Crise politique, crise sociale : la force de l’épreuve (Gauche Unitaire)

dimanche 24 octobre 2010.
 

La confrontation entre le pouvoir et le mouvement social change de nature.

Jusqu’alors la politique du premier consistait à afficher une fausse indifférence face au second : la réforme est aussi juste que nécessaire, les manifestants peuvent bien s’égosiller rien à y changer !

La propagande se développait mezzo voce dans divers registres. Hypocrite, de la part des répétiteurs mécaniques des fiches préparées par le conseiller « social » de l’Elysée Raymond Soubie : il est normal que les Français expriment leur inquiétude face à une grande réforme, ils finiront par comprendre que c’est pour leur bien… Cynique, spécialité des colonnes du Figaro : derrière cette fronde corporatiste, on devine la main cachée du Parti socialiste (sic) ! Insidieuse, domaine de certains éditorialistes du Monde : l’un pour expliquer que cette réforme courageuse souffre d’un déficit d’explication, l’autre pour avertir les syndicats qu’à jouer la grève reconductible ils vont se trouver dans la situation de la chèvre de Monsieur Seguin…

Mais voici que les grèves reconductibles se généralisent. Et donc le loup sort ses crocs.

L’efficacité de la pseudo indifférence ayant fait long feu, à présent la brutalité !

Celle des mots de toujours en ces circonstances, à présent ressortis du placard : les casseurs qui se cachent derrière les lycéens, les éléments extérieurs qui bloquent les raffineries, les grévistes qui prennent en otage la population (et les intérêts des patrons), ce qui justifie les réquisitions pour assurer la continuité de l’économie… Matraques et flashballs en main, on lâche les chiens de garde, quitte à blesser un gamin à la porte de son lycée.

Il est vrai qu’avec l’entrée de la jeunesse dans la mobilisation et les blocages opérés par les personnels des raffineries, les cheminots, les routiers, et bien d’autres secteurs, on passe aux choses sérieuses. Tant que les salariés cessent le travail pour manifester, ce sont d’abord eux qui perdent de l’argent, et il suffira d’un peu de temps pour les étouffer. Mais lorsque c’est la grève générale qui se dessine, ce sont les intérêts de la classe dirigeante qui sont atteints. Et là, dit le pouvoir à sa solde, on ne plaisante plus !

Sarkozy répète : « Je ne cèderai pas ! ». Fillon, Hortefeux, Woerth, Besson, Lemaire, et consorts relaient : le président est inflexible, donc il ne cèdera pas…

Demain, 19 octobre, les travailleurs, la jeunesse, le peuple, avec encore davantage de puissance, vont dire : « Nous ne cèderons pas ! ».

Donc l’épreuve de force se durcit pour de bon. Et le pouvoir va de plus en plus recourir à la répression violente.

Face à lui, une force grandissante doit s’affirmer, imposant le retrait de cette réforme injuste. Et, maintenant, le renvoi d’un gouvernement et d’une majorité qui vont s’en trouver davantage délégitimés.


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