Mélenchon craint d’être lâché par le PCF (article de Marianne)

dimanche 27 mars 2011.
 

Si le co-président du Parti de gauche tonne contre les écologistes, sa crainte la plus grande concerne les communistes. Mais celle-là est plus discrète. À quoi joue le PCF ?, se demandent en effet Mélenchon et les siens. Les communistes auraient-ils décidé de se mettre, comme ils en avaient historiquement pris l’habitude, à la remorque du Parti socialiste ?

Le mariage PG-PCF est-il sur le point de tourner au divorce ?

S’inquiéter à très haute voix des « mauvaises manières » d’Europe écologie, c’est ce qu’a décidé de faire Jean-Luc Mélenchon. Et pour cause : sauf changement d’attitude de dernière minute, les écologistes ne devraient pas appeler leurs candidats à se désister au second tour au profit du candidat de gauche le mieux placé. Mais en politique, comme dans la vie, il y a les inquiétudes que l’on martèle haut et fort et il y a celles qui, même si elles ne sont évoquées qu’à voix basse, n’en sont pas moins fortes. Au contraire. Car la plus grande crainte de Mélenchon et des siens ne concerne pas le comportement des écologistes, mais bien celui de leurs alliés communistes.

À quoi joue le PCF ?, s’interrogent-ils ? Que se trame-t-il derrière les murs de son siège de la Place du Colonel-Fabien ? Y aurait-on décidé de lâcher le patron du Parti de gauche ? La participation de Pierre Laurent à la photo de famille de la gauche réunie, dès dimanche soir dernier, sur une péniche, aux côtés de Martine Aubry et Cécile Duflot, soulève en tout cas au PG de « puissantes interrogations ». Mais que diable est-il allé faire sur cette galère aux relents de « gauche plurielle même pas relookée, alors que l’on n’avait aucun résultat, que rien n’était encore acté ? », s’interroge un proche de Méluche. Pierre Laurent aurait-il été pris d’une soudaine et irrépressible envie de notoriété ? Ce n’est pas le genre du loustic, analyse-t-on au PG qui craint plutôt d’y voir un signe que le PCF serait en train de renouer avec ses vieilles lunes en revenant manger à la gamelle du PS pour « préserver son appareil ». Un signe qui viendrait s’ajouter à de nombreux autres signes d’après l’état-major du PG.

Le PCF serait intervenu auprès du ministère de l’Intérieur, croit-on savoir dans ses rangs, pour que les suffrages accordés au PCF et au PG soient comptabilisés séparément. « Quel est le sens politique de tout ça ? Chercher à nous présenter comme un groupuscule ? », se demande un membre de l’entourage de Mélenchon qui, aussitôt, dégaine les noms de 24 cantons dans lesquels PCF et PG se sont affrontés au premier tour des cantonales faute d’accord. Le PG, fait-il valoir, s’est imposé face au PCF à 18 reprises. C’est le cas notamment à Toulouse-1, Grenoble-3 et dans trois cantons nantais (Nantes 3, 9 et 11) (1). « Là où l’étiquette communiste est présentée toute seule, ça ne marche pas. L’étiquette PG a son importance. » Et d’ajouter : « Il faut que les communistes soient au clair, qu’ils lèvent les incertitudes sur ce qu’ils veulent ». Notamment dans la perspective de la présidentielle… Car au très discret siège national du PG, on commence à s’inquiéter sérieusement du recul de la date de désignation du candidat du Front de gauche pour 2012, des changements successifs de procédures pour se choisir ce fameux représentant et du silence assourdissant de certains responsables communistes qu’ils savent pourtant favorables à la candidature de Mélenchon…

Gérald Andrieu

(1) C’est également le cas à Vic-sur-Aisne (02), Montbard (21), Clermont-L’Hérault et La-Salvetat-sur-Agout (34), Saint-Martin-d’Hères Nord (38), Dole Nord-Est (39), Saumur Nord (49), Thiers (63), Pontault-Combault (77), Lezay (79), Castelnau-de-Montmiral et Saint-Paul-Cap-de-Joux (81), Le Tampon IV (La Réunion).


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