Une histoire de Roms

dimanche 3 octobre 2010.
 

Et plus précisément de roumains. On connait les rengaines sur les roms voleurs de poules. On entend moins parler des mauvais traitements que leur infligent en toute bonne conscience de bons français « de souche » comme disent les ethnicistes qui nous gouvernent. J’ai trouvé le récit de cette histoire dans le journal « Les dernières Nouvelles d’Alsace », un quotidien qui ne me donne jamais aucune place, mais qui est très intéressant et bien documenté tant qu’il n’est pas question de politique de gauche. Quarante quatre roumaines avaient été recrutées en mai 2009 dans leur pays pour cueillir des fraises à Geudertheim en Alsace.

On leur promettait cinquante euros par semaine d’argent de poche, transport, nourriture et logement gratuit sur place. Une fois installées l’argent promis se réduit à six euros pour quinze jours. Le logement est un baraquement sans eau chaude ni chauffage et seulement deux WC pour soixante personnes. Les femmes ont interdiction d’en sortir. La nuit, les portes sont fermées à clef. Le plus incroyable est la plaidoirie du patron esclavagiste, un dénommé Rolf Maier. Il affirme que les femmes étaient autant d’entreprises privées allemandes à gérance roumaine. « Un maelstrom de droit européen » note le journal. Et Rolf Maier part dans un examen du résultat des « sociétés » du point de vue de leurs performances à la cueillette des fraises. Tel quel !

Le tribunal a frappé plus lourd que ne le demandait le réquisitoire. Le sieur Maier est condamné à un an de prison ferme et 13200 euros d’amende et sa société écope d’une amende de 56 400 euros. Plus 2000 euros à la CGT. Les mauvais traitements contre les travailleuses, l’exploitation sans limite ni vergogne du travail humain, la tentation de l’esprit esclavagiste connaissent dans ce cas un paroxysme spécialement visible. Mais ce que nous savons tous c’est qu’il s’agit d’une culture de notre temps, très répandue dans tous les milieux du travail même si les formes paraissent mois violentes. Je ne compte plus les cas de copains qui ont choisi le statut « d’auto entrepreneurs », devenant eux-mêmes des « sociétés » et dont le travail à la tache, même très intellectuel, n’est pas mieux protégé ni payé que le sont dans leur domaine ces cueilleuses de fraises roumaines. Mais leurs chaines, leur baraquement fermé à clef par le patron sont dans leur tête.


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