Mouvement social : l’instant est crucial (Christian Picquet, Gauche Unitaire)

jeudi 28 octobre 2010.
 

Dans la bataille des retraites, chaque camp regroupe maintenant ses forces… Le marais des « indécis » se réduit progressivement, comme peau de chagrin…

Du côté du pouvoir, la ligne de conduite paraît claire : parier sur la désagrégation de la pression populaire à la faveur des congés scolaires ; après avoir lancé ses argousins contre la jeunesse en révolte ou contre les blocages de dépôts de carburant et les raffineries occupées (telle celle de Grandpuits, en Seine-et-Marne, vendredi dernier), jouer la carte de la loi et de l’ordre, selon une méthode confirmée pour tenter de retourner l’opinion ; miser sur l’éclatement à terme du front syndical, qu’éditorialistes de droite et zélateurs de la pensée unique n’ont de cesse de pronostiquer.

En face, néanmoins, la détermination ne faiblit aucunement. À preuve, la journée du 19 octobre aura réuni autant de monde que la précédente, voire davantage dans bon nombre de villes. Si l’on tient compte du fait que les défilés ne rassemblent pas toujours les mêmes participants, on peut d’ores et déjà affirmer que nous sommes en présence de la plus puissante mobilisation sociale que le pays ait connu depuis 1995 et, sans doute, depuis 1968.

Un constat qu’il faut rapporter à la puissance et aux ramifications d’un mouvement que les grands médias ont du mal à apprécier dès lors que, s’il touche les secteurs les plus variés, il fluctue, se cristallise en une succession de temps forts, se renforce régulièrement de l’arrivée de nouvelles fractions du salariat, se manifeste en actions de blocage de la vie économique, construit sa permanence à travers une multiplication de grèves tournantes au plan local, a fini par toucher la jeunesse lycéenne, commence à s’étendre aux facultés (qui organisent, ce mardi 26, leur première journée d’action).

Un mouvement généralisé mais « rampant »

MM. Sarkozy et Fillon peuvent bien faire assaut de promesses de fermeté, répéter en boucle que, leur projet voté, il deviendra « la loi de la République », l’activité hexagonale tourne désormais au ralenti. Nous ne sommes plus en présence d’une « grève par procuration », conduite par des bastions du public, à l’instar de la SNCF en 1995. Des entreprises fraîchement privatisées sont entrées dans la bataille en dépit des échecs essuyés ces dernières années (au point que la direction d’EDF se voit contrainte d’admettre une chute de la production d’électricité), les ports et docks sont affectés par de puissantes mobilisations, les raffineries sont totalement paralysées, les chauffeurs routiers occupent par intermittence les routes tandis que les traminots cessent à tour de rôle le travail, territoriaux ou éboueurs sont dans l’action en de nombreuses cités, personnels de la santé ou de l’Éducation nationale lient la défense de la retraite à 60 ans à leurs propres revendications en faveur du service public, le privé est entré dans la danse, par exemple dans l’automobile ou l’aéronautique (j’en ai la démonstration régulière dans ma région Midi-Pyrénées). Il convient, en outre, de souligner des expériences locales hautement significatives de l’état incandescent du pays, telle celle de l’intersyndicale qui, au Havre, dirige en permanence la confrontation avec les gouvernants, allant jusqu’à organiser chaque jour une assemblée générale interprofessionnelle.

Se repaître d’incantations à la grève générale, ou encore invoquer un « Mai 68 du XXI° siècle », comme le fait Olivier Besancenot (je ne dis pas cela par souci polémique, mais parce qu’il est indispensable de bien apprécier une réalité inédite), n’a toutefois guère de pertinence pour contribuer à construire des repères collectifs efficients, permettant aux acteurs sociaux de se doter d’une stratégie de lutte adaptée. Une grève générale, au sens que le mouvement ouvrier donne à l’idée depuis ses origines, c’est-à-dire la paralysie du pays par l’implication, au même moment et sur la durée, de dix ou quinze millions de travailleurs, se révèle plus difficilement atteignable que par le passé. La période voit chômage et recul du pouvoir d’achat peser lourdement sur la vie des salariés (donc sur leur participation à des engagements de cette nature), le monde du travail se trouve pour une large part disséminé dans une kyrielle de petites entreprises (pour beaucoup sous-traitante de grands groupes) caractéristique du nouveau capitalisme, l’organisation syndicale s’est vue profondément affaiblir par cette réorganisation du procès de travail, la radicalité contestataire de nombre d’acteurs sociaux ne se prolonge pas en un projet socialiste crédible à une large échelle. Dans une semblable configuration, c’est un mouvement généralisé mais « perlé », un 68 en quelque sorte « rampant » (pour paraphraser une notion née en Italie aux lendemains du Mai français) qui tend à se cristalliser pour relever le défi civilisationnel auquel toute la société se trouve confrontée.

