12 mars 2011 Les oeillets refleurissent au Portugal

mercredi 13 mars 2024.
 

Ami lecteur que je ne connais pas, camarade militant que je connais... il se passe quelque chose en Europe. Je crois effectivement qu’après 30 ans de domination économique, politique et culturelle du capitalisme, nous pouvons sortir du tunnel. J’écris cela après avoir visionné la vidéo de la manif portugaise du 12 mars au Portugal... Que de jeunes... que de jeunes pour reprendre notre flambeau de la dignité humaine.

A Porto :

http://www.youtube.com/watch?v=Iuv5...

Comme à Lisbonne :

https://www.youtube.com/watch?v=xAT...

Ce qui vient de se passer au Portugal me rappelle les années 1966 et 1967 où des chansons contestataires jouaient soudain un rôle politique.

Le groupe portugais "Deolinda" a sorti une chanson intitulée "Geraçao à rasca" ("génération à bout de souffle") qui décrit la situation difficile de la jeunesse populaire d’aujourd’hui ballotée entre petits boulots, chômage et désespoir.

Nous avons une société qui continue à sentir mauvais

Pauvreté, Misère Que de réalités sous ces mots

Je ne sais pas si quelque chose changera

Mais nous partirons de nouveau.

http://www.youtube.com/watch?v=RRQw...

En février 2011, un groupe de jeunes a eu l’idée d’utiliser le titre de ce tube comme slogan pour lancer un mouvement et un combat contre la précarité. Il s’agit de Paula Gil (travailleuse humanitaire), Jao Labrincha (chômeur), Alexandro de Sousa Carvalho (doctorant) et Antonio Frazao (étudiant, travailleur à mi-temps).

Ce 12 mars 2011, 300000 personnes ont ainsi manifesté dans les rues de Lisbonne. Pour visionner une vidéo de la manif et écouter l’intervention de Paula Gil, cliquer sur l’adresse URL portée en source de cet article (haut de page, couleur rouge)

15 mai 2011 : Les Indignés en masse sur les grandes places d’Europe (Jacques Serieys)

La génération du 25 avril 1974 a trouvé des héritiers pour que la fameuse chanson Grândola, Vila Morena ne soit pas oubliée.

https://www.youtube.com/watch?v=gaL...

https://www.youtube.com/watch?v=q_2...

Setubal ; GRÂNDOLA VILA MORENA - AMALIA RODRIGUES

https://www.youtube.com/watch?v=dem...

Oui, les oeillets refleurissent au Portugal et c’est bon signe pour toute l’Europe.

Jacques Serieys

2) Vite une révolution citoyenne au Portugal ! (texte national PG)

Le 12 Mars, des centaines de milliers de manifestant-e-s descendaient manifester dans les rues contre la précarité économique le 19 Mars, des dizaines de milliers de militant-e-s de la CGTP manifestaient contre contre les diktats des socialistes et de la droite réunis autour des dirigeants européens complices du FMI. Et ce n’est pas fini ! Les 1er avril (manifestation des jeunes), 25 avril (commémoration déterminée des acquis de la révolution des Œillets ) et 1er mai, le peuple portugais sera encore et toujours dans la rue pour faire valoir ses droits !

Après la Grèce et l’Irlande, le Portugal est lui aussi attaqué par les tenants de la finance. Les agences de notation baissent la note du pays faisant grimper les taux d’emprunt de celui-ci à près de 8%. L’oligarchie européenne veut imposer ses "aides" financières et le carcan antisocial du Mécanisme européen de Stabilité que le sommet des 24 et 25 mars prochains souhaite entériner.

Le Parti socialiste Portugais, qui gouverne depuis 3 ans, est un fidèle rabatteur des réformes antisociales de l’eurocratie régnante. On en est déjà au quatrième Plan de restructuration (PEC 4) en une année ! De son coté, la droite unie profite de la désunion de la gauche pour reprendre le pouvoir et faire pire encore. Le peuple portugais n’en peut plus !

