L’accord de défense franco-britannique : le choix de la dépendance et de la guerre ! (par COMMISSION DÉFENSE DU PARTI DE GAUCHE)

lundi 15 novembre 2010.
 

Avec l’accord franco-anglais de défense signé le 2 novembre, Sarkozy n’en finit plus de liquider la stratégie d’indépendance adoptée dans les années 1960 par celui dans les pas duquel il prétend s’inscrire. L’objectif de l’époque était aussi de promouvoir un système international basé sur des nations in(ter)dépendantes, par-delà les clivages idéologiques ou religieux, les « blocs » et autres « civilisations ». On assiste actuellement à une profonde régression.

Mutualisant les matériels militaires à tous les niveaux, cet accord repose d’abord sur une petite logique comptable. Au lieu de prendre l’argent là où il est, le pouvoir a choisi de réévaluer à la baisse les conditions d’une indépendance réelle. D’autres moyens de réaliser des économies existent, comme la relance des négociations internationales de désarmement dans le cadre de l’ONU, mais l’accord n’y fait même pas allusion.

Au lieu de cela, il prévoit par exemple l’interopérabilité des porte-avions et de leurs flottes. Que fera-t-on en cas de divergences face à un conflit ? L’hypothèse n’est même pas envisagée ! Le plus grave réside dans la collaboration engagée aux niveaux de l’élaboration des missiles que de la simulation nucléaire. Comme l’a rappelé Jean-Luc Mélenchon, dans ce dernier domaine « la France a une grande avance technique sur le Royaume-Uni. Elle dispose d’un des programmes de simulation les plus puissants au monde. [...] En prévoyant des outils communs de gestion et de développement des arsenaux, l’accord va permettre à chaque pays de disposer d’informations stratégiques sur l’arsenal de l’autre ».

Plus largement, cette stratégie aveugle est guidée par une conception réactionnaire puisqu’il s’agit toujours de réaffirmer la solidarité de l’ « Occident », dans son volet atlantiste, face aux « menaces » extérieures. Que l’on pense par exemple au choix de créer une « force expéditionnaire » commune, expression directement issue de l’imaginaire colonial ! Si besoin était quinze jours après l’annonce de la participation française au bouclier antimissile américain, il est réaffirmé que le renforcement de la relation anglo-française s’inscrit plus que jamais dans le cadre de l’Otan. L’accord plaide même pour un élargissement de ses missions et de son périmètre. Les deux anciens signataires du Traité de Saint-Malo ruinent donc les espoirs de ceux qui croyaient encore en la possibilité d’une défense européenne indépendante. Liam Fox, ministre anglais de la défense, a sur ce point le mérite de la clarté en rappelant que cet accord ne constitue en aucun cas « une réédition du projet de coopération militaire accrue dans un cadre européen, comme à Saint-Malo, pas plus qu’il n’est question d’une poussée en vue de constituer une armée européenne à laquelle nous nous opposons ».

Au final quand l’Elysée déclare que l’autonomie de décision en matière de défense sera conservée, il s’agit d’une affirmation purement théorique. Certes, pour se limiter à l’essentiel, rien ni personne ne pourra obliger la France à employer l’arme nucléaire. Mais au-delà, en quoi des décisions qui seront nécessairement déterminées par une stratégie soudant la France au bloc atlantiste pourraient être en pratique qualifiées d’autonomes ? Comment deux pays choisissant d’intégrer des pans aussi larges de leur armement pourraient prendre des décisions autonomes ? Il est inacceptable que des décisions aussi graves soient prises sans le moindre débat. Le Parti de Gauche réclame, dans l’esprit de la démocratie républicaine, que le peuple français soit consulté sur cette question.


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