Une dynamique proprement politique

Ce qui n’altère en rien sa dynamique directement politique. D’ores et déjà, la confrontation sociale dépasse, et de très loin, la seule question des retraites. Ou, plus précisément, ladite question des retraites concentre tous les problèmes de l’heure : le refus de voir purement et simplement détruit le système de protection sociale hérité du programme du Conseil national de la Résistance, l’attachement à des services public de qualité protégeant le plus grand nombre du déchaînement de la trop fameuse « concurrence libre et non faussée », la révolte devant une répartition de plus en plus inégalitaire des richesses, le rejet d’un capitalisme dont chacun peut constater que son ressort intime est l’avidité sans bornes d’une poignée d’actionnaires et de spéculateurs.

C’est d’ailleurs dans la mesure où l’avenir apparaît en jeu que, à la surprise des élites et des commentateurs, la jeunesse scolarisée a fini par rejoindre le syndicalisme ouvrier dans la contestation de la loi Sarkozy-Woerth, bien que la retraite ne se pose pour elle… que dans 50 ans (comme les figures de l’UMP croient habile de l’expliquer en chœur). C’est exactement pour la même raison que, loin de ne radicaliser que les secteurs d’ordinaire en pointe des affrontements de classe (comme se crut autorisé à l’écrire le directeur de Libération, Laurent Joffrin, le lundi 18 octobre), la confrontation en cours voit les travailleurs les moins marqués par de très fortes traditions de lutte se distinguer, à l’image de ces routiers qui auront eu vite fait de percevoir quelle serait leur existence avec le report de l’âge de leur départ en retraite. Et cela aura fini, au fil des semaines, par transformer une crise sociale en une crise politique majeure, privant la majorité élue en 2007 de la moindre légitimité pour mener à bien une orientation en tout point antagonique à l’intérêt général.

L’une après l’autre, les enquêtes d’opinion révèlent cette fracture sociale, politique et morale. Le 20 octobre, Libération publiait par exemple un sondage hautement révélateur, où huit Français sur dix exigeaient que le pouvoir renégocie son projet (ce qui signifie qu’il n’en restait que deux sur dix pour considérer que ledit projet était bon), où près de sept d’entre eux sur dix désapprouvaient la stratégie de tension du président de la République, une identique proportion approuvant les grèves et les manifestations. Sur fond de tourmente affectant et discréditant un capitalisme globalisé et financiarisé à l’extrême, Nicolas Sarkozy paie ici, tout à la fois, la démagogie mensongère de sa campagne présidentielle, des décisions uniquement déterminées par les exigences des banques et du CAC 40, son intimité avec le petit monde de l’affairisme débridé et sans scrupules.

Le sociologue du travail Henri Vacquin, hier encore thuriféraire d’un libéral-syndicalisme, avait des mots justes pour décrire, dans Le Monde daté du 21 octobre, le changement de climat en France : « L’Élysée et le gouvernement se sont trompés de guerre. Ils ont mené la réforme des retraites de 2010 comme en 1993 ou en 2003, avec un peu moins de concertation. Ils ont simplement oublié un fait colossal : la crise de 2008. Après 30 ans de mutations du travail et de l’emploi, vécus avec fatalisme, cette crise a suscité dans l’opinion, à côté du sentiment d’injustice, un sentiment d’immoralité des valeurs qui ont porté l’ultralibéralisme : la rapacité au gain comme moteur de l’histoire, l’individu au détriment de l’appartenance collective, et, dans l’entreprise, le supposé contrat qui met à égalité de dignité le dirigeant et le dirigé. »

