Sommet de l’OTAN : le Léviathan atlantiste se renforce !

samedi 27 novembre 2010.
 

Le sommet de l’OTAN, qui réunissait le 20 novembre à Lisbonne les pays représentant à eux seuls les trois-quarts des dépenses militaires du monde, a offert une synthèse très inquiétante des régressions que le Parti de Gauche n’a eu de cesse de dénoncer, en particulier depuis le retour de la France dans le commandement intégré de l’Otan. L’alliance agressive, mais qui se prétend menacée, a officiellement choisi de se doter du fameux bouclier antimissile qui rend de fait possible toujours plus d’attaques de sa part. À supposer qu’il aboutisse, ce qui est loin d’être fait tant les estimations budgétaires annoncées sont ridiculement sous-évaluées, ce bouclier détruira la notion même de dissuasion, donc la conception strictement défensive de l’emploi du nucléaire, comme nous l’avions rappelé précédemment. Il rend possible des premières frappes de la part de l’Otan, sans compter la multiplication des risques d’erreurs techniques susceptibles de déclencher le feu nucléaire involontairement. Quoiqu’en dise l’Elysée, la dissuasion nationale française risque dans un tel contexte d’être vidée de sa substance. De l’affirmation dans les années 1990 de l’incompatibilité entre dissuasion et défense antimissile à l’alignement sur le point de vue américain de la complémentarité, quel réalignement !

Tout cela pour se « défendre » contre qui, contre quoi ? On ne sait pas vraiment, et c’est là tout l’intérêt du concept nébuleux de « menace » que d’inquiéter l’ensemble du reste de la planète sans ne viser personne en particulier, sauf le jour venu en fonction des circonstances du moment. Si, avec la finesse qu’on lui connaît, Sarkozy a déclaré « la menace, c’est l’Iran », la déclaration finale n’a pas repris cette formule pour satisfaire une Turquie qui avait conditionné son soutien au projet de bouclier.

Quant à la Russie, invitée dans le cadre du sommet Russie-Otan, elle a annoncé qu’elle envisagerait une « étude conjointe » sur ce dossier. Pas assez pour remettre en cause sa diplomatie indépendante, mais suffisant pour ne plus compter parmi les « menaces » potentielles du moment, en conformité avec les prescriptions du nouveau concept stratégique de l’Otan. Mais ce relatif rapprochement entre l’Otan et la Russie demeure précaire puisque la stratégie d’élargissement de l’Otan quelque peu mise en sommeil sera tôt ou tard relancée, l’Otan se définissant plus que jamais comme une alliance globale.

Concernant la guerre d’Afghanistan, le sommet a proposé un retrait des troupes en 2014, objectif farfelu qui répond moins à la situation militaire réelle qu’au calendrier électoral américain. Le mois d’octobre a été celui qui a vu le plus de bombes déversées sur le pays depuis 2001, et les américains envoient pour la première fois des chars lourds : c’est donc bien à un enlisement qu’on assiste. Le meilleur moyen de mettre fin à cette guerre illégitime et ingagnable est d’entamer le retrait dès à présent !

Pour le reste, rien que de très banal. Le traité de défense franco-britannique signé le 2 novembre est confirmé, et dans le même temps le nouveau concept stratégique de l’Otan précise pour la première fois qu’un partenariat stratégique sera mis en place avec l’Europe, qui serait alors un allié militaire en tant que tel. Les ambitions d’une Europe de la défense indépendante n’en finissent plus d’expirer. Enfin, comme on pouvait s’y attendre après la récente victoire des républicains qui bloquent au congrès la signature des traités de désarmement nucléaire, la relance de la dénucléarisation en est restée au stade des mots.

Constant dans ses choix et ses déclarations, le Parti de Gauche réitère son appel au retrait de l’Otan, organisation illégitime et dangereuse pour la stabilité du monde, et continuera à militer pour instaurer une diplomatie multilatérale entre nations in(ter)dépendantes, seule à même de garantir la paix et le progrès pour les peuples du monde entier.


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