La chute probable du premier ministre Socrates et de son gouvernement dirige le Portugal vers des législatives anticipées en mai ou juin. Seule une gauche de transformation unie pourrait rassembler les 3 millions de grévistes de novembre 2010, les centaines de milliers de manifestant-e-s des syndicats et des précaires du mouvement citoyen en cours. Mais la bataille de l’union n’en est pas ne serait-ce qu’à ses prémices au Portugal.

Le Bloc de Gauche et le Parti Communiste Portugais sont toujours aussi divisés. Même au sein des mouvement sociaux la division est palpable : la CGTP fait ainsi totalement l’impasse sur la manifestation monstre des précaires ("Geração a rasca" ) qui a précédée la sienne...

L’expérience des élections présidentielles de janvier dernier montre bien ce à quoi aboutit la division des partis de l’autre gauche, une gauche de transformation "a rasca" : la victoire de l’abstention et l’élection de la droite.

Le Parti de Gauche soutient de toutes ses forces le combat du peuple portugais et plaide, au Portugal comme en France, pour une union du peuple et de toute l’autre gauche qui portera son combat dans les urnes !

O povo unido jamas sera vencido !

Bruno Fialho et Céline Meneses

3) Portugal : la "génération à bout de souffle" donne de la voix (Nouvel Obs) extraits

"Une idée pour changer les choses"

Paula, Jao, Alexandro et Antonio ont entre 24 et 28 ans. A Coimbra, où ils étudiaient les "relations internationales", cette génération Facebook a pris la mesure d’un mal qui touche 55% des moins de 25 ans. "J’ai 27 ans et je suis stagiaire dans une ONG. Ma mère est au chômage, ma grand-mère se débat avec une retraite croupion et mon petit frère cherche un boulot. La précarité traverse toutes les générations. Nous nous battons pour des salaires et des contrats justes, pour le droit à l’emploi et à l’éducation", explique Paula Gil.

"Montée" à Lisbonne, cette petite brune au sourire éclatant dégage une énergie tellurique. "La démocratie portugaise ouverte par la Révolution des Œillets n’a que trente-sept ans. Elle est jeune. C’est une idée neuve. Il faut passer à l’étape supérieure en associant la société civile". Aussi passionnés d’histoire qu’habiles manoeuvriers, Paula et ses amis connaissent sur le bout des doigts les ficelles du spontanéisme et les codes des réseaux sociaux.

Lors des premières manifs, les militants du "M12M" (Mouvement du 12 mars), le nouveau nom du mouvement, distribuaient un questionnaire aux participants leur demandant "une idée pour changer les choses". Relus, édités, structurés, ces "cahiers de doléance" ont été portés à Jaime Gama, président de l’Assemblée nationale, réputé pour son indépendance. Afin de servir de base à un texte réformant le travail précaire. Courtisé par tous les partis à quelques jours des élections du 5 juin, le M12M a bien l’intention de peser de tout son poids pour obtenir des futurs élus une loi conforme à son "projet d’initiative populaire".

Pas si naïfs que ça

Avec, malgré ou contre les partis ? Comme tous les objets post-modernes, le M12M est difficile à décrire avec les outils classiques de la science politique. Proche du Bloc de gauche-BE (l’équivalent de notre Front de gauche), Paula et ses amis se méfient de formations qui "représentent de moins en moins ceux qui les ont élus", ou ont carrément oublié leurs problèmes. Pragmatiques, ils refusent cependant de récuser les partis ou les syndicats "complémentaires" de leur propre stratégie. "Tous ensemble" : c’est le mot d’ordre officiel d’un mouvement "transversal" qui se targue d’avoir même des supporters à droite et qui veut le 5 juin un vote pour ceux qui « s’occupent du peuple ».

Naïveté ? Pas si sûr. Jaloux de son indépendance, le "M12M" se voit encore comme un collectif. Mais outre la rupture avec le cercle vicieux de la précarité qui "déprime la consommation, donc la production", les conjurés ont deux priorités.

D’abord un audit de la dette de leur pays, mis sous tutelle par la "troïka" (FMI, Banque centrale européenne, Commission de Bruxelles). Les Portugais doivent mesurer clairement les responsabilités imputables aux déficits publics et la part de la spéculation nourrie par les agences de notation. "Pour, disent-ils, combattre la "debtocratie" et proposer une alternative au FMI".

