Voici ce dont nous voulons discuter ensemble (par Front de Gauche)

lundi 6 décembre 2010.
 

Nous avons décidé d’élaborer le programme partagé du Front de Gauche dans le cadre d’un large processus d’implication populaire. Pour lancer le débat, les composantes du Front de Gauche ont choisi de soumettre sept grandes questions à la discussion. Ensemble, ces thèmes dessinent une alternative globale et concrète au système actuel dont nous voyons bien qu’il est à bout de souffle. Tout au long des prochains mois, de nombreuses initiatives publiques seront prises nationalement et localement sur chacune des ces questions. Nous vous invitons à y participer.

Face à la crise du régime, quelle République ?

La Constitution de la Cinquième République corsète l’expression populaire. Brinquebalante, elle a déjà été révisée 24 fois depuis son origine, sans qu’aucun de ces toilettages ne règle la déficience démocratique qui la caractérise. La présidence Sarkozy a amené ce régime à une crise désormais ouverte. Le peuple ne se reconnaît plus dans ces institutions où le pouvoir personnel du président s‘exerce sans limite au profit d’une petite oligarchie de l’argent.

Le rejet du système est devenu majoritaire. Le pouvoir y répond par une criminalisation accrue de la vie sociale et politique, par une politique du pilori qui s’en prend aux fondements de notre République. Les relations politiques se tendent et le pays vit au rythme du choc entre le président et la rue. Il est urgent d’en sortir et de dire comment nous allons le faire. Quelle Sixième République voulonsnous pour sortir de cette crise ? Comment encourager l’implication populaire dans la vie politique du pays ? 0 politique des boucs émissaires ? Ce sont les débats que nous lançons.

Face à l’échec du Traité de Lisbonne, quelle Europe ?

Le traité de Lisbonne, ratifié au mépris du « non » majoritaire des Français lors du referendum de 2005, était censé sortir l’Europe de la crise. Il l’y a enfoncé davantage. Il était censé rapprocher les peuples. Il les jette les uns contre les autres et nourrit le nationalisme xénophobe. Car ce traité impose les politiques néolibérales qui conduisent le monde dans l’impasse.

Il veut graver dans le marbre la domination de la finance mondialisée qui a provoqué la crise des subprimes et exige un tribut de plus en plus lourd des sociétés humaines. Le traité de Lisbonne devait renforcer les institutions de l’Union. Au final, c’est le FMI qui définit les priorités politiques des gouvernements. C’est lui qui pilote les plans d’aide aux Etats européens attaqués par la finance.

Ce sont ses appels à libéraliser toujours plus ou à reculer l’âge de départ en retraite qui sont recopiés par la Commission Européenne et mis en oeuvre par les gouvernements européens. Il n’y aura pas d’issue à la crise sans un complet changement d’orientation de l’Union. Il n’y aura pas de changement en France sans une autre politique européenne. Comment initier la construction d’une autre Europe au service des peuples ? Doit-on respecter le traité de Lisbonne ? Peut-on refuser les politiques de libéralisation imposées par l’Union ? Quelle alternative peut-on déjà mettre en oeuvre en France ?

Face à l’impasse de la financiarisation, l’argent pour quoi faire ?

Une part croissante de la richesse produite par les travailleurs est captée par le capital financier mondialisé. Des masses considérables de capitaux viennent gonfler une bulle financière qui menace l’économie réelle et ne répond à aucun des besoins de l’humanité.

Cet argent manque cruellement à l’heure de créer des emplois, de revaloriser les salaires, d’assurer le droit à une protection sociale de qualité, de développer des investissements utiles, de satisfaire les besoins sociaux du grand nombre. C’est une autre répartition des richesses qu’il faut imposer pour en finir avec les privilèges d’une minorité qui accumule des richesses colossales.

Nous voulons reconstruire les leviers indispensables pour réorienter cet argent. Quelle révolution fiscale ? Comment concevons-nous le rôle d’un pôle public bancaire ? Quel contrôle démocratique mettre en place ? Quelle politique du crédit allons-nous mener pour des investissements utiles ?

Face à la catastrophe écologique, quelle alternative ?

Aux dégâts du capitalisme dénoncés par le mouvement ouvrier depuis Marx, et dont la crise actuelle nous rappelle qu’ils n’ont rien perdu de leur actualité, il faut ajouter une tare qui à elle seule suffirait à condamner ce système. Nous savons désormais que le développement capitaliste menace les conditions mêmes de la vie humaine sur Terre. La crise environnementale, qui se combine à des crises énergétiques et alimentaires, a commencé : premiers effets du réchauffement climatique, réduction accélérée de la biodiversité, multiplication des catastrophes écologiques (de la plate-forme BP du Golfe du Mexique aux boues rouges du Danube…).