Autant dire que l’attitude présentement retenue par le sommet de l’État, dans l’objectif de briser les reins du mouvement social pour des années, s’avère à très hauts risques, source d’une possible révolte globale difficilement maîtrisable par ceux qui l’auront provoquée. Elle n’aura pas réussi à freiner l’élan populaire, au long de sept semaines où l’intersyndicale est, d’une certaine manière, devenue l’incarnation des inquiétudes et des aspirations de la société. Elle aura, pour ce même motif, les plus grandes difficultés à casser l’unité des confédérations, celles qui pourraient s’y montrer disposées n’ayant rien à négocier de substantiel avec un gouvernement intransigeant et se trouvant elles-mêmes contraintes par l’intensité de la colère du pays. Plus, elle risque maintenant de susciter une onde de choc à l’échelle de toute l’Union européenne, ce dont témoignent les déclarations de solidarité qui commencent à éclore de la part de diverses organisations syndicales du continent.

On comprend l’inquiétude croissante de certains cercles de l’UMP ou de milieux patronaux qui commencent à inciter le clan sarkozyste à ne pas trop jouer avec le feu. On s’explique également que les citadelles financières internationales se sentent obligées de se porter à la rescousse de notre petit monarque élyséen, à l’instar du Wall Street Journal consacrant rien moins que l’un des ses éditoriaux au « cas » français, d’où il ressort que la casse de la retraite à 60 ans constitue un impératif aux yeux des marchés et des agences de notation à leur service. Si telle est bien la nature de l’épreuve de force qui se noue en ce début d’automne, il importe d’aborder sans dérobades les trois questions clés dont dépend, in fine, l’avenir de ce mouvement historique.

Construire l’épreuve de force sur la durée

La première d’entre elles porte sur la nécessité, impérative, de bâtir un mouvement sur la durée. À partir du moment où la droite entend passer en force, sans toutefois disposer de l’appui dont elle aurait besoin dans l’opinion pour parvenir à ses fins, le combat doit se donner les moyens de tenir au-delà du vote des Assemblées, censé marquer la fin du match.

Certains dirigeants syndicaux, du côté de l’Unsa ou de la CFDT, sans parler de la CFE-CGC, ont à cet égard indiqué que la décision de la majorité du Palais-Bourbon et du Palais du Luxembourg ouvrirait une nouvelle phase. Le numéro deux de la CFDT, Marcel Grignard, va jusqu’à expliquer, dans Le Monde du 23 octobre : « Notre responsabilité comme syndicalistes est de construire des compromis qui fassent sens, pas de remettre en cause la légitimité parlementaire ou politique. » Les ténors de l’UMP tentent de s’engouffrer dans cette brèche potentiellement ouverte, lorsqu’ils martèlent que la légalité dans laquelle a été désignée l’Assemblée nationale se confond avec la légitimité dont celle-ci disposerait pour avoir le dernier mot sur la rue.

Sauf que la désignation d’une majorité politique ne lui confère pas tous les droits. Elle n’est pas synonyme de chèque en blanc sur tous les sujets et en toute circonstance. Sinon, à quoi bon reconnaître, dans la Constitution, le droit de faire grève et de manifester ? Ne s’agit-il pas de moyens de faire changer les décisions des gouvernants ? Doit-on ignorer que le texte dont on prétend faire la loi commune n’avait fait l’objet d’aucun engagement de la campagne menée devant les électeurs en 2007 ? Au demeurant, si l’on parle de légitimité, il en est une qui se voit ouvertement bafouée, c’est celle des organisations représentatives de la démocratie sociale. La philosophe Cynthia Fleury est, de ce point de vue, fondée à relever, dans Le Monde des 24 et 25 octobre, que l’on « est dans l’erreur si l’on pense que la démocratie, c’est d’un côté un pouvoir représentatif, seul légitime, et de l’autre côté une foule. Même si le gouvernement affirme qu’il a orchestré la négociation, il ne l’a pas orchestré jusqu’au bout, c’est-à-dire qu’il a refusé de reconnaître la valeur, la nécessité, la légitimité des acteurs publics que sont les syndicats, les partis politiques, les associations ».

