Yémen, Bahreïn, Lybie, Iran La contestation s’étend

vendredi 18 février 2011.
 

1) Yémen : deux manifestants meurent dans des heurts

Les fronts semblaient se radicaliser mercredi au Yémen. De nouveaux heurts entre partisans du président yéménite Ali Abdallah Saleh et manifestants de l’opposition ont fait deux morts à Aden, alors que de violents accrochages ont eu lieu dans la capitale Sanaa.

Deux manifestants ont été tués et deux autres blessés par des tirs des forces anti-émeutes tentant de disperser les manifestants. antigouvernementaux à Aden, la grande ville du sud du Yémen. Des centaines de jeunes rassemblés pour réclamer le départ de M. Saleh ont pris d’assaut le siège de la municipalité et mis le feu à des voitures.

Entretemps à Sanaa, des centaines d’étudiants ont tenté, pour la quatrième journée consécutive, de marcher sur le palais présidentiel en scandant "Le peuple veut la chute du régime". Ils ont été sauvagement pourchassés par des partisans de M. Saleh, armés de gourdins, de poignards et de pierres.

Les manifestants ont riposté en lançant des pierres sur leurs agresseurs, qui les ont ensuite poursuivis jusque sur le campus, où la police a tiré des coups de feu en l’air pour disperser les deux camps. Au moins dix étudiants ont été blessés, selon le chef de l’Union des étudiants de l’Université, Radwan Massoud.

M. Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, a accusé des éléments "qui suivent les consignes de l’étranger" de chercher à semer le chaos dans le pays. "Il y a des plans en vue de plonger la région dans le chaos et la violence, en s’en prenant à la sécurité et à la stabilité de nos pays", a-t-il dit dans un entretien téléphonique avec le roi de Bahreïn, lui aussi confronté à de la contestation.

Source : Romandie.com

2) Un millier de manifestants à Bahreïn

Un millier de manifestants chiites se sont réunis mercredi dans le centre de Manama, la capitale de Bahreïn, pour rendre un dernier hommage à l’un de leurs mort lors d’affrontements avec les forces de l’ordre. Fadel Matrouk a été tué mardi dans des incidents qui ont marqué les funérailles d’une précédente victime des troubles, un jeune homme de 22 ans tué lundi.

Les manifestants ont accompagné en cortège la dépouille criblée de balles de Fadel Matrouk, enveloppée dans un linceul de coton blanc et un drapeau vert, couleur de l’islam. Ces deux morts tendent à radicaliser la contestation dans ce petit royaume du Golfe gouverné par une famille de confession sunnite mais dont la communauté chiite, majoritaire, se dit victime de discrimination dans l’accès au logement, aux soins et aux emplois dans la fonction publique.

"On a le sentiment qu’une dynamique est enclenchée, qu’on peut faire quelque chose", disait une des manifestantes, s’inspirant des révoltes qui ont eu lieu en Egypte et en Tunisie. "Lundi, les manifestants voulaient réformer le régime. Aujourd’hui, ils veulent qu’il parte, ils ne veulent plus de la famille régnante."

Plusieurs milliers de manifestants ont passé la nuit dans un campement improvisé sur la place de la Perle, dont ils tentent de faire le symbole de leur mouvement à l’image de la place Tahrir au Caire. La police s’est tenue à distance.

ÉLECTION DIRECTE DU PREMIER MINISTRE

Dans une allocution télévisée diffusée mardi, le roi Hamad ben Isa al Khalifa a présenté ses condoléances aux familles des deux victimes – "deux de nos fils précieux" – et promis qu’une commission ferait le jour sur les circonstances de leur décès.

Principal bloc d’opposition chiite, le Wefaq, qui a suspendu ses activités parlementaires, a annoncé la tenue de discussions avec le gouvernement, prévues ce mercredi. "Nous soutenons le peuple, mais nous ne prenons pas les décisions. C’est le peuple qui décide", a souligné Ibrahim Mattar, élu du Wefaq, Mattar a précisé que le parti demanderait l’élection directe du premier ministre.

