Infiltration dans les manifs à Lyon : trois policiers visés par une enquête

vendredi 29 octobre 2010.
 

Pouvaient-ils se faire passer pour des syndicalistes de la CGT au nom d’une opération de rétablissement de l’ordre ? Ce sera à la « police des polices » de le dire. L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie d’une enquête sur l’attitude de deux policiers et de leur supérieur, au terme de la manifestation contre la réforme des retraites, le 19 octobre, à Lyon.

Le préfet Jacques Gérault a annoncé hier qu’il avait demandé cette enquête après avoir appris « mardi matin » ce qui s’était passé à Bellecour. Une vidéo diffusée par le site alternatif Rebellyon (1), qui suscite la polémique dans certains milieux politiques et syndicaux, montre deux policiers portant des autocollants de la CGT, filtrant l’entrée de l’immeuble voisin de la librairie Privat, au numéro 19 de la place Bellecour. Dans le hall derrière eux, des individus font l’objet d’un contrôle d’identité. À ce moment-là, des manifestants surgissent en criant « Libérez nos camarades ! ». Un groupe de sapeurs-pompiers s’avance vers les policiers déguisés en syndicalistes pour leur arracher leurs badges CGT. Quelques minutes plus tard, les policiers en question - qui ne sont pas membres de la brigade anticriminalité, selon le préfet - sont exfiltrés sous la protection de gendarmes mobiles.

Le Progrès a retrouvé l’un des sapeurs-pompiers visibles sur la vidéo de l’altercation. Il s’agit de Jean-Pierre Monnier, membre du bureau syndical CGT des sapeurs-pompiers du Rhône. « C’était vers 14 heures, en fin de manif. Nous sommes venus, alertés par une étudiante qui nous a raconté que des policiers avec badges CGT arrêtaient des manifestants place Bellecour pour les conduire dans cet immeuble. Il y a eu un face-à-face avec eux, on était très remontés et ils ont donné leur identité réelle. On a dit qu’on n’acceptait pas ces méthodes scandaleuses ! Ils nous ont répondu qu’ils avaient dû mettre les badges CGT pour s’extirper d’une situation délicate place Bellecour. Mais ce n’est pas notre problème : s’ils s’infiltrent, qu’ils se débrouillent sans les badges de la CGT, parce qu’il y a des risques énormes d’amalgames avec le service d’ordre (SO) de notre syndicat. Qui dit qu’ils ne se sont pas fait passer pour le SO de la CGT pour interpeller plus facilement les gens ? ». Des sous-entendus qui agacent ce policier : « Arrêtons les fantasmes ! L’infiltration, ça se fait depuis toujours dans le but d’interpeller les casseurs et de sécuriser les manifs. S’il y avait des provocations, ça se verrait tout de suite, surtout avec les vidéos qui circulent de nos jours. » Interrogé hier sur le contenu de l’enquête, le préfet s’est borné à déclarer que son but sera de « vérifier si le comportement de ces policiers est conforme à la déontologie ou pas ». Des sanctions seront-elles prises ? « On n’en est pas là », a répondu Jacques Gérault, en insistant sur le fait que deux des policiers avaient été décorés dans leur carrière pour avoir « sauvé des vies pendant des prises d’otages ».

Nicolas Ballet

(1) http://www.dailymotion.com/video/xf...

http://www.leprogres.fr/fr/region/l...


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