NPS : un courant socialiste pour quel objectif ? (28 novembre 2006)

vendredi 24 décembre 2021.
 

Depuis 4 ans, un nouveau "courant" socialiste est apparu. S’affirmant porteur de la rénovation des pratiques et du programme, il s’est doté d’un nom ambitieux : NPS ( Nouveau Parti Socialiste). Fondé par Julien Dray, Arnaud Montebourg, Harlem Désir, Vincent Peillon, Benoît Hamon, Gérard Filoche... ce courant du parti socialiste a reçu ensuite le renfort d’Henri Emmanuelli et Marc Dolez.

1) Explosion de la Gauche socialiste et création du NPS font partie de la même séquence

Je ne connais pas les arcanes parisiennes. Cependant, l’analyse politique me paraît claire.

Il faut avoir en tête le contexte interne au PS après les présidentielles perdues de 2002 pour comprendre politiquement la naissance du NPS.

François Hollande, premier secrétaire national du PS, cherche alors à casser la Gauche Socialiste qu’il considère comme un obstacle sur sa route vers la présidentielle 2007. Cette Gauche Socialiste organisée dans les clubs Pour la République Sociale :

- est structurée dans les départements par un encadrement politique souvent marqué par l’expérience des années 1968 ou actif comme syndicaliste de lutte

- comprend une majorité de militants qui peuvent être caractérisés comme anticapitalistes. Leur capacité à porter les textes et amendements est très importante et homogène lors des débats du parti.

- avance systématiquement une orientation gauche pour les congrès et une pratique politique ancrée dans les luttes, par exemple en ce qui concerne le soutien aux luttes ouvrières et la défense des services publics.

Un cours nouveau pour l’action socialiste (texte de la Gauche socialiste pour le Congrès de Rennes en novembre 1990)

Pour un nouveau traité européen ( texte Gauche socialiste pour la Convention nationale PS de L’Haÿ-les-roses les 30-31 mars 1996 sur la "mondialisation, l’Europe et la France")

ETAT D’URGENCE SOCIALE - POUR UNE AUTRE COHERENCE (motion de la Gauche Socialiste pour le Congrès de Brest 23 novembre 1997)

Convention socialiste Entreprise (novembre 1998) : Les six amendements présentés par la Gauche Socialiste

Convention nationale sur l’entreprise : 26% POUR LES AMENDEMENTS DE LA GAUCHE SOCIALISTE(article de 1998)

Traité d’Amsterdam : Intervention de Yann GALUT à l’Assemblée Nationale le 25 novembre 1998

Traité d’Amsterdam : Intervention de Julien Dray à l’Assemblée Nationale le 25 novembre 1998

La "méthode Jospin" en question Les réformes en panne (article de décembre 1998)

Convention socialiste (27 et 28 mars 1999) Nation Europe : Sept amendements de la Gauche Socialiste

DÉMISSION D’OSKAR LAFONTAINE : LA GAUCHE EUROPÉENNE AU CARREFOUR (texte de mars 1999)

RUPTURES ( texte Gauche Socialiste pour le 4ème Congrès du M.J.S. à Tours les 17, 18 & 19 décembre 1999)

Amendements au projet du Parti Socialiste pour 2002 (Gauche Socialiste)

- est dirigée nationalement par une équipe très disparate aux objectifs personnels divers.

François Hollande a compris cette caractéristique et organise dès le lendemain du 1er tour des présidentielles 2002 l’explosion de cette direction de la Gauche Socialiste ; objectif réussi fin août lors de l’Université d’été de Nantes.

L’alignement de Julien Dray sur la stratégie américaine après le 11 septembre 2001 et l’explosion de la Gauche Socialiste

Julien Dray et "Le cirque de la Gauche socialiste" lors de son Université d’été de Nantes en août 2002 ( par Pierre Broué)

Une fois la Gauche Socialiste cassée, le terrain est libre pour les manoeuvres à 10 bandes caractéristiques du PS. Pour gagner son investiture en 2007, Hollande mise sur son quota au sein de la majorité et sur un flanc "rénovateur" : le Nouveau Parti Socialiste.