Mais la machine à profits n’entend pas s’arrêter pour autant : la pollution devient une source de revenus pour les « éco-activités » et l’on nous vante désormais le capitalisme vert. « Planification écologique », « nouveau mode de développement », nos propositions portent un dépassement du capitalisme.

Quelle transition énergétique ? Comment relocaliser l’économie et développer de nouveaux échanges internationaux soutenables ? Quelle autre politique agricole ? Peut-on rompre avec le consumérisme ?

Face à l’exploitation, au chômage et à la précarisation, comment changer la place du travail ?

Les deux dernières décennies ont vu près de 10% de la valeur ajoutée passer des poches du travail à celles du capital. Cela représente aujourd’hui 195 milliards d’euros par an ! Dans le même temps les logiques de flexibilité et de précarité ont profondément dégradé les conditions de vie et de travail des ouvriers et salariés. La multiplication des suicides au travail démontre la logique mortifère de cette exploitation effrénée. Pour changer vraiment la vie, il faut changer concrètement la condition des ouvriers, des employés, des salariés. Quels droits nouveaux dans l’entreprise, pour les travailleurs et leurs organisations syndicales ? Quelle politique pour augmenter les salaires ? Comment réduire vraiment le temps de travail et garantir un emploi pour tous ? Quelle protection face au chômage, à la maladie, à la vieillesse : Sécu, retraites ? Comment construire une véritable sécurité sociale professionnelle ?

Face au tout-marchand, quels services publics et biens communs ?

Partout en Europe et dans le monde, sous l’impulsion des néolibéraux, les services publics ont été vendus au secteur privé. Des profits conséquents ont été amassés par quelques-uns mais le service rendu à tous s’est dégradé : hausse des tarifs, fermeture des activités jugées financièrement non rentables, désorganisation provoquée par l’ouverture à la concurrence, inégalité de traitement des usagers en fonction de leur richesse, suppression massives d’emplois. En France, la droite a réduit chaque année les moyens de l’école, de l’hôpital, des transports publics. Elle s’en prend désormais à l’os dur. Le fonctionnement régulier des services publics est menacé : urgences hospitalières dépassées, défaillances des réseaux de transports ferroviaires, école publique mise en danger… Nous aurons donc à rétablir des services publics de qualité, fidèles à leur mission d’égalité, présents sur tout le territoire. Nous voulons aussi assurer l’accès à tous les biens communs : eau, culture, service public de la petite enfance… Quelles frontières pour le service public ? Quelle attitude face aux politiques de libéralisation ? Comment refonder les services publics qui subsistent ? Quelles missions faut-il leur assigner ? Quels nouveaux services publics allons-nous mettre en place ?

Face à la mondialisation capitaliste et aux guerres, quelle politique internationale ?

Les concurrences entre Etats pour le contrôle de zones stratégiques ouvrent une nouvelle période de tensions géopolitiques, de nationalismes agressifs et d’affrontements militaires. D’autant que le monde est dominé par un empire, les Etats-Unis d’Amérique, qui est assis sur une montagne de dettes, dépend massivement d’une ressource qu’il ne produit pas, le pétrole, et entretient une armée de 600 000 hommes à l’étranger pour un budget militaire égal à celui de toutes les autres nations du monde réunies. Les Etats Unis font avancer le projet d’un grand marché transatlantique qui leur permettrait de se subordonner l’Union européenne.

Pour défendre la paix et la coopération entre les peuples, il faut maintenant faire appliquer le droit international et en finir avec les diktats libéraux édictés par l’OMC et le FMI. Comment combattre l’unilatéralisme états-unien ? Comment en finir avec la « Françafrique » et le néo colonialisme ? Comment rétablir l’indépendance stratégique de la France engagée par Sarkozy dans le commandement intégré de l’OTAN ? Quelle perspective pour le respect du droit des peuples aujourd’hui, et en particulier du peuple palestinien ? Comment refuser le bourbier afghan ?

Voici ce dont nous voulons discuter ensemble.

Autres articles sur le programme partagé du Front de Gauche :

Lieux, dates et thèmes des 9 premiers forums du programme partagé du Front de Gauche

Discours de JL Mélenchon sur le programme partagé du Front de Gauche (Fête de l’Humanité)


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