Les Etats-Unis ont exprimé leur vive inquiétude face aux violences qui secouent ce petit royaume du Golfe, où est basée la Cinquième Flotte de l’US Navy. Le Bahreïn est aussi un important centre bancaire dans la région. "Nous appelons toutes les parties à faire preuve de retenue et à s’abstenir de toute violence", a dit le porte-parole du département d’Etat, P.J. Crowley.

Source : Le Monde

3) La contestation populaire monte en puissance en Lybie

Hier, la ville de Benghazi dans l’est de la Lybie a été le théâtre d’affrontements entre forces de sécurité lybienne et opposants au régime. Réunis en sit-in, ces derniers ont été délogés par la force. Le bilan est incertain, on parle de deux morts et d’une quarantaine de blessés.

Des images de violences ont été postées sur internet. Elles prouvent que la contestation populaire monte en puissance au royaume de Khadafi.

Depuis l‘étranger, les opposants en exil au régime lybien veulent aussi s’affirmer, comme l’a fait, depuis Lahaye, Maître Hadi Shalluf, leader du parti d’opposition Démocratie et Justice pour la Lybie :

“Ce que nous voulons c’est d’abord faire tomber ce régime et constituer un gouvernement de coalition, ce que nous demandons depuis une semaine au gouvernement libyen. Nous voulons aussi qu’un Comité Constitutionnel adopte une nouvelle constitution pour le pays, l’organisation d‘élections législatives et presidentielle, que soient jugés tous ceux qui ont commis des crimes ainsi que les personnes accusées de corruption. Enfin, nous savons que depuis 1969, 1500 milliards de dollars provenant des revenus nationaux se sont évaporés et nous demandons que ces fonds rentrent dans les Caisses de l’Etat”.

De leur côté, des pro-Khadafi ont eux aussi manifesté ce mercredi dans plusieurs ville du pays, notamment à Benghazi, pourtant bastion de l’opposition, et à Tripoli.

Et demain, jeudi, la tension devrait encore monter d’un cran en Lybie. Outre de nouvelles manifestations de revendications sociale, est aussi prévue une “journée de colère” pour commémorer la mort de quatorze manifestants tués par les forces de l’ordre en 2006.

Source : Euronews

4) Moyen-Orient : la contestation gagne l’Iran (article national du PG)->15410]

5) Iran : les funérailles d’un étudiant tué à Téhéran déclenchent de nouveaux affrontements

Des affrontements ont éclaté entre les partisans du gouvernement iranien et des membres de l’opposition lors de l’enterrement d’un étudiant tué lors des récentes manifestations, a signalé la télévision d’Etat.

« Les étudiants et les personnes participant aux funérailles du martyr Sane’e Zhale à Téhéran, étudiant des Beaux-Arts à l’Université, se sont affrontées avec quelques personnes, apparemment du mouvement de sédition », a déclaré le site Web de l’agence IRIB, ce mercredi.

Zhaleh a été abattu lors d’un rassemblement de l’opposition à Téhéran, la capitale, ce lundi, un meurtre que le gouvernement impute à des manifestants anti-gouvernementaux. Mais les groupes d’opposition disent que ce meurtre a été commis par les forces de sécurité.

Les violences ont éclaté au cours des funérailles à la faculté des Arts à l’université de Téhéran, où Zhaleh était étudiant, a déclaré IRIB.

Le radiodiffuseur a ajouté que les partisans du gouvernement scandaient « Mort à Monafeghin », une référence à un groupe d’opposition interdit.

Toutefois, les blogueurs iraniens ont rapporté que les forces loyalistes se sont introduites dans le campus, puis ont ensuite occupé la faculté, tandis que la police anti-émeute était déployée à travers la ville.

D’autres ont aussi écrit sur le réseau Twitter que certaines routes de la ville ont été bloquées et que des milliers de personnes étaient dans les rues de Téhéran, manifestant soit pour soit contre le gouvernement.

