24 heures de garde à vue pour "port de fumigène"

mardi 23 novembre 2010.
 

« J’ai l’impression d’être surtout coupable d’avoir manifesté  ! »

Thomas, vingt-six ans, chômeur. « J’ai été interpellé à la fin de la manifestation du 16 octobre. J’étais dans un cortège plutôt remuant d’un millier de personnes qui avait décidé de se diriger vers l’Opéra Bastille. Au moment où je m’apprêtais à quitter le défilé, deux policiers en civil, sans brassard, m’ont sauté dessus par-derrière sans même me dire qu’ils étaient de la police  ! Je me suis retrouvé jeté contre une voiture puis à terre, la face contre le sol. Ils m’ont relevé brutalement et passé les menottes dans le dos. J’avais la main droite en sang, une épaule amochée et une partie du visage écorchée. Je leur ai dit de se calmer, que ce n’était pas la peine d’être si violents. En guise de réponse, je me suis pris une claque en pleine figure. J’ai crié  : “ça va pas  ! Vous vous croyez où  ?” Un des policiers m’a appuyé alors sur l’œil avec son pouce, si fort que son ongle m’a ouvert la pommette. Leur chef est venu me voir. Il a ouvert mon sac à dos et, vu qu’il n’y avait rien de spécial dedans, a lâché à ses collègues  : “Bon, lui, c’est port de fumigène.” Voilà de quoi je suis accusé, d’avoir tiré un fumigène…

J’ai été emmené au commissariat du 12e, puis du 11e où je suis resté vingt-quatre heures en garde à vue. J’ai été transféré ensuite à la “section d’investigation transversale”, spécialisée dans les bandes, parce que la manif où je me trouvais n’était pas autorisée… J’y ai passé encore vingt-quatre heures, avant d’être transféré au tribunal, avec deux autres personnes, pour une comparution immédiate. Bien sûr, j’ai demandé un délai pour être jugé. Dans son réquisitoire, le procureur a réclamé alors le maintien en détention préventive  ! Son argument  : il était “dangereux” de me laisser dehors en cette période de “radicalisation” du mouvement… Le juge ne l’a heureusement pas suivi, ni d’ailleurs sur sa demande de contrôle judiciaire m’interdisant de participer à une manifestation ou à un rassemblement politique. Au final, je dois être jugé le 30 novembre. Mais j’ai déjà compris que j’étais surtout coupable d’avoir manifesté  ! »

Propos recueillis par L. M.


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