Deuxième priorité : l’instauration progressive d’une démocratie participative fondée sur l’extension du référendum d’initiative populaire et la possibilité, pour les mouvements civiques, de présenter des listes aux législatives. Une autre façon de prendre le pouvoir.

Le "parti" de la BCE et du FMI

""Geraçao à la rasca" est une révolte post-partisane. Ses membres sont moins contre un système de partis, usé jusqu’à la corde, qu’en recherche d’un au-delà. Au-delà de la précarisation qui enferme les gens dans une zone grise sans qu’ils aient une chance quelconque de s’en sortir. Au-delà de la religion du diplôme, qui avec la mondialisation n’est plus une assurance de réussite et d’emploi", explique Manuel Cabral.

Ce politologue touche le nerf sensible. Avec la récession, le jeu des grands partis tourne à vide. En acceptant tous une mise sous tutelle du Portugal dès le lendemain des élections, le parti socialiste, les sociaux-démocrates (centre- droit) et le Centre démocratique et social (extrême droite) ont déjà désigné le vainqueur : quel que soit le vote des citoyens, ce sera le "parti" de la BCE et du FMI qui l’emportera. Avec, comme programme obligatoire, un plan d’ajustement de 78 milliards d’euros, en échange d’une austérité brutale, de privatisations massives et d’un nouveau démantèlement du droit du travail.

Côté cour, on a trop célébré le pont Vasco-de Gama sur l’estuaire du Tage, ses gratte-ciel de verre ou les stades futuristes de l’Eurofoot. Oubliant, côté jardin, un SMIC à 475 euros, un chômage réel de 15%, des supermarchés désertées par les produis de luxe et où la morue importée de Norvège remplaçait le bacalhau, naguère pêché dans l’Atlantiques par les flottilles nationales. En prime, des bacs +5 condamnés aux petits boulots ou aux stages sous-payés et des classes moyennes piégées par le crédit à la consommation. Et la lèpre des "recibos verdes", les "reçus verts", un statut créé naguère pour les indépendants, les "free lance" et étendus à plus de 20% des actifs, abusivement assimilés à des prestataires de services, vivant dans l’extrême précarité et sans aucun des droits (indemnités chômage, couverture maladie, congés ) des salariés normaux.

"L’Europe a oublié la solidarité"

"En 2009, Socrates a essayé de réagir contre ce système hérité du corporatisme salazarien et d’un socialisme clientéliste", explique Manuel Batoreo, un déçu du socialisme. Mais quatre plans de rigueur n’ont pas suffi. En mars dernier, avec les caisses vides et un gouvernement minoritaire, il a dû appeler le FMI et convoquer des élections. Tout en faisant un chantage à la rigueur que ce roué, lâché par les siens, se défend maintenant d’avoir voulu imposer. Donné battu aux législatives par la coalition dirigée par Paolo Coelho, son socialisme sauce portugaise va-t-il laisser la place à une droite dure indifférente aux dégâts de la globalisation ? Abandonnant l’Etat social sous pression d’une Europe du nord qui n’admet plus les dérives du Sud ?

"L’Europe a oublié la solidarité. En critiquant nos vacances et notre système de retraite, Angela Merkel se trompe. Au lieu de germaniser l’Europe, elle devrait européaniser l’Allemagne. Si l’on veut tuer l’Etat social, les masses populaires réagiront", pronostique le vieux sage Mario Soares, dans ses bureaux lambrissés de sa Fondation.

"En politique tout est possible", s’enflamme Jao Labrincha. Cessons de croire qu’il suffit de voter tous les quatre ans pour faire vivre la démocratie". Ce chômeur natif d’Aveiro qui a multiplié les intérims avant de faire l’expérience du chômage croit dur comme fer à la société civile. Jeudi 26 mai, une grande manif a réuni les leaders de Génération précaire avec ceux du Mouvement du 25 avril, héritier des jeunes capitaines qui ont abattu Salazar. "Nos deux mouvements doivent débattre et proposer des solutions". Tourner la page, changer les structures politiques, économiques, sociales, sans pour autant instaurer un régime autoritaire : le modèle de la Révolution des Oeillets peut-il encore marcher ?


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