2010 : Année noire pour les postiers

jeudi 17 mars 2011.
 

Si le groupe La Poste enregistre des bénéfices exceptionnels pour 2010, les suppressions de postes, 
près de 11 700, n’ont jamais été aussi nombreuses dans la société anonyme à capitaux publics.

La Poste affiche une santé de fer. Son bilan 2010, présenté lors du conseil d’administration d’hier, a dévoilé des bénéfices en hausse de 3,5 %, à hauteur de 550 millions d’euros. Mais ces profits ont été réalisés au prix de 11 694 suppressions d’emplois l’année passée. Un record alors que la baisse de l’activité courrier, qui justifie une partie des pertes d’emplois, n’aura pas été aussi forte que prévu. Pas de doute pour Bernard Dupin, élu CGT au conseil d’administration  : « La stratégie de marche forcée vers les bénéfices continue. Pourtant nous sommes déjà en avance sur le plan ambition 2015 qui prévoit une marche opérationnelle de 8 % d’ici là. »

Georges Lefebvre, délégué général du groupe, a confirmé ces chiffres. « La fin de l’année 2010 a été marquée par une accélération des départs, en particulier les départs en retraite naturels de nos fonctionnaires (...), qui est allée au-delà des prévisions que nous avions faites. » Depuis 2006, La Poste a ainsi perdu 12,9% de ses postiers. De son côté, l’État, qui reste actionnaire de la société anonyme à capitaux publics, s’octroie tranquillement 136 millions d’euros de dividendes.

Ces coupes dans les effectifs sont en contradiction avec le maintien des 17 000 points poste, confirmé hier lors de la présentation du contrat de présence postale territoriale 2011-2013. Désormais, aucun bureau de poste ne pourra être fermé, ni ses horaires modifiés sans consultation du maire et du conseil municipal. Mais dans les faits, les édiles n’auront qu’un pouvoir d’opposition limité.

Parmi ces 17 000 points poste, difficile de savoir s’il s’agit de vrais bureaux ou au contraire d’agences postales dans les mairies et de relais poste chez les commerçants. Ces dernières solutions sont privilégiées par La Poste dans les campagnes. « Mais si la supérette fait faillite, qui assurera le service postal  ? questionne régis Blanchot, élu SUD PTT au conseil d’administration. C’est de la provocation de présenter le même jour un texte en contradiction avec les suppressions de postes. » D’après une note de la direction du groupe, révélée par SUD PTT, une des solutions pour réduire le personnel est l’installation de Cidex, des boîtes aux lettres communes dans les milieux ruraux ou de montagne. Leur nombre pourrait considérablement s’élever d’ici à 2017, si l’on en croit Régis Blanchot. « Jean-Paul Bailly, PDG de La Poste, parle toujours du lien social avec le facteur. Mais c’est un recul pour les usagers qui ne verront plus personne et pour le personnel qui sera obligé de faire plus de kilomètres. » Même si La Poste met en avant 4 000 embauches pour 2011, les syndicats craignent une année noire pour l’emploi.

Cécile Rousseau


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