Pèlerinage à Lourdes, pontifical et raciste

jeudi 30 septembre 2010.
 

Ce 13 septembre 2010, jour de la saint Aimé, un train de 350 pèlerins catholiques roulant vers Lourdes entre en gare de Vintimille ( à la frontière entre l’Italie et la France). Quelle est l’association organisatrice ? la branche italienne de la « Confederazione Internazionale dei Centri Volontari della Sofferenza », une association internationale de fidèles de droit pontifical qui met le malade au cœur de l’apostolat et loue des trains à la SNCF pour ses pèlerinages. Sa devise est : « Une association de personnes qui marchent auprès de chaque homme qui souffre et qui font de la douleur humaine un chemin de sainteté. »

Ce 13 septembre 2010, une contrôleuse de la SNCF vient prendre la responsabilité de ce train. " Je prends mon service à 21 heures à la gare de Vintimille où je me présente au contrôleur des chemins de fer italiens que je dois relayer dans ce train. Puis je fais la bise au conducteur et je discute sur le quai avec un collègue de la SNCF qui part ensuite faire un essai de freins. Au moment où je regagne mon compartiment je suis interpellée par un monsieur portant le tee-shirt d’une association religieuse qui me demande ce que je fais là alors que je suis en uniforme de la SNCF ! Je lui réponds "Capo treno francese" (chef de train français) comme il est indiqué sur mon compartiment et je monte sur la plate-forme du wagon tout en continuant à lui parler. Je lui montre ma tenue, mon sac, pour qu’il comprenne que je suis là pour travailler.de son côté, le ton commence à monter. C’est alors que, par derrière, quelqu’un me pousse à deux reprises pour m’éjecter du train. Lui aussi porte le tee-shirt des accompagnateurs. Je me retrouve sur le quai et il me crie avec un geste méprisant ""Giù, giù !" (en bas ! ou vulgairement "Casse toi !").

La bachelière niçoise de 25 ans salariée de la SNCF, comprend qu’elle est victime d’un racisme primaire dû à sa couleur de peau ; elle éclate en pleurs sur le quai et explique la situation à son chef de service "Ils m’ont touchée, m’ont bousculée, je ne pars pas avec eux, je ne me sens plus en sécurité dans ce train." Le chef de service se rend auprès des drôles de pèlerins pour leur expliquer que sans contrôleur, le train ne peut pas partir. Réponse " Celle-là ne montera pas, cherchez quelqu’un d’autre, on ne veut pas de celle-là". Plusieurs contrôleurs français appelés en remplacement par la SNCF refusent par solidarité avec leur collègue.

La SNCF débusque finalement, trois heures plus tard, un cadre d’astreinte pour accompagner le train jusqu’à Lourdes.

« Ces comportements, note la CGT, ont hélas été confortés par la direction du pèlerinage qui au lieu de prendre la décision digne, courageuse et responsable d’expulser ces ignobles personnages du convoi les a conservés en son sein ». « Sans nul doute que ces êtres racistes et xénophobes ont cru bien faire puisque confortés par un gouvernement français qui a calqué depuis plusieurs mois ses propositions de loi, tantôt sur le programme politique du Front national, tantôt sur les agissements et déclarations du très réactionnaire Berlusconi, chef du conseil italien », dénonce encore le syndicat. « Il est indispensable que la SNCF, l’organisme religieux et les deux individus coupables présentent leurs excuses par écrit à l’agent, ainsi qu’à l’ensemble de ses collègues de travail pour les préjudices occasionnés. Il serait inacceptable que le président (de la SNCF Guillaume) Pépy en personne ne se saisisse pas de ces événements gravissimes. »

Michaël Albin, secrétaire général des cheminots CGT de Nice conclut : " Il y a les deux coupables de violences racistes et il y a des complices : le directeur du pèlerinage qui aurait dû les faire descendre et les dirigeants de la SNCF qui ont décidé de faire rouler ce train avec les deux agresseurs à bord."

Jacques Serieys


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