Public, privé : qui doit gérer l’espace de restitution de la grotte Chauvet, bien commun de l’Humanité ?

samedi 13 novembre 2010.
 

Par VÉRONIQUE LOUIS et JEAN-CLAUDE DUCHAMP POUR LE PG Ardèche

Quinze ans après sa découverte et bien des péripéties, un véritable projet de construction de l’Espace de Restitution de la Grotte Chauvet (ERGC) voit enfin le jour.

Aujourd’hui dans le cadre du syndicat mixte se pose la question de savoir comment et par qui cet « espace » sera géré. D’abord de quoi parle-t-on ? Il s’agit d’un pôle de recherche et d’initiatives pédagogiques autour de l’espace de restitution de la grotte Chauvet, agissant sous l’égide d’un Conseil Scientifique. A cela s’ajoute un pôle de restauration et d’une boutique de souvenirs.

Nous voulons affirmer à cette étape que cet espace de restitution, véritable outil de mise à disposition de tous d’un patrimoine commun universel, doit être géré de manière à en garantir l’accès pour tous, le respect de l’objet en lui-même, les conditions de travail des salariés, la prise en compte de la démarche environnementale liée à l’augmentation du flux de visiteurs dans un secteur déjà saturé. C’est à ces questions que doit répondre le mode de gestion. Pourtant et contre toute attente, le syndicat mixte (50% Département, 50% Région) vient de décider, sans aucun débat public, d’écarter le fonctionnement en Régie Publique au profit d’une Délégation de Service Public dont le délégataire devrait être un opérateur privé. C’est incompréhensible. Depuis plusieurs années c’est le syndicat mixte qui gère ce dossier. Il est devenu propriétaire du foncier pour l’espace de restitution et les investissements sont à plus de 95% publics. Le PG de l’Ardèche condamne cette décision tant dans la méthode, absence de débat et de transparence, que dans le principe. Il demande qu’elle soit revue après organisation d’un débat public.

Si nous sommes opposés à une gestion privée, c’est qu’il nous parait contradictoire de favoriser une rentabilité recherchée par le privé et les enjeux relevant de la gestion d’un espace de cette nature.

De surcroit l’argument selon lequel ce n’est pas aux collectivités locales d’assurer le risque est très léger au regard des multiples exemples où les DSP ont été dénoncées par le délégataire pour cause de faible rentabilité. Naturellement c’est bien l’argent public qui a été appelé pour « éponger » les déficits.

Si nous entendons qu’il n’est pas aux contribuables ardéchois et rhônalpins d’assurer les coûts liés à cet espace, il faut envisager un modèle économique où le restaurant et la boutique de souvenirs, avec gestion privée, seraient appelés à participer au financement de l’espace de restitution. De ce point de vue nous regrettons que ne soit pas rendue publique l’étude qui a comparé les différents modes de gestion ; après tout n’est-ce pas cela aussi qui permettrait de construire des opinions informées ?

Autant on peut comprendre que la boutique et le restaurant soient loués à un gérant, autant la gestion et le fonctionnement de l’espace de restitution, lui-même doit rester public avec du personnel compétent sous statut convenable . Seul ce type de gestion pourra permettre :

* l’accès de tous, dans les meilleures conditions, à la restitution des trésors de la grotte Chauvet

* de développer autour de ces trésors une politique éducative et culturelle ambitieuse en lien avec le tissu associatif local et national

* de profiter de la haute attractivité de la grotte Chauvet pour promouvoir un tourisme culturel et faire connaître le reste du patrimoine ardéchois dans un large rayon autour de la grotte, tout en maîtrisant l’impact environnemental du flux des visiteurs

Nous sommes donc dans l’attente d’un débat sur la base des expertises produites par le syndicat permettant à chacun de se faire une opinion.

En tout état de cause le PG soutiendra et participera à toutes initiatives et manifestations qui s’opposeraient à une gestion privée de l’espace de restitution de la grotte Chauvet


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message