Le riche émirat d’Oman menacé à son tour par la révolte populaire

vendredi 4 mars 2011.
 

Washington, qui a dépêché le chef d’état-major interarmées dans la région, est préoccupé par la situation de ces deux pays voisins de l’Iran et qui abritent ses bases militaires.

Un autre pays du Golfe, le sultanat d’Oman, 2,9 millions d’habitants, frontalier du Yémen, est à son tour le théâtre de manifestations populaires. Plus sociales que politiques. Depuis trois jours, des chômeurs et des salariés réclament plus d’emplois, des hausses de salaires et des poursuites judiciaires contre les ministres corrompus. À Sohar, 50 000 habitants, première ville industrielle et deuxième port du sultanat, 200 km de la capitale Mascate, des blindés sont intervenus hier contre les manifestants qui bloquaient ce port du détroit d’Ormuz. La protestation sociale s’est étendue à Mascate, Sallalah, l’oasis de Buraïmi. Depuis dimanche, six personnes ont été tuées. La promesse de création de 50 000 emplois, une hausse du salaire minimum de 30%, une allocation de 390 dollars par mois aux chômeurs, n’ont pas apaisé la tension.

Dans ce pays riche, où le PIB par habitant est de 16 200 dollars, où le taux d’accroissement naturel de la population (3%) est supérieur au taux de croissance économique, le taux de chômage des jeunes et des diplômés approche les 20%. Toutefois ces protestations sociales peuvent vite se transformer en revendications politiques. Car, à l’instar de certaines pétromonarchies du Golfe, Oman, en dépit de quelques réformes – droit de vote et d’éligibilité aux femmes, création d’un parlement consultatif qui ne dispose pas du droit de légiférer – est une monarchie absolue où le roi Kabous Ben Saïd dispose de tous les pouvoirs et où les partis politiques sont interdits  !

Reste qu’en raison de sa position stratégique – Oman contrôle la sécurité du détroit d’Ormuz par où transite 40% du pétrole exporté dans le monde – à moins de 100 km des côtes iraniennes, la crise qui sévit dans ce pays préoccupe les États-Unis qui ont dépêché l’amiral Mike Mullen, chef d’état-major interarmées, à Mascate mais aussi à Bahreïn qui s’enfonce dans une crise menaçant la dynastie des Al-Kahlifa au pouvoir depuis deux cent trente ans.

Emirat de Bahrein

Dans ce petit royaume (1,2 million d’habitants dont plus de 500 000 immigrés), une presqu’ïle, reliée à l’Arabie saoudite par un pont digue de 25 km, où mouille la 5e flotte américaine, la contestation sociopolitique en est à son 16e jour. Elle est le fait des chites, 70 % de la population, socialement discriminés par rapport aux sunnites (30 %) qui détiennent de surcroît les rênes du pouvoir.

Comme ailleurs, l’usage de la force contre une manifestation qui, sociale à l’origine, a été contre-productive. La protestation populaire, soutenue par l’Union générale des syndicats, s’est vite transformée en contestation politique. Aux cris de « Assez de 230 ans d’injustice », les protestataires, qui occupent le centre de Manama, réclament désormais une monarchie constitutionnelle et plus de libertés, quand ce n’est pas « la chute du régime » qui est demandée. Et en point d’orgue, l’opposition chiite (18 députés sur 40) a suspendu sa participation au parlement, jugeant « insuffisante » l’offre de dialogue national du roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa, exigeant au préalable la démission du gouvernement.

Tout comme Washington, les autres pays du Golfe, Arabie saoudite en tête, observent avec inquiétude les crises qui secouent ces deux monarchies et le Yémen. Même l’Iran, qui fait mine de s’en réjouir, n’est pas tout à fait à l’abri.

Hassane Zerrouky


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