Le congrès du NPA s’est achevé. Oui, je suis très déçu (février 2011)

jeudi 15 septembre 2016.
 

Pour ce que nous avons à faire, il ne nous apporte rien. Pire. Il nous rend la tache plus difficile. Le final est même assez déprimant. A l’heure où j’écris se prépare une déclaration en vue de « l’unité de la gauche anti capitaliste ». Mauvaise plaisanterie qui commence par exclure le Front de Gauche que les docteurs de la vraie foi jugent impur. Alors quelle est cette « gauche anti-capitaliste » à laquelle s’adresse le NPA ? Qui est ce ? Une fois éliminés le Front de gauche et des partenaires comme la Fase ou les alternatifs, lesquels sont partisans d’un rassemblement général, qui reste-t-il ? De qui parle le NPA ? Si sa formule a un sens concret, il reste Lutte Ouvrière (LO), le Parti ouvrier indépendant (POI). C’est bien ça ? Nous avons bien compris ? Tout ça pour ça ? Admettons que ce soit bien le cas. Comment le NPA compte-t-il réussir « l’unité des révolutionnaires » qui n’a jamais pu se réaliser au cours des cinquante dernières années entre ces trois formations ? Quel est l’argument nouveau ? Quelle est la prémisse qu’une telle unité est possible ou seulement envisagée par ces deux autres organisations ? Il n’y en a aucune. Tout le monde le sait. Ni LO ni le POI n’ont l’intention de s’en remettre à Besancenot. Loin de là. D’ailleurs, de toute cette gauche seule l’ancienne LCR, ou le NPA qui a lui a fait suite, semblait vouloir faire bouger les lignes. C’est d’ailleurs cela qui fit le succès initial du NPA en plus de la personnalité militante d’Olivier Besancenot. La NPA semblait signifier la fin de l’impuissance de l’autre gauche et de sa marginalisation dans des divisions incompréhensibles. C’est fini.

La parenthèse est refermée. Le NPA a choisi. Il retourne aux formules prétextes, aux petits jeux de positionnement formels et autre « mise au pied du mur » qui stérilisent ce courant politique depuis tant de décennies. C’est le retour à la toute petite gauche, moins l’enracinement dans la classe ouvrière traditionnelle qu’ont LO et le POI. Et après avoir détruit une bonne partrie des cadres aguerris de l’ancienne LCR. La suite est connue d’avance par tout le monde. En juin prochain, après une surenchère d’appels unitaires, qui fonctionneront en réalité comme autant de « mise au pied du mur » destinés en réalité à exclure tous ceux qui ne trouvent pas grâce à leurs yeux, devant le vide qu’ils auront créé, les dirigeants du NPA vont s’accorder sur la candidature à l’élection présidentielle d’Olivier Besancenot. Lui s’y « résignera » pour maintenir en place la majorité du NPA qui ne s’accorde que sur son nom. Pour la troisième fois. Le NPA qui se moque de la personnalisation du Parti de Gauche, n’a bien sur aucun problème avec une triple personnalisation qui tourne au cache misère. Une fois placée cette troisième candidature sur le manège électoral, il lui faudra attraper le pompon qui offre le tour suivant gratuit. Pas d’autre horizon. Cette farce ne nous concerne pas.

Nous avons fait tout ce que nous avons pu. Jusqu’à la dernière minute. Sur le terrain, en concluant partout où on pouvait des accords de candidatures communes pour les prochaines. Dix huit départements sont dans ce cas. Dans les relations entre organisation nous avons fait plus que d’insister, avec une adresse publique au congrès du NPA. Dans la vie courante, au fil des mois, par des dizaines de contacts officieux pour examiner chaque aspect des problèmes posés et suggérer des compromis. Rien n’y a fait. Pire : au congrès du NPA des rapporteurs de la majorité n’ont pas hésité à ressortir la veille artillerie lourde des canons à merde que leurs prédécesseurs reprochaient aux staliniens. Imaginez : la rapporteuse du texte majoritaire avança comme argument contre moi que je n’étais « pas clair » sur le cas de Moubarak ! Avant cela Pierre François Grond, le numéro deux du NPA, que j’ai connu mieux inspiré, déclara dans la presse que de nouvelles divergences étaient apparues. Ce serait cette fois ci sur la Chine et sur la Wallonie. Pourquoi pas ? Au point où on en est, oui, pourquoi pas ça aussi. Mais au moins que n’y mettent-ils un peu les formes. Ou est la ligne officielle du NPA sur ces deux questions cruciales ? Il n’y en a pas, bien sur. Mais sans doute ces deux graves questions vont elles être au cœur du programme du NPA, n’est-ce pas. Pfffft ! Je suis certain que s’ils essayaient d’en parler entre eux le résultat serait encore plus confus que sur la laïcité.

Rendu à ce niveau de posture à quoi sert de répondre ? On passerait sa vie à sauter à la corde, d’un prétexte à l’autre. Y répondre c’est donner l’impression d’être devenu à son tour un coupeur de cheveu en quatre sans autre perspective de victoire que celles qui s’obtiennent dans ces obscures joutes entre groupuscules. Sans moi. Mais tout le monde est prévenu : quitter le Parti Socialiste, rompre avec l’orientation sociale libérale, aller devant les électeurs gagner son siège sous un drapeau indépendant, se battre pour une coalition de toute l’autre gauche sans exclusive, cela n’est rien des docteurs de la vraie foi du NPA ! Ils sont bien au dessus de ça ! Ils exigent de nombreux certificats de baptême révolutionnaire avant d’accepter seulement l’idée de ne pas vous insulter quand ils sont en désaccord. Pureté qui s’interrompt, bien sur, à l’heure de la collecte des signatures pour les élections présidentielles. Mais même dans ce cas, en 2002, ils n’ont jamais dit merci au PS. Mais il est vrai qu’ils ont été bien sages depuis en aidant au maintien de l’ordre à gauche. Le PS devant pour toujours et la LCR au chaud derrière : voila le rêve ! Car la LCR est toujours là. C’est elle qui tient l’association de financement du NPA. Tout change pour que rien ne change. Air connu. Bon ! L’amertume est mauvaise conseillère. Mais j’avoue que je ne sais plus par quel bout prendre le problème du NPA. Peut-être ne faut-il plus s’en occuper, tout simplement. Mais quand même quel gâchis !


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