Aujourd’hui, l’écrasante majorité du pays exprime ostensiblement son refus de la loi. Il est dès lors parfaitement justifié de considérer que la majorité des élus s’avère discréditée par son obstination à ne pas écouter le peuple. Que ce qu’elle fait, la rue et la grève peuvent légitimement le défaire, puisque tel est l’unique moyen de faire prévaloir la volonté générale. Après tout, n’existe-t-il pas, sur le sujet, une « jurisprudence Chirac » ? En 2006, contraint de prendre acte de son isolement, le président de la République avait promulgué la loi instaurant le contrat première embauche, tout en annonçant… qu’il ne l’appliquerait pas !

Cesser le combat sous prétexte que la représentation légale du pays a tranché reviendrait à bafouer l’exigence majoritaire des citoyens. Jusqu’au bout, par-delà même la ratification du Conseil constitutionnel à la mi-novembre, l’exigence devra donc demeurer le retrait, l’abandon, la non-promulgation, l’abrogation d’un texte à tout point de vue régressif. Il s’impose, pour cette raison, non d’organiser le repli, mais de généraliser le mouvement, de le construire sur le temps long, de l’élargir encore et toujours, de l’enraciner, de l’adosser à des intersyndicales locales à même de coordonner l’action interprofessionnelle.

Pérenniser et renforcer l’unité

Deuxième question, la préservation de l’unité de la mobilisation. L’existence du « G8 » syndical aura été son principal atout. Peu aura finalement importé que les organisations de celui-ci divergent, parfois très substantiellement, sur les solutions à apporter au déficit du système des retraites. C’est parce qu’elles ont été capables d’opposer leur front uni à la morgue des éminences gouvernementales que le mouvement populaire aura revêtu l’ampleur qu’on lui connaît. On peut même dire que c’est le facteur ayant octroyé à cette intersyndicale une incontestable autorité de direction de la mobilisation, autorité qui se prolonge actuellement en tendance à la resyndicalisation de milieux jusqu’alors peu réceptifs au discours sur l’organisation des travailleurs. En retour, c’est la puissance du mouvement qui a permis à l’union de se maintenir, bornant les tentations récurrentes de la faire exploser, sur les formes d’action comme sur les objectifs des journées nationales. On en arrive maintenant à une situation, au fond des plus positives, où la centrale qui descendrait la première du cadre unitaire le paierait d’un prix considérable.

C’est si vrai que la CFE-CGC, après avoir indiqué que le 19 octobre constituerait son ultime manifestation, aura dû demeurer aux côtés des autres fédérations et confédérations. C’est si vrai également que le débat sur la stratégie à mettre en place – en particulier, à propos de l’objectif d’une grève générale interprofessionnelle – quelle qu’ait été son importance, n’aura pas provoqué la scission, espérée par certains, entre « radicaux » et « modérés ». Cette réflexion, recoupant en réalité le problème de la construction d’un mouvement généralisé à même d’instaurer le meilleur rapport de force face à la coalition UMP-Medef, n’était évidemment pas sans implication. Mais elle fût tout simplement devenu sans objet si la division syndicale avait brisé net l’élan populaire, créé du même coup le désarroi dans les rangs du salariat, engendré l’immense découragement d’un peuple dressé contre l’injustice et les privilèges.

Au soir du 19 octobre, le « G8 » aura par conséquent résisté aux pressions qui montaient de toutes parts pour le faire exploser. Il lui faut maintenant se pérenniser, au-delà du 28 octobre, au-delà même du 6 novembre, et trouver les ressources pour que les débats en son sein débouchent sur une clarification positive. Je me garderai bien de me placer dans la posture du donneur de leçons, qui n’a jamais vraiment profité à ceux des responsables politiques qui l’auront adoptée. Je me contenterai de formuler deux idées. Il serait sans doute utile que l’unité réalisée à l’échelon national fût relayée, dans le plus grand nombre possible de villes, de fronts syndicaux disposant de la représentativité suffisante pour coordonner l’action de tous les secteurs entrés dans la bataille. De la même façon, c’est l’ancrage du mouvement, au niveau des entreprises et des branches professionnelles, qui pourra le mieux conforter l’intersyndicale en offrant aux salariés les moyens de diriger démocratiquement leur combat et d’en déterminer les modalités. Œuvrer à une gauche à la hauteur La dernière question tient, on l’imagine, au débouché politique dont la confrontation sociale a le plus impérieux besoin.