Il y a aussi des informations selon lesquelles les autorités ont empêché les médias étrangers de faire leur travail.

Les partisans du gouvernement ont insisté sur le fait que Zhaleh était membre de la milice Basij - une force de volontaires liés aux Gardiens de la révolution, tandis que les groupes d’opposition disent qu’il est issu de leurs rangs.

Rahesabz.net, un site d’opposition, a déclaré que Zhaleh était « pro-Moussavi et un membre du Mouvement vert », en référence au groupe dirigé par Mir Hossein Moussavi qui refuse de reconnaître la présidence de Mahmoud Ahmadinejad.

« Sa famille était sous pression pour dire qu’il était Basiji et pro-gouvernement », indique le site.

Appels à manifester vendredi

Les partisans du gouvernement ont appelé à un rassemblement vendredi à Téhéran pour exprimer « la haine » contre le mouvement d’opposition.

« Le noble peuple de Téhéran sera à Enghelab Square après la prière du vendredi, avec une présence solide et éclairée », la propagation de l’islam , a déclaré mercredi le Conseil de coordination pour la diffusion de l’Islam.

Ce conseil a déclaré également que ceux qui rejoignent la marche « crieront leur haine, leur colère et leur dégoût contre les crimes sauvages et les manoeuvres des dirigeants de la sédition, des Monafeghin [hypocrites] et de leurs alliés monarchistes. »

Le procureur général iranien Gholam Hossein Mohseni Ejeie a averti que des mesures seraient prises contre Moussavi et Mehdi Karroubi, un autre leader de l’opposition.

« Les chefs des séditions sont les personnes qui devraient être punis pour leurs actes criminels et des actions, si Dieu le veut, à cet égard sont prises », a dit Mohseni Ejeie, selon l’agence Fars.

Pendant ce temps Moussavi et Karoubi ont fait deux déclarations en ligne ce mercredi, critiquant les autorités et appelant à de nouvelles manifestations contre le gouvernement.

Karroubi, dans un communiqué publié sur son site ahamnews.org, s’est dit « prêt à payer n’importe quel prix » dans sa lutte.

« Je vous avertis avant qu’il ne soit trop tard, sortez les bourgeons de vos oreilles et écoutez la voix du peuple. Imposer la violence et s’opposer aux volontés du peuple ne durera qu’un certain temps », dit-il.

Dans une déclaration séparée sur son propre site Kaleme.com, Mousavi a salué les manifestants pour la marche de lundi à Téhéran.

« La marche glorieuse du 25 Bahman [14 Février] est une grande réalisation pour le grand peuple d’une grande nation et pour le Mouvement Vert », a-t-il dit.

Menaces d’exécution

Les commentaires de M. Moussavi et Karoubi, qui sont en résidence surveillée depuis la dernière semaine, ont été faites un jour après que des hommes politiques iraniens ont appelé à leur exécution.

« Moussavi et Karoubi doivent être exécuté ! Mort à Moussavi, Karroubi et Khatami ! » ont crié des ministres au Parlement.

Ils ont également accusé les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et Israël d’avoir orchestré les manifestations à travers les leaders de l’opposition.

Deux personnes, dont Zhaleh, ont été tuées dans la capitale ce lundi et des dizaines d’autres blessées, après que la police anti-émeute ait tiré des gaz lacrymogènes et de balles de peinture sur les manifestants.

Neuf policiers ont été blessés, d’après la télévision d’Etat, tandis que entre 150 et 1500 personnes ont été arrêtées, selon les médias officiels et les groupes de défense des droits humains.

Dans un communiqué publié mardi soir, le président Ahmadinejad a déclaré que les « ennemis » qui ont planifié les manifestations anti-gouvernement de Téhéran ne parviendront pas à atteindre leurs objectifs.

« Il est évident et clair que la nation iranienne a des ennemis parce que c’est un pays qui veut briller et atteindre son apogée, et veut changer les relations [entre les pays] dans le monde », a-t-il dit dans une interview en direct à la télévision d’Etat.

16 février 2011 - Al Jazeera


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