Lybie et Afrique du Nord : Pour une ère nouvelle (par Congrès mondial amazigh)

vendredi 25 février 2011.
 

Cela fait des décennies que la dictature libyenne gouverne par la terreur et prive les citoyens de liberté et de dignité. La prison, la mort ou l’exil forcé, c’est ce qui attend toute personne qui ose s’exprimer librement ou prononcer la moindre contestation du pouvoir absolu de Mouammar Kadhafi. Aux côtés d’ONG de défense des droits de l’Homme, d’associations et d’exilés politiques libyens, le Congrès Mondial Amazigh (CMA), n’a cessé de dénoncer le caractère antidémocratique et violent du pouvoir libyen. La répression vise particulièrement les Amazighs car ils apparaissent aux yeux du régime, comme une menace à son pouvoir monolithique. C’est ainsi que le chanteur Abdellah Ashini a été arrêté et incarcéré sous le fallacieux motif qu’il aurait favorisé l’émigration clandestine vers l’Europe, sans aucune preuve et les frères Bouzakhar ont été raflés en décembre dernier à leur domicile de Tripoli, pour avoir simplement discuté avec un touriste italien. En fait, la véritable raison de l’incarcération de ces trois citoyens libyens, est leur appartenance au mouvement culturel amazigh, un mouvement pacifique qui œuvre en faveur de la défense et de la promotion de la langue, de la culture et de l’identité amazighes.

Au moment où la révolte citoyenne avait éclaté au début du mois de février dans l’est du pays et où la pression internationale s’intensifiait, le régime libyen a précipitamment libéré plusieurs dizaines de détenus politiques, dont Abdellah Ashini et les frères Mazigh et Madghis Bouzakhar. Ces derniers affirment avoir été torturés pendant leur détention. Bien entendu, le CMA ne peut que se réjouir de cette remise en liberté qui met fin à une grave injustice et au calvaire des personnes emprisonnées et de leurs familles.

Cependant, et face à la révolte populaire qui s’est étendue à tout le pays, Kadhafi et son clan ont opté pour l’intensification de la violence contre les manifestants, utilisant des armes lourdes et faisant appel à des mercenaires étrangers. Des centaines de citoyens ont été assassinés en quelques jours.

Le CMA dénonce et condamne avec vigueur ce carnage. Il s’agit là manifestement, de crimes contre l’humanité dont les responsables sont M. Kadhafi et ses zélés partisans.

La responsabilité morale des Etats dits démocratiques d’Europe et d’Amérique du Nord est également engagée dans la mesure où ils ont toujours observé un silence complice sur les méfaits du régime libyen, malgré nos alertes répétées, au nom de la préservation de leurs intérêts économiques et géostratégiques. Aujourd’hui, nous ne pouvons nous contenter des dénonciations aussi enflammées soient-elles. Nous demandons à ces Etats, à l’Union Européenne et à l’ONU, de soutenir les processus démocratiques engagés dans les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-orient et d’engager sans délai, une procédure pour traduire M. Kadhafi et ses complices devant une juridiction internationale.

Un message clair et ferme doit également être adressé aux chefs d’Etat algérien et marocain afin que ces pays mettent en place immédiatement des réformes constitutionnelles profondes en vue d’instaurer de véritables Etats de droit. Cela ouvrirait une nouvelle ère démocratique qui doit nécessairement restaurer la place légitime de l’amazighité dans les pays d’Afrique du Nord. Les Amazighs en tant que peuples, histoire, territoires, langue et culture, doivent impérativement bénéficier d’une reconnaissance officielle dans les nouveaux dispositifs législatifs et institutionnels.

Paris, 12/02/2961 - 24/02/2011

Le Bureau du CMA.


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