2) La création du NPS

Dans son orientation, il insiste essentiellement sur :

- la rénovation des pratiques du parti

- la refonte des institutions de la 5ème république

- le rôle des services publics

Sa base sociale est hétérogène, comprend des éléments gauche mais est essentiellement structurée autour d’élus et aspirants élus, encadrement habituel des courants sociaux-démocrates.

NPS naît à l’automne 2002 au moment où la Gauche Socialiste explose. Le rapprochement entre ce qu’il en reste autour de Mélenchon et les emmanuellistes, poperénistes crée plus de problèmes qu’il n’en résout. La naissance et la force de NPS ne peuvent s’expliquer hors de ce contexte de faiblesse conjoncturelle de la gauche du parti, laissant place à quelques "leaders" dont l’objectif est plus tactique interne au PS que réellement politique.

Son positionnement interne au Parti Socialiste est surtout marqué par les scissions dues aux intérêts divergents de ses principaux animateurs nationaux.

La première scission de NPS advient au travers d’un dur conflit entre Montebourg et Peillon d’un côté, Dray et Désir de l’autre ( ces derniers quittent le navire et rejoignent la majorité).

Lors du dernier congrès, NPS vit deux scissions :

- celle d’une bonne partie de sa gauche autour de Gérard Filoche et Marc Dolez qui vont regrouper leur réseau dans Forces Militantes pour la Démocratie et le Socialisme

- celle du réseau "canal historique" de NPS comprenant d’une part des éléments de la gauche du parti refusant la synthèse, d’autre part le réseau personnel d’Arnaud Montebourg. Ce groupe prend pour nom : Rénover maintenant

Lors du débat sur l’investiture socialiste pour les présidentielles, le courant se divise à nouveau :

- Vincent Peillon rejoint Ségolène Royal.

- La majorité des cadres de NPS appelent à voter pour Laurent Fabius : Benoît Hamon, les emmanuellistes...

- Parmi les ex NPS, Arnaud Montebourg commence par se positionner comme le critique le plus dur de Ségolène Royal et le plus capable de la combattre, puis il devient son porte-parole.

- Les socialistes rénovateurs conséquents de Rénover maintenant, regroupés contre la synthèse du Mans, refusent ce ralliement-reniement d’Arnaud Montebourg et soutiennent Laurent Fabius ; une partie d’entre eux créent Rénover dans la fidélité, présents comme observateurs au dernier CN de PRS.

- Les autres ex NPS (Filoche, Dolez...) soutiennent Fabius.

Au sein de NPS maintenu, un nouveau conflit s’est développé la semaine dernière ( du 21 au 26 novembre), suite à la convocation unilatérale d’une réunion nationale NPS par Peillon et ceux qui ont rejoint Ségolène Royal pour le dimanche 26 novembre au Musée social.

La direction du courant auquel Vincent Peillon ne participait plus depuis plusieurs semaines a appelé, elle, à une réunion nationale le même jour, dans un restaurant parisien.

Dans de telles conditions, la scission entre partisans de Ségolène Royal et défenseurs de l’identité NPS est probablement consommée. Mais NPS va se retrouver orphelin de ses trois principaux fondateurs ( Montebourg, Dray, Peillon) qui ont, tous trois rejoint les ségolénistes.

Quel que soit l’avenir de NPS, je me permettrai de noter les dégâts occasionnés dans de larges couches de militants socialistes sincères par toutes ces scissions successives essentiellement marquées par les buts personnels de dirigeants nationaux.

Globalement, NPS a cependant réussi ce pour quoi il avait été créé :

- faire exploser la gauche du parti et en écoeurer les militants anticapitalistes sincères qui étaient devenus dangereux dans le cadre unitaire de la Gauche Socialiste.

- préparer les habits ministériels de ses dirigeants les plus facilement intégrables au social-libéralisme : Peillon ? Hamon ? Montebourg ? Dray ? Batho ? ...

3) CONCLUSION

Les ravages des manoeuvres tacticiennes de Hollande et des dirigeants du NPS ont provoqué de tels ravages au sein des militants anticapitalistes du PS que beaucoup d’entre eux ont aujourd’hui déchiré leurs cartes et observent hors de cette organisation ce que deviennent leurs ex-camarades de la Gauche Socialiste dont ils sont orphelins.

Jacques Serieys


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