77% des français ont une « bonne opinion » de la fonction publique

mardi 12 décembre 2006.
 

Contrairement aux clichés qui accompagnent les discours politiques sur la réforme de l’État, la fonction publique a une bonne image chez les Français. C’est la conclusion d’un sondage commandé à l’institut CSA par la FSU, rendu public vendredi. Interrogés sur l’image de la fonction publique, 77 % des sondés en ont une « assez bonne » (64 %) ou une « très bonne » (13 %) opinion. Cette appréciation positive est partagée par les trois quarts des sympathisants de droite, et par la même proportion des salariés du privé.

le flou de la fonction publique

La géographie de la fonction publique est floue pour les personnes interrogées : si elles y classent spontanément les enseignants, les policiers, l’hôpital public ou les mairies, elles estiment que les postiers ou les agents de France Télécom en font partie - ce n’est le cas que pour certains d’entre eux - mais aussi les personnels de la Sécu - qui ne sont pas fonctionnaires. « La question du statut parle peu aux Français », commente Stéphane Rozès, directeur de CSA. « Pour eux, la fonction publique c’est des missions et des personnels avant d’être un statut. »

Les valeurs de la fonction publique sont « assez bien défendues » ou « très bien défendues » par le personnel, selon 60 % des sondés. Parmi les mots ou adjectifs « correspondant bien » à la fonction publique, 71 % évoquent la « laïcité », 69 % « la compétence », 69 % la « présence sur tout le territoire », et 68 % « le dévouement des agents ». « La qualité » est citée par 61 % des sondés, devant « la disponibilité des agents » (58 %), la modernité et l’efficacité (55 %). La « productivité » n’est citée que par 43 % des sondés. Et « la garantie de l’égalité de traitement » des usagers n’est évoquée que par 48 % des personnes interrogées (64 % des fonctionnaires). C’est pourtant « une valeur centrale pour les fonctionnaires, toutes nos revendications tournent autour de ça, mais ce sondage nous dit que nous sommes mauvais » sur ce point, constate Gérard Aschieri. Le secrétaire général de la FSU, qui s’avoue « surpris » par ce résultat, avance une hypothèse : « La décentralisation a mis à mal ce principe. Il est intéressant de noter qu’en 2003, le mouvement contre la décentralisation est parti de collèges en milieu difficile ». « Ce sont les catégories sociales les plus dépourvues qui pointent l’inégalité de traitement », confirme Stéphane Rozès, qui ajoute : les catégories sociales favorisées insistent sur « les valeurs, le capital symbolique de la fonction publique », tandis que les catégories qui se sentent beaucoup plus dépendantes de la fonction publique insistent sur le dévouement des agents, leur disponibilité, leur efficacité.

Les sondés jettent un regard plutôt compatissant sur les métiers de la fonction publique : 67 % d’entre eux pensent qu’ils sont « plutôt dévalorisés », et 57 % estiment que les agents « n’ont pas les moyens d’accomplir leur mission ».

Enfin, les Français estiment à 63 % que la fonction publique est bien défendue par les syndicats. La CFDT bénéficie de l’image la plus positive (53 % de bonne image), devant FO (50 % de bonne image) et la CGT (50 % de bonne image). La FSU, malgré sa position de première organisation syndicale chez les fonctionnaires de l’État, fait partie avec SUD et l’UNSA des syndicats qui souffrent d’un fort déficit de reconnaissance : 49 % des sondés ne se prononcent pas à son sujet. À quelques mois de son congrès, la FSU voulait interroger l’opinion sur les valeurs que porte la fonction publique, alors que les discours sur sa modernisation sont dictés par des soucis financiers, et s’accompagnent de nombreux clichés. « Dans les études actuelles, remarque Stéphane Rozès, les Français parlent désormais du secteur public par le prisme du gouvernement de l’homme et des valeurs. Le pays semble vouloir s’approprier la question des finalités, avant celle des moyens et de la gestion des choses. »


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