchée le 30 juillet dernier par le « discours de Grenoble » du Président de la République, pour des raisons de tactique politique française, elle prend désormais des allures de crise internationale.

La Commission de Bruxelles - exécutif de l’Union européenne - a annoncé son intention de lancer une procédure contre la France pour infraction au droit communautaire. Au cas où la France officielle persisterait dans sa politique inhumaine à l’égard de cette minorité discriminée et/ou chassée de presque partout en Europe, la Commission entend demander à la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) de condamner l’attitude de Paris.

La politique de Nicolas Sarkozy viole pour au moins deux raisons les principes du droit européen, notamment ceux du droit de libre circulation des ressortissants de l’Union et de la non-discrimination à leur égard,. D’un côté, des ressortissants du sud-est européen sont clairement ciblés - en raison de leur appartenance à un groupe « ethnique » - en vue de les renvoyer dans leurs pays d’origine, où ils sont souvent confrontés à de graves discriminations et à une situation sociale désastreuse. De l’autre, ils font l’objet de renvois « collectifs », qui sont contraires au droit international et considérés par les instances européennes comme dépourvus des garanties judiciaires minimales nécessaires.

La position française officielle consiste à alléguer que les renvois seraient « des retours volontaires ». Un argument qui ne résiste pas une minute à l’examen :

* quand des familles sont harcelées quotidiennement par des contrôles policiers qui entretiennent la peur,

* quand des OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) sont généreusement distribuées,

* quand on sait que les préfectures ont reçu des consignes du Ministère de l’Intérieur (circulaire du 24 juin 2010) pour organiser le démantèlement des campements illicites et que s’y est greffé le honteux tour de passe-passe des circulaires du 5 août et du 13 septembre,

* quand des familles vivent des évacuations plus ou moins musclées et voient détruire tout ce qu’elles possédent par des bulldozers, alors même qu’aucune autre alternative ne leur est proposée,

tous leurs projets de vie - scolarisation des enfants, suivis de santé, recherche d’insertion par le travail, … - sont remis en cause.

Comment alors ne pas partir avec l’espoir et la détermination de revenir !

Les manifestations du 4 septembre ont montré la détermination de milliers de citoyens de France à s’opposer à cette politique xénophobe qui, hélas, ne peut que leur rappeler les prémisses d’une funeste période historique que de nombreuses voix ont récemment dénoncées.

Le MRAP appelle tous les démocrates, les humanistes et antiracistes à amplifier ce mouvement de résistance. Seule une protestation déterminée dans la société française, conjuguée à la pression internationale, pourra faire reculer cette politique ouvertement discriminatoire.

Paris, le 15 septembre 2010.


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