Laurent Fabius et Jean Pierre Chevènement en meeting à Vénissieux

lundi 27 mars 2006.
 

En meeting à Vénissieux (Rhône), Jean-Pierre Chevènement et Laurent Fabius ont exprimé hier leur « volonté de rassembler la gauche » face à la droite.

En général, une union se concrétise par un « oui ». Celle de Jean-Pierre Chevènement et Laurent Fabius, elle, est d’abord cimentée par un « non ». Celui que tous deux ont défendu, de façon séparée, à l’occasion de la campagne constitutionnelle européenne. A Vénissieux (Rhône), hier soir, les deux hommes ont partagé une même tribune face à de nombreux militants de gauche réunis au théâtre municipal, en présence du député et maire communiste orthodoxe de cette banlieue de Lyon, André Gérin, et de Bernard Cassen, d’Attac. Avec un but partagé, à l’issue d’une journée riche en manifestations : « Rassembler face à la droite ».

« L’important face à la mondialisation est d’avoir une conscience commune qui rompe avec les seules réponses que semble connaître la droite : le libéralisme et la précarité », s’est insurgé M. Fabius. « Il doit y avoir une place pour la solidarité, pour la volonté, pour de vraies réformes de progrès. Si le mouvement anti-CPE a été aussi bien suivi, c’est parce que les gens, jeunes ou adultes, se rendent compte que l’objectif de ce gouvernement est de précariser la société toute entière. ».

« Extraordinairement irresponsable »

En phase, évidemment, M. Chevènement croit que Dominique de Villepin « joue une partition très particulière qui n’a pour véritable objet que d’asseoir son leadership sur la droite ». Le Premier ministre reste donc « sourd à la protestation de la rue », ce que le président d’honneur du MRC estime « dangereux. « Cette situation est grosse de risques, il faut une renégociation sans préalable ni tabou ». Les militants l’approuvent. « Je ne voudrais pas qu’avec de l’entêtement, on aboutisse à un dérapage ou à un pourrissement, a renchéri M. Fabius. « C’est peut-être ça que cherche le gouvernement... mais c’est extraordinairement irresponsable ».

S’ils se sont retrouvés à Vénissieux, « c’est parce qu’on ne peut pas opérer un rassemblement de la gauche d’un bureau », a expliqué le député PS de Seine-Maritime. Le maire MRC de Belfort aura son rôle à jouer. « J’ai beaucoup d’estime pour Jean-Pierre Chevènement qui est un vrai républicain », s’est enflammé M. Fabius. Oubliés, alors, les griefs de 2002 ? « Il y a eu, au cours du dernier gouvernement, beaucoup de choses qui ont été faites, mais aussi des erreurs et des divisions. Le PS doit maintenant se tourner vers ses alliés potentiels, discuter avec les uns et les autres », a estimé Laurent Fabius.

« Mûrir un projet »

Cela tombe bien, parce que M. Chevènement a beaucoup à dire. « Laurent Fabius a eu le très grand mérite de dire non au projet de constitution européenne », a rappelé le maire de Belfort. « Avec lui, nous avons des convergences fortes sur le modèle républicain, sur sa pertinence et sur le refus du communautarisme. Nous avons la même analyse du capitalisme financier et partageons certaines propositions, même si nous ne sommes pas d’accord sur tout, bien entendu. ».

A propos, ce meeting de Vénissieux n’ouvre-t-il pas la voie à un « ticket » Chevènement-Fabius ? Apparemment, le sujet n’est pas d’actualité. « Il faut se mettre à la hauteur des enjeux et des difficultés qui nous attendent, puis mûrir un projet porteur, créer une dynamique », a posé en préalable le maire de Belfort. Le député de Seine-Maritime, qui sera candidat à la candidature au sein du PS, laissera d’évidence une place à sa gauche à l’ancien ministre de l’Intérieur. Quant à ce dernier, il a simplement répété qu’il ne serait candidat que « par devoir ». Au cas improbable où M. Fabius renoncerait. Où s’il était rejeté par le PS, par exemple.

Transmis par Alain Renaut


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