LA GAUCHE DOIT PARLER CLAIR (par Francis Wurtz, PCF)

jeudi 4 novembre 2010.
 

Le mouvement social en cours contre la réforme des retraites que veut imposer la droite impressionne par son ampleur et sa détermination.L’éxigence qui en émerge très majoritairement -le droit effectif à une retraite décente à 60 ans- est claire.Ce qui l’est moins, c’est le positionnement de ce qui est aujourd’hui la principale force à gauche : le PS. C’est ce que vient d’illustrer la polémique déclenchée en son sein par Benoît Hamon affirmant qu’en cas de victoire,la gauche “mettra en débat” la question de l’allongement de la durée de cotisation.La position unanime du PS était jusqu’ici 41,5 années de cotisations en 2020 (loi Fillon),voire plus si la situation financière se détériorait. Benoît Hamon considère avec raison qu’il s’agit là d’un “point de désaccord”avec les syndicats et que l’actuelle mobilisation “interpelle tout le monde”.Il propose donc un léger assouplissement de la position du PS.

Se pose à partir de là un triple problème. Un : Marisol Touraine,en charge de ce dossier au PS, estime que son parti doit “maintenir le cap (car)il en va de la crédibilité globale des socialistes”. Deux:Martine Aubry, elle, accepte l’idée d’une négociation avec les syndicats après 2012, mais celle-ci ne doit porter que “sur les modalités”, non “sur le socle” que constitue la position du PS décidée avant le mouvement social. Trois:Benoît Hamon lui-même ne propose de mettre en débat la question si sensible de la durée de cotisation qu’après 2012…

J’ai pris cet exemple comme illustration d’un problème plus général:alors que se pose d’urgence à toutes les forces de gauche la question de la perspective politique à ouvrir à cette mobilisation populaire exceptionnelle,la clarté des positions sur tous les enjeux majeurs est un impératif catégorique.Jetons à ce propos un regard sur le document adopté début septembre à l’unanimité par le Conseil national du PS sur la politique européenne. On y évoque entre autres la volonté commune au PS et au SPD allemand d’agir pour “le renforcement de la coordination des politiques économiques et sociales au sein de l’Union européenne”.Mais le document reste flou sur le contenu des politiques à coordonner et carrément muet sur la Banque centrale européenne !Et ce n’est pas l’intention affirmée de construire l’Europe “notamment avec nos camarades du Parti socialiste européen” qui va en elle-même apporter les garanties attendues,quand on considère les politiques menées aujourd’hui en Espagne,en Grèce ou au Portugal, ou hier en Allemagne,par des leaders du PSE…

Il ne s’agit pas de polémiquer entre forces de gauche.En revanche,il y a besoin de débattre franchement, au grand jour et sur le fond, avec les acteurs sociaux, les citoyennes et les citoyens,sur les conditions d’un changement réel.La confiance , le rassemblement et le succès sont à ce prix.


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