28 octobre : 25000 à Tarbes. Collecte du Front de Gauche.

vendredi 29 octobre 2010.
 

Fatigués mais pas résignés, les salariés se sont une nouvelle fois retrouvés, hier, dans les rues de Tarbes pour dénoncer la réforme des retraites à l’appel de l’intersyndicale CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires et Unsa. Combien étaient-ils en cette période de vacances et veille du week-end de la Toussaint ? Beaucoup moins nombreux que la dernière fois. Les syndicats ont dénombré 25.000 manifestants tandis que la police en a donné 6.500. Un nouvel épisode de la bataille des chiffres à l’aune de l’enjeu de la réforme des retraites. Alors, essoufflement ou simple pause ? Réponse le samedi 6 novembre prochain avec la nouvelle manifestation nationale.

Hier, le cortège qui s’étirait dans toute la rue Foch en direction des allées Leclerc comptait beaucoup moins de lycéens et étudiants, mais de nombreux salariés du privé et du public en vacances ont rejoint leurs collègues en grève. Toutefois, des jeunes Bigourdans, étudiant à Paris ou Bordeaux, comme Mathilde ou Christelle, ont profité de leurs vacances pour venir manifester.

Jeunes inquiets

« Jeunes, nous ne voulons pas cotiser jusqu’à 70 ans », pouvait-on lire sur le petit panneau qu’a brandi Christelle à tour de rôle avec Cécilia. « On s’inquiète de voir la durée de cotisation s’allonger alors même qu’il n’y a pas assez de travail pour les jeunes », explique Cécilia actuellement à la recherche d’un emploi.

« Plus têtu que Sarkozy »

« Les jeunes n’ont pas encore l’esprit collectif mais ils sont plus responsables que nous à leur âge. Les retraites, on en reparlera… Avec les jeunes, ce sera moins organisé mais plus spontané et plus radical », prévient Michel, retraité de l’agriculture de 63 ans, qui en est à sa septième manifestation : « Oh, vous savez, je suis plus têtu que Sarkozy », confie Michel qui trouve normal de continuer à manifester pour les autres au nom de « cette solidarité intergénérationnelle ».

Une solidarité qui ne concerne pas trop Roxane, pour l’instant. Et pour cause, à 15 mois, dans les bras de sa maman Delphine, elle porte un regard surpris sur le cortège qui l’entoure. Institutrice, Delphine est « en vacances et aussi en grève », précise Frédéric, son mari. « Si on manifeste, c’est surtout pour notre fille. On va essayer de laisser quelque chose de mieux à nos enfants que ce qu’on a. »

Moins de monde mais un cortège fourni tout de même, hier, dans les rues de Tarbes, pour dénoncer la réforme des retraites. Les salariés n’en veulent toujours pas.

Tarbes. « J’ai perdu 700 euros mais cela va payer »

Le mouvement social contre la réforme des retraites dure depuis plusieurs semaines et de nombreux grévistes, notamment parmi les secteurs les plus mobilisés, ressentent fortement les pertes de salaire. « Les cheminots des Hautes-Pyrénées se sont mis en grève du 12 octobre au 23 octobre, soit douze jours. Selon les catégories et les salaires, les grévistes ont perdu entre 550 euros et 1.300€ », précise, à notre demande, Hervé Buffat, secrétaire du syndicat CGT cheminots. « Avec 10 jours de grève au compteur, nous suivons de près nos camarades les cheminots », ajoute José Navarro, secrétaire adjoint CGT aux finances publiques. Contrôleur SNCF avec 15 ans d’ancienneté, Sébastien Hourcade, 37 ans, a perdu 700€ dans la bataille. « Ma femme, qui est commerçante, soutient le mouvement mais elle sait qu’à la fin du mois, nous devrons nous serrer la ceinture. Cela tend un peu les relations dans la famille. En plus, comme il faut assurer les piquets de grève de jour comme de nuit, je n’ai pas beaucoup vu mes enfants ces derniers temps, mais c’est à ce prix-là qu’on a une chance de gagner. »

Car pour Sébastien, le plus important, c’est de faire obstacle à « cette réforme profondément injuste. Peu importe, finalement, l’argent que j’ai perdu, je continuerai à me battre même si je dois perdre encore 1.000€ ».

Jean-Marie Lefebvre est géomètre au service du cadastre de la direction des finances publiques. « J’ai fait 9 jours de grève et j’ai perdu 600€, mais ce sacrifice va payer car je suis certain que ce mouvement citoyen va l’emporter. Ceci dit, je ne suis pas le plus pénalisé : je connais une collègue, mère de famille, qui a perdu près de 1.000€ et de nombreux agents à temps partiel qui n’ont pas pu faire grève ou qui ont perdu des journées entières de salaire car dans les impôts, l’employé doit faire grève une journée entière ou rien du tout. »

Le Front de gauche a mis en place une caisse de solidarité pour venir en aide financièrement aux grévistes. Une collecte a été organisée sur les marchés de Tarbes, Vic-en-Bigorre, Lannemezan, La Barthe-de-Neste et, bien sûr, hier, lors de la manifestation. En un week-end, 1.500 euros environ ont été récoltés. L’argent sera reversé à l’intersyndicale pour compenser les pertes de salaire des grévistes les plus assidus. « Nous acceptons toutes les sommes, y compris symboliques. Tous les gestes, même petits, participent d’une solidarité collective. Les gens de peu donnent ce qu’ils peuvent et c’est avec les petits ruisseaux qu’on fait les grandes rivières. Ce n’est pas normal qu’en plus de leur personne, les grévistes paient de leur porte-monnaie », souligne Marcel Cassagne, membre du Parti de gauche.


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