Quand la peau des Européens était noire

samedi 30 avril 2022.
 

Il est difficile d’imaginer les Britanniques, les Portugais, les Espagnols, les Luxembourgeois ou les Hongrois prétendus de souche avec la peau noire. Pourtant plusieurs recherches récentes l’affirment.

1) Quand la peau des Européens était noire (Jacques Serieys)

Des études réalisées dans plusieurs pays portant sur des restes de chasseurs-cueilleurs portaient à penser que les habitants préhistoriques de l’Europe avaient la peau noire voici environ 10000 ans. Tel est le cas par exemple pour la grotte de La Brana en Espagne et de Koros 1 en Hongrie. De nouveaux travaux apportent de nouveaux arguments en ce sens.

Chris Stringer, directeur des recherches au Muséum d’Histoire Naturelle de Londres, a utilisé de l’ADN prélevé au niveau du crâne d’un squelette découvert dans des gorges proches du village de Cheddar pour reconstituer ce nouveau visage. « Il est très surprenant de voir qu’un Britannique, il y a 10.000 ans, pouvait avoir la peau très sombre et des yeux très bleus », commente-t-il. Tom Booth, un autre chercheur du muséum impliqué dans ces travaux, est plus explicite : « jusqu’à récemment, on pensait que la couleur de peau des hommes s’était rapidement éclaircie après leur arrivée en Europe il y a 45.000 ans. La peau claire permet de mieux absorber les rayonnements UV (qui permettent de synthétiser la vitamine D, NDLR), ce qui aide les hommes à lutter contre les carences dans les climats moins lumineux. »

Ces recherches corroborent l’affirmation des scientifiques sur la cause des différentes couleurs de peau : « La couleur de peau est due à la concentration en mélanine (un pigment naturel produit dans les cellules épithéliales). Le rôle de la mélanine est de protéger la peau contre les rayonnements ultraviolets du soleil, qui accentuent le processus de vieillissement et celui du cancer de la peau. Donc, plus un groupe humain est exposé au soleil, plus sa peau est foncée ; l’hérédité et le taux d’hormones entrent également en ligne de compte.

« Avec la perte des poils, la peau s’est colorée pour mieux résister aux rayons UV rappelle Céline Bon dans Le Figaro. La modification de la couleur de peau est donc extrêmement ancienne. C’est impossible de dater précisément quand sont réapparues des populations aux couleurs de peau claire. La pigmentation des populations avant la sortie d’Afrique était déjà très diversifiée. »

Ces recherches scientifiques éclairent un point d’histoire très important.

Il n’a jamais existé trois races primitives blanche, noire et jaune contrairement aux théories racistes développées par Arthur de Gobineau. Rappelons que pour lui la race blanche a reçu « le monopole de la beauté, de l’intelligence et de la force ». La race noire bénéficie de « facultés pensantes [...] médiocres ou même nulles ». Avec la race jaune, enfin, « le Créateur n’a voulu faire qu’une ébauche ». La distinction entre "races d’origine" fondées sur la couleur de la peau n’ont aucune validité scientifique et servait uniquement à justifier faussement l’esclavage puis la colonisation. Elle a été véhiculée par la droite cléricale et les fascistes beaucoup trop longtemps pour leur laisser un millimètre d’espace médiatique aujourd’hui sans répondre.

Jacques Serieys le 13 mars 2011

2) Les dernières recherches anthropologiques montrent que la couleur blanche s’est développée relativement récemment

Source : https://www.hominides.com/html/actu...

Les plus anciens fossiles d’Homo sapiens, notre espèce, sont apparus il y a 200 000 ans. Pendant 190 000 ans notre peau était sombre, adaptée à nos origines et au climat africain...

Les chercheurs de l’Université d‘Harvard ont mené une étude sur l’ADN de 83 individus du Paléolithique et du Néolithique retrouvés dans différents sites préhistoriques européens. Ils ont ensuite comparé, les résultats avec 1000 ADN récents.

Sur les hommes du Paléolithique, les chercheurs n’ont pas trouvé deux gènes (le SLC24A5 et le SLC45A2) qui sont des marqueurs de la peau dépigmentée des Européens. Ils ont ainsi pu constater que les chasseurs-cueilleurs retrouvés en Espagne, au Luxembourg et en Hongrie ne possédaient pas ces gènes responsables de la peau pâle, il y a seulement 8 500 années !

Les scientifiques ont ainsi mis en évidence que les ancêtres des européens actuels sont issus d’un mixage de 3 populations qui a commencé il y a 8 000 ans. Des vagues de différentes populations issues de Turquie et du Caucase, avec une peau déjà plus blanche, ont migré vers l’Europe de l’ouest ... En particulier, il y a eu une importante migration d’éleveurs Yamnaya de la steppe au nord de la Mer noire. Ces "colonisateurs" ont alors rencontré les Homo sapiens qui étaient déjà présents en Europe depuis - 40 000 ans.

Les nouvelles générations à la peau plus claire se sont alors répandues rapidement à travers le continent, ce que les scientifiques avaient du mal à expliquer jusqu’à présent.

Avant cette étude, il était majoritairement admis que la peau devait s’éclaircir graduellement, générations après générations, au fur et à mesure que l’homme migrait vers des climats plus froids (et moins ensoleillés).

Pour expliquer cette accélération du processus, les scientifiques avancent deux raisons principales :

- une migration massive en provenance de l’est de l’Eurasie et du sud des territoires équivalents à la Russie actuelle,

- l’introduction de séquences génétiques dominantes qui ont été favorisées par la sélection naturelle vers une peau plus claire, car apportant un avantage conséquent.

Ceci couplé avec l’influence du climat sur la pigmentation de la peau, nous avons donc des bases scientifiques pour comprendre cette rapide évolution. Sans ces différents facteurs, les européens seraient probablement beaucoup plus foncés que maintenant, et en manque de vitamine D...

La notion de race n’a pas de fondement génétique


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