On ne peut vouloir faire battre le Front de Gauche, Jean-Christophe Cambadélis, et demander nos voix pour vous faire élire à la place des nôtres

samedi 22 janvier 2011.
 

Justement ce Jean-Christophe Cambadélis s’est ému à la commande de ma virulence dans les termes que voici dans le journal Libération. Je vous demande de lire et vous verrez ce que c’est qu’un vrai et efficace bureaucrate. Suivant la formule latine « in cauda venenum » : c’est à la fin qu’est le poison. « La virulence de Mélenchon vous inquiète-t-elle ? » demande le journaliste dans un grand moment de précision. Réponse : « Les socialistes étaient déjà des « affameurs du peuple ». Désormais ce sont des assassins, comme vient de le suggérer Mélenchon lors de son hommage à Rosa Luxemburg à Berlin. Où cela va-t-il se terminer ? Jean-Luc file un mauvais coton. On ne peut s’acharner à faire battre les socialistes à la présidentielle puis exiger leurs voix pour les législatives ! Ça ne marchera pas et, au bout, ce sera Nicolas Sarkozy. » Là où ses petits camarades faisaient les malins sur le style : "au deuxième tour Mélenchon nous léchera les mains pour être ministre", comme l’a dit Benoit Hamon, et « il sera sage » comme l’a précisé Jack Lang, Cambadélis n’a rien perdu de son toucher de batte, légendaire pendant sa décennie trotskiste. Direct au portefeuille : les votes aux législatives. Et vice-versa, mon cher Camba ! Quand Jean-Paul Huchon m’a traité de « pire que Le Pen » et Manuel Valls de « danger pour la démocratie » les faces de pierre de la rue de Solferino n’ont pas soufflé mot. C’est en écho à cette tentative de m’assimiler à l’extrême droite, sous couleur de lutte contre le « populisme », que Cambadélis susurre que « Jean-Luc file un mauvais coton ». Lui-même avait avant cela affiché, dans le Figaro, 26 novembre 2010, toute la morgue arrogante de cette direction socialiste qui n’existe que pendue à son demi-dieu des sondages : « Jean-Luc Mélenchon est le caïd du petit bassin. Il tape des mains, montre ses muscles, et tous les maîtres-nageurs -Dieu sait qu’ils sont nombreux dans notre paysage politique !- le regardent en disant : "Dis donc, ce petit, il nage bien, il fait des bulles et met tout le monde à l’écart." Mais dans le grand bain, quelques-uns ont des pointes de vitesse bien supérieures. » Caïd ? « Le grand bain » le PS ? Et le « petit bain » tous les autres ? Tu connais "Perrette et le pot au lait", camarade futur chef du grand bain ?

Si je viens sur cette déclaration à « Libération » c’est que je veux démentir et dénoncer le manipulateur. Je n’ai jamais dit que « les socialistes » en général seraient des « affameurs de l’Europe ». Je l’ai dit à propos du seul Dominique Strauss-Kahn qui, sauf erreur, ne les représente pas encore tous. Et je l’ai dit en référence à sa politique de directeur du FMI. Celle qu’il a imposé à la Grèce, la Lettonie, la Roumanie, l’Irlande, la Hongrie. Je parle de faits. Ensuite je n’ai jamais dit que « les socialistes » en général seraient des assassins. Je l’ai dit à propos de Noske, Scheidemann et Ebert, les dirigeants sociaux démocrates allemands qui ont fait assassiner Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht en 1919 pour briser la révolution allemande. Je n’aurais pas cru que Cambadélis nierait un fait historique dont personne ne discute la véracité. Et surtout pas parce que je tiens compte du fait qu’il l’a lui même enseigné pendant des années dans les « groupes d’études révolutionnaires », les fameux GER, où il faisait la formation des jeunes trotskistes. Jean-Christophe, tu es sur une drôle de pente ! Que tu renies Luxembourg et Liebknecht, c’est ton droit le plus strict. Tout le monde peut et doit sans cesse se repenser. Mais de là à blanchir des assassins comme Noske et les autres, c’est un drôle de pas de franchi. Un peu comme si par haine de Chavez, tu te mettais à blanchir les sociaux démocrates vénézuéliens qui ont fait tirer sur la foule à Caracas. Ou ceux d’Argentine. Et ainsi de suite car les sociaux démocrates, dans le monde, c’est à la fois du bon et du pire que tout, ici et là. Il n’est pas interdit de choisir entre eux.

L’homme qui m’accuse de vouloir « faire perdre les socialistes » parce que je veux leur passer devant, est celui qui a concocté cette stratégie d’alliance privilégiée avec les Verts au premier tour des cantonales contre les conseillers généraux sortants communistes et du Parti de Gauche en Île-de-France. Cette stratégie du bloc au premier tour était jusque là réservée à la lutte contre le Front National. On voit comment tous les éléments de la propagande contre le « populisme de droite et de gauche gna gna gna » se tiennent. J’en souligne la conséquence : on ne peut vouloir faire battre le Front de Gauche, Jean-Christophe Cambadélis, et demander nos voix pour vous faire élire à la place des nôtres. Le conseil général du Val de Marne, par exemple, est bien géré de l’avis de tous. De plus il l’est à gauche et dans l’unité. Vous en étiez d’accord jusqu’à une date récente. C’est-à-dire jusqu’à ce que les Verts Europe Ecologie vous mettent en demeure de remplir leur assiette. Vous présentez des candidats communs verts et socialistes au premier tour partout contre nos sortants. En espérant nous passer devant et nous obliger à voter pour vous au deuxième tour. Vous espérez que ça ne se saura pas ? Et que le crime restera impuni partout, je dis bien partout, où les nôtres l’apprendront ? Les gens de gauche ne tarderont pas à constater que toutes vos déclarations et injonctions unitaires sont du bla bla bla. Ils sentiront la combine, facilement. L’abstention de gauche va encore progresser au deuxième tour. Ils se détourneront. Vous mettez donc en péril la majorité de gauche, et vous avec, à cause de vos combines politiciennes… Pour le coup c’est bien vous qui êtes les idiots utiles des Sarkozistes. Vous ne vous contentez pas de mettre en place une machine à perdre la présidentielle. Vous commencez aux cantonales.


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