Parisot, les seniors au travail et les 3000 pré retraites pour « pénibilité » chez Renault (G Filoche)

dimanche 12 décembre 2010.
 

« Relevons l’âge de la retraite, cela entraînera une hausse d’activité des seniors » voilà ce se plaisait à dire Laurence Parisot, la « marraine » (elle se présente volontiers ainsi) de la loi Sarkozy-Fillon-Woerth contre nos retraites. La chef du Medef est une fougueuse du travail des seniors, voilà 5 ans qu’elle s’y attache et ne cesse de faire passer des mesures en ce sens. Son rêve, « c’est qu’à 55 ans commence une nouvelle vie professionnelle » pour mettre fin au « faible taux d’activité des seniors en France », fruit, selon elle, « d’une complicité tacite nouée depuis 30 ans entre l’Etat, le patronat et les syndicats ». Elle prétend imiter les autres pays européens en repoussant l’âge de la retraite : « Commençons par aller à 62, 63 ans ; puis 65 ans dans 10 ans ». Elle couvre même cela du prétexte de la lutte contre la discrimination : « Cessons de penser qu’être senior est un handicap. Pour ma part, je refuse de croire que la discrimination soit une politique menée par les entreprises ». C’est pour cela qu’elle est favorable à la retraite à la carte, individualisée par points : « Il faut se donner les moyens d’allonger la durée de vie au travail des seniors, même après l’âge légal de la retraite ».

On rappellera qu’elle avait soutenu, dans une loi Villepin d’avril 2006, le CDE : « le contrat dernière embauche ». Il s’agissait d’autoriser des salariés au chômage à plus de 57 ans de pouvoir faire deux CDD de 18 mois de suite… Ce fut un spectaculaire échec : il y eut moins de 40 CDD de ce type dans l’année qui suivit.

Parisot fit supprimer l’amendement Delalande avec un argument audacieusement à contre-pied : alors que Delalande taxait de façon progressive les entreprises qui licenciaient les cinquantenaires, elle affirma que pour faciliter leur embauche, il fallait faciliter leur licenciement. Aussitôt fait, les licenciements furent facilités… sans embauche. Grâce à elle, le taux de seniors chômeurs augmenta aussitôt.

Parisot poussa aussi à la suppression du droit pour les chômeurs de plus de 57 ans d’être déchargés de l’obligation de pointer au Pôle emploi sous prétexte, selon Christine Lagarde, « qu’à 57 ans ils n’étaient pas « fichus ». Le seul résultat fut d’augmenter le nombre de seniors « en fin de droits ».

Parisot poussa à des « accords d’entreprise en faveur de l’emploi des seniors ». Le gouvernement imposa que de tels accords soient signés dans toutes les entreprises de plus de 1000 salariés avant le 1er janvier 2010 sous peine d’une taxation de 1 % de la masse salariale. Par exemple l’UIC (Union des industries chimiques) a tenu, par accord, à se fixer comme objectif d’augmenter de 5 % le nombre de salariés de 55 ans et plus d’ici fin 2012. Ce fut un beau cas d’interventionnisme étatique : mais Parisot veilla à ce que le contenu des accords ne soit pas contraignant et à ce que les sanctions pécuniaires éventuelles ne soient pas appliquées. Résultat : les entreprises (Rodhia, AGF, LCL..) signèrent des accords avec les syndicats, mais n’en respectèrent ni la lettre ni l’esprit.

Préférant « une évolution dans le management des ressources humaines », Parisot refusa « d’imposer aux entreprises un système de « bonus malus » pour stimuler leur taux d’emploi des seniors : « - Faire partir des seniors, c’est perdre du savoir-faire, c’est passer à côté de transmissions de compétences extrêmement précieuses. (…) Pour autant, je trouve que, surtout en ce moment, il n’est pas normal d’appliquer des sanctions financières aux entreprises qui ne parviennent pas à s’ajuster ». Cette absence de sanction a permis aux entreprises de continuer à licencier à partir de 55 ans.

Parallèlement, Parisot a poussé Wauquiez à mener campagne contre les préretraites : « En fermant le robinet des préretraites financées par l’Etat, nous avons mis fin à cette machine de ségrégation envers les seniors » (sic).

Du coup la régie Renault vient de financer…son propre plan de pré retraites et propose des départs anticipés à 57 ans pour « pénibilité » à 3.000 salariés : ce qu’il y a de bien avec les actionnaires c’est qu’ils sont sans vergogne – comme Laurence Parisot, ils se moquent de la réalité et de nous.

Car tout cela n’est que propagande et fumée :

Car nous en sommes à 60 % de « seniors » sans travail entre 55 et 60 ans. Deux salariés sur trois sont licenciés, inaptes, malades ou chômeurs avant 60 ans ! Si bien que dans la vie réelle, la moyenne d’annuités cotisées pour les retraites n’a pas augmenté depuis Balladur (1993) et Fillon (2003) : au lieu de passer de 37,5 annuités vers 40 annuités, elles s’est abaissée à 36,5 annuités ! Prétendre imposer 41,5 annuités de cotisations en 2012 est devenu une escroquerie. Dans les 2 années écoulées, il y a même une progression considérable du chômage seniors : de 17,5 % à 21 % de chômeurs en plus.

Et contrairement à ce qui est dit, c’est pareil en Europe : l’Allemagne vient de constater que seulement 21,5 % des salariés de plus de 60 ans étaient encore au travail, ce qui remet en cause le projet de passer à la retraite à 67 ans tel qu’il est prévu pour 2029. (Nous c’est prévu en 2018 !)

Alors quel est le sens d’une « négociation sur les seniors » comme le propose Laurence Parisot en pareille situation ? La seule négociation sérieuse c’est d’en revenir au réel et au droit à la retraite à 60 ans, avec des mesures d’âge à 55 ans dans tous les métiers pénibles physiquement et mentalement.

Toute la propagande Medef-gouvernement part en fumée !

Exit le discours Parisot-Sarkozy.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message