Devant ce qui apparaît comme un soulèvement de la société au nom du bien commun, la gauche tout entière doit donner de la voix, hausser le ton. D’aucune manière, l’heure n’est à la recherche d’une « sortie de crise » qui s’assimilerait à un renoncement exigé des grévistes, des bloqueurs et des manifestants. Elle n’est pas davantage à la dénonciation d’on ne sait quelle « mélenchonisation » de la gauche, pour reprendre les termes d’un Manuel Valls qui n’a manifestement pas pris la mesure du changement brusque de contexte. Même si les projets divergent, aucun parti progressiste ne peut, sauf à tourner ostensiblement le dos à ses mandants naturels, devenir la roue de secours des marchés, des élites libérales européennes ou du Fonds monétaire international. En cette semaine charnière, le besoin se fait plus fort d’une gauche marquant sa solidarité concrète avec le mouvement social. Ne se laissant pas impressionner par les objurgations de la droite. Osant dire que ce gouvernement et cette majorité ne possèdent plus la moindre légitimité pour mettre en œuvre leur contre-réforme, que l’abandon de celle-ci s’impose et que, s’ils s’obstinent, il faudra les contraindre à plier bagages… Sans attendre 2012… Et le plus tôt sera le mieux…

Quitte à susciter parfois l’étonnement, notre Gauche unitaire milite, vous le savez, pour de nouvelles élections générales (autrement dit, pour que l’Assemblée élue en 2007 remette en jeu son mandat), parce qu’elle considère qu’en un pareil moment de crise, c’est au suffrage universel de trancher le choc de deux France aux intérêts si manifestement opposés. Libre à chacun de ne pas nous suivre dans cette conviction. En revanche, rien ne justifie que toute la gauche, sans exception, ne se retrouve pas dans un commun soutien à la mobilisation populaire et autour de l’exigence de l’arrêt immédiat de la procédure de ratification de la loi Sarkozy-Woerth. Pourquoi d’ailleurs ne pas envisager un grand meeting, cette semaine, où chacun s’exprimerait sans renoncer à ses propres positions, mais unirait sa voix aux autres partis pour apporter, à celles et ceux qui se battent, un élément précieux de dynamisation de la lutte ? En quoi ce qui se révèle possible dans le syndicalisme ne le serait pas du côté de la gauche politique ?

Au-delà, il va de soi que le débat sur l’alternative prend dorénavant une nouvelle dimension. Le Front de gauche aura su, en l’occurrence, se situer à la hauteur des attentes qui se portent vers lui. L’organisation d’une journée de collectes au bénéfice des grévistes, ce 23 octobre, aura constitué le prologue d’une série d’initiatives, des rassemblements d’élus prévus devant l’Élysée et les préfectures ce mardi 26 à la tournée de meetings envisagée pour les prochains jours. J’étais, pour ma part, samedi, sur le parvis de Beaubourg à Paris, en compagnie de Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon, et en moins d’une heure, nous avions déjà recueilli près de 6000 euros…

Un signe de la popularité du combat engagé pour la sauvegarde d’une conquête fondamentale…

J’en suis de plus en plus persuadé, c’est en s’identifiant visiblement comme l’aile marchante de la gauche, dans le but d’infliger à la droite la défaite cinglante qu’elle mérite avant la présidentielle, que le Front de gauche donnera une impulsion déterminante à sa démarche de « plate-forme partagée ». La profondeur du rejet populaire de la droite et des dévastations du néolibéralisme conforte en effet sa vision de la gauche indispensable à l’avenir : l’espoir renaîtra à la seule condition de s’engager à rétablir le droit à la retraite à 60 ans et à taux plein, d’agir avec résolution en faveur de l’égalité et de la solidarité, de se fixer l’objectif d’une redistribution radicale des richesses pour répondre aux besoins du plus grand nombre, d’afficher sa détermination à gouverner enfin contre les banques et les actionnaires. De plus en plus nombreux sont ceux qui constatent, à la chaleur des événements, que nous avions raison de dire, depuis des années, qu’il fallait bouleverser la donne à gauche…

Les jours qui viennent seront décisifs. Ce n’est vraiment pas le moment de faiblir. Oui, une victoire est possible…


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