Union européenne et pillage des pays en voie de développement

dimanche 23 janvier 2011.
 

Soja, agrocarburants, poissons et crustacés, l’UE fait jouer la main invisible du marché pour priver les peuples pauvres des aliments produits dans leurs pays.

Les politiques agricoles et commerciales de l’UE s’opposent objectivement au droit des peuples de manger à leur faim.

Cela se vérifie dans des secteurs aussi décisifs que la production de céréales, de lait, de viande, de poisson. L’Europe est excédentaire en céréales. Toutefois, cet excédent n’existerait pas si les pays membres de l’UE et la Commission européenne visaient l’autosuffisance en protéines végétales.

Car l’Europe importe près de 50% des protéines végétales consommées par ses élevages de volailles, de porcs et de bovins.

Or, il existe un lien de cause à effet entre les protéines végétales importées pour fournir une alimentation toujours plus granivore au bétail européen et la déforestation de l’Amazonie, sans oublier la spoliation des paysans pauvres d’Amérique du Sud. Cette situation perdure et s’aggrave car les dirigeants européens n’ont jamais voulu opter pour une politique visant l’autosuffisance en protéines végétales.

De ce fait, l’Europe produit plus de céréales qu’elle n’en consomme. Sans conduire de politique de régulation de l’offre au regard de la demande. Du coup, l’Europe est à la pointe de l’actuelle spéculation sur le marché des céréales, qui vient d’aboutir au doublement du prix du blé en deux mois. La facture sera lourde pour les peuples pauvres des pays importateurs. En France, les cours du blé fourrager et des céréales secondaires suivent la même tendance.

Au détriment, cette fois, des éleveurs acheteurs d’aliments composés à base de céréales. Ainsi, le prix de l’orge a quasiment doublé depuis le début de l’été, dans le sillage du blé. Pourtant, l’Europe dispose d’un stock d’orge de 5,4 millions de tonnes bloqué dans les silos depuis sa vente à l’intervention publique de la fin de l’hiver, quand la récolte 2009 ne trouvait pas preneur. La Commission assure la gestion de ce stock. Elle ne veut pas le débloquer pour ne pas perturber les spéculateurs…

L’Europe s’est engagée à intégrer 10 % de carburants d’origine agricole dans les réservoirs de ses véhicules d’ici à 2020. Mais aucun des pays membres n’a l’obligation de produire le moindre litre d’agrocarburant sur son propre sol ni à l’intérieur de l’UE.

Du coup, des firmes capitalistes européennes passent des contrats économiquement déséquilibrés et écologiquement désastreux avec des pays comme le Sénégal et quelques autres pour produire du jatropha, une plante toxique dont les graines huileuses donnent un carburant pour moteur Diesel. Et ces firmes lorgnent en premier lieu les terres irrigables d’Afrique. On imagine le recul à venir des cultures vivrières.

Et que dire de la pêche ? Certes, l’Europe impose des quotas annuels de prises aux pays membres. Mais, avec le concours des États et de la Commission, les grandes pêcheries de l’Union concluent avec les gouvernants de nombreux pays côtiers pauvres, d’Afrique et d’ailleurs, des accords qui débouchent un pillage en règle des ressources en protéines de ces pays. Au point que les pêcheurs sénégalais doivent, eux aussi, exporter leurs plus belles prises dans… l’Union.

Sinon, ils ne couvrent même plus les frais de carburant induits par les sorties en mer toujours plus lointaines.

Auteur : Gérard Le Puill

Source : www.humanite.fr


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message