Hongrie : fonds de pension renationalisés

dimanche 19 décembre 2010.
 

C’est le cauchemar des capitalistes, de Nicolas Sarkozy et de ses amis, et c’est un gouvernement de droite nationaliste qui le fait : des fonds de pension renationalisés !

Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un signal fort. La course de vitesse entre l’extrême-droite et les partisans d’une Europe citoyenne, démocratique, sociale et solidaire est lancée.

En Hongrie, le gouvernement ultra-conservateur de Viktor Orban a décidé de nationaliser un pactole de 11 milliards d’euros, le montant des cotisations des caisses privées de retraite, système concernant aujourd’hui trois millions de personnes, soit une part importante de la population active de ce pays de près de 10 millions d’habitants.

Ces fonds de pension ont été qualifiés par lui de « mauvaises expériences qui nous ont plongé dans la dette jusqu’aux oreilles ».

Conformément aux promesses faites par la Hongrie à l’Union européenne et au FMI, qui lui demande expressément, comme partout ailleurs en Europe, de réduire sa dette publique, le Parlement hongrois a donc approuvé lundi 13 décembre la réintégration des fonds de pension dans le système publique par répartition.

Il faut bien reconnaitre que l’accumulation de ces sommes n’a été possible que grâce à l’augmentation brutale de la dette publique. En effet, ces fonds de pension, mis en place en 1998 par un gouvernement social-démocrate privent le système publique des cotisations et obligent celui-ci depuis douze ans à recourir à l’emprunt afin de se financer pour verser leur retraite aux bénéficiaires des retraites d’Etat.

Pour assurer le succès de son opération qui améliorera sensiblement l’état des finances publiques et diminuera le besoin de financement international, le gouvernement a décidé de pénaliser ceux qui entendent rester fidèles aux caisses privées. Ils perdront donc de facto leur droit au système public. Grâce à cette loi, le budget hongrois pourrait enregistrer d’après des experts, au lieu d’un déficit prévu d’un peu moins de 3% du produit intérieur brut, un excédent de 5% du PIB en 2011.

A l’annonce du projet, la commission européenne s’est évidemment empressée d’exprimer son inquiétude quant au sort des fonds de pension hongrois et sa préoccupation de voir l’argent servir à financer des dépenses courantes, ajoutant en forme d’aveu sur la fonction de ces fonds : « Les fonds de pension privés permettent d’élargir les marchés financiers nationaux, un rôle qu’ils ne pourraient plus remplir si leur viabilité n’était plus assurée ». L’Europe à géométrie variable a encore frappé.

Confrontée à une situation similaire, la Pologne avec la bénédiction de la Commission, a adopté une démarche inverse. Le gouvernement polonais a ainsi obtenu le droit de ne pas prendre en compte dans le calcul de sa dette publique le transfert d’argent public dans les caisses de retraites privées et par là-même la possibilité d’afficher une dette plus faible que de réalité. Brillant calcul d’hypocrite, car en Pologne comme en Hongrie, il faut bien verser des pensions. La Pologne continuera donc à emprunter, le montant des cotisations, détourné par un tel système financier, ne couvrant pas les dépenses.

A présent, les ultra-conservateurs hongrois entendent aller plus loin encore et envisagent de replacer la banque centrale hongroise, la Magyar Nemzeti Bank (MNB), sous tutelle du gouvernement. Le seul gouvernement européen qui résiste au FMI est dirigé par la droite nationaliste ! Vivement, en l’emportant en 2012, que l’autre gauche française reprenne l’initiative.


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