Tournant dans le mouvement sur les retraites. FO, CFTC et CGC ont déposé un préavis de grève reconductible à la SNCF à partir du 12 octobre

mercredi 6 octobre 2010.
 

Trois syndicats minoritaires (FO, CFTC et CFE/CGC) de la SNCF ont annoncé avoir déposé un préavis de grève reconductible à partir du 12 octobre, tandis que l’intersyndicale CGT-Unsa-Sud Rail-CFDT doit de nouveau se réunir mercredi pour arrêter une décision. Une nouvelle réunion au niveau confédéral est prévue ce vendredi pour "décider des suites du 12 octobre", a indiqué lundi soir Nadine Prigent (CGT), alors qu’à la RATP, le syndicat CGT, le premier de l’entreprise publique, a déposé lundi un préavis de grève illimité à compter du 12 octobre.

Les syndicats, réunis lundi en intersyndicale, ont confirmé l’organisation d’une journée de grèves et de manifestations le 12 octobre, en demandant aux salariés d’en faire "un rendez-vous déterminant" pour faire échouer la réforme gouvernementale des retraites. Un préavis "illimité" à compter du 12 octobre a été déposé à la RATP par la CGT et FO.

A la veille de l’examen du projet de réforme au Sénat, l’intersyndicale nationale s’est réunie au siège de la CFE-CGC pour tirer le bilan de la mobilisation de samedi, la troisième en moins d’un mois.

Dans un texte signé par la CFDT, la CFE-CGC, la CFTC, la CGT, la FSU, Solidaires et l’UNSA (seule FO ne l’a pas paraphé mais a déclaré rester "dans l’unité d’action"), l’intersyndicale juge que "la mobilisation du samedi 2 octobre 2010 a été un formidable succès partout en France", et souligne qu’elle a vu "de nouveaux manifestants rejoindre les cortèges".

"Confronté à cette mobilisation qui s ?amplifie, le gouvernement reste campé sur son intransigeance. Il préfère le mépris au dialogue, il commente les chiffres de manifestants plutôt que de répondre à leurs inquiétudes et exigences", déplorent les syndicats.

Ce mot de "mépris" a été utilisé par quasiment tous les représentants syndicaux lors d’un point de presse après la réunion.

L’intersyndicale a donc confirmé la journée nationale de grèves et de manifestations du mardi 12 octobre, appelant "les salariés, les retraités, les chômeurs à y participer massivement".

D’ici là, elle appelle "à élargir et à amplifier la mobilisation unitaire par des initiatives dans les territoires, des rencontres avec les salariés et interpeller les sénateurs".

Une nouvelle réunion entre syndicats aura lieu dès vendredi 8 octobre, pour "décider des suites du 12 octobre", selon Nadine Prigent (CGT), alors qu’à la RATP, le syndicat CGT, le premier de l’entreprise publique, a déposé lundi un préavis de grève illimité à compter du 12 octobre. Car pour Nadine Prigent, "même avec un grand 12 octobre, massif, ça ne suffira pas". La CGT réunit mardi à ce sujet ses fédérations et unions départementales et "fera des propositions très claires à l’intersyndicale" vendredi.

Bernadette Groison, numéro un de la FSU, a dit être venue à la réunion de lundi avec le mandat de "donner un nouveau rendez-vous dès ce soir", au-delà du 12 octobre. Les grèves reconductibles, "ce n’est pas un sujet tabou", a-t-elle affirmé.

Pour Solidaires, le leader de SUD-Rail Christian Mahieu a prôné "dès le 13 au matin, un mouvement de grève reconductible".

Numéro deux de la CFDT, Marcel Grignard a appelé à "frapper un grand coup le 12 octobre". Selon lui, l’intersyndicale doit "déjouer tous les pièges que tend le gouvernement", qui "tente de jouer la radicalité", une façon de se distancer de mouvements de grèves au-delà du 12.

Quant à FO, son secrétaire confédéral Pascal Pavageau a préconisé à nouveau "une journée de grève franche et interprofessionnelle de 24 heures".

Or, le gouvernement ne laisse entrevoir aucun changement aux dispositions-clés de sa réforme : recul de l’âge légal de la retraite de 60 à 62 ans, et de la retraite sans décote de 65 à 67 ans. D’autant que, selon son porte-parole Luc Chatel, "il n’y a pas d’amplification du mouvement".

"Respect de l’équilibre général et financier de la réforme", telle est la "ligne rouge" posée par l’exécutif et à l’UMP.

Le Premier ministre François Fillon a estimé dimanche que les opposants à la réforme "se trompent", concédant juste quelques "aménagements possibles" au Sénat, notamment pour les femmes.

Sur ce point, le président du Sénat Gérard Larcher (UMP) souhaite que les mères de trois enfants et plus puissent continuer "de façon transitoire" à partir à la retraite à 65 ans sans décote.

Alors que "le calendrier se resserre", selon François Chérèque et Bernard Thibault, le second prévient que "dans certains secteurs, les salariés sont disponibles pour des grèves qui ne se limiteront pas à vingt-quatre heures".

Le secrétaire général de la CGT cheminots Didier Le Reste a souhaité dimanche que plusieurs secteurs d’activité engagent des "actions reconductibles". Une décision devrait être prise mercredi prochain.

A compter du 12, "le mouvement peut prendre une nouvelle configuration sur la base de décisions prises par les salariés, avec des formes d’action multiples", selon Bernard Thibault.


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