Portugal : "c’est parce que les politiques du FMI nous gouvernent toujours plus que s’ouvre une crise politique"

dimanche 3 avril 2011.
 

Débat sur le Pacte (PEC) de Stabilité et de croissance IV

Intervention de José Manuel Pureza Président du groupe Bloc de Gauche Assemblée de la République (explication de vote)

Porter les revendications de la révolution citoyenne : le défi de l’autre gauche portugaise (7 articles)

Nous avons dit avec clarté tout au long de ce débat ce qui devait être dit : ce n’est pas par l’ouverture d’une crise politique que le FMI viendra, c’est parce que les politiques du FMI nous gouvernent toujours plus que s’ouvre une crise politique.

M. le Premier Ministre peut bien déclarer en s’enflammant qu’avec lui au gouvernail le combat contre l’intervention extérieure dans notre économie serait sans trêves. La vérité est que PEC après PEC, cela fait un long temps que le gouvernement n’est plus qu’un passeur local zélé de la recette européenne de l’économie de l’abîme si ce n’est un intérimaire du FMI, rien de doux pour le pays. Et la droite peut bien clamer que sa venue n’est due qu’au gouvernement.

La vérité est que la droite a toujours voulu la venue du FMI pour ne pas assumer le sale travail pour un programme qui a toujours été le sien.

Nous sommes bien sûr dans une crise politique qui n’est que le résultat de la convergence des déresponsabilisations entre le PSD (la droite) et le PS. Aucun des deux partis qui ont fraternisé en votant le PEC I, le PEC II et le PEC III qu’à été le budget de l’Etat ne veut maintenant assumer devant le pays que les politiques adoptées furent, dès le début, l’ouverture du gouvernement effectif au FMI.

Avec le sceau officiel de cette organisation, comme l’a défendu sans équivoque le PSD (droite), ou caché derrière un appui européen sans l’emblême de la chose mais avec sa recette comme dogme, comme l’a tenté José Socrates. PS et PSD ont entrainé le pays dans une discussion de haut niveau sémantique pour savoir si la lettre du gouvernement à la commission européenne est arrivée à Bruxelles à 10h15 ou à 10 heures un quart. Derrière cette différence importante, il y a l’accord essentiel dans la politique désastreuse que sont les PEC.

Le chemin des PEC, qui nous est annoncé comme inévitable, a mené la Grèce à perdre près de 10% du PIB ces deux dernières années et à ce que l’Irlande a la plus importante augmentation du chomage de toute l’Union Européenne. Les pays ayant reçu l’intervention tombent dans l’abîme et nous PEC après PEC, les suivons comme de bons élèves jusqu’à ce que la tragédie se consumme. Chaque PEC qui succède au précédent nous rapproche de la recette FMI que José Socrates dit rejeter.

La preuve en est que dans la principale révélation du PEC IV : il assume, justice lui soit rendue, que la recession est là. Le budget de l’Etat prévoit une croissance de 0,2%, le PEC prévoit maintenant une "non croissance" (récession ?) de 0,9%.

- Le gouvernement est, pour cela, le premier à reconnaître que ce PEC va avoir un impact recessif de plus de 1% sur le PIB. Il n’y a pas même de doutes qui subsistent pour les responsables des PEC successifs : le pays s’appauvrit et cet appauvrissement est la plitique voulue par cette succession de programmes d’austérité sélective.

Appauvrissement des plus vieux, qui travaillent toute une vie et à qui l’on prend sur les retraites, même quand elles ont déjà des niveaux humiliants. Appauvrissement des plus jeunes pour lesquels se maintien le chantage de la pérennisation des "reçus verts" (NdT : CDD sans ouverture de droits à la sécu, à la retraite..à rien).

Pour ne pas courir le risque d’avoir de nouveau à s’excuser devant le pays, Passos Coelho (leader de la droite - PSD) a déjà annoncé qu’il ne s’engageait pas à ne pas augmenter de nouveau les impôts s’il venait à diriger un gouvernement. "Et pas seulement les impôts" menace-t-il. Nous y sommes : L’abîme de la recession reste dans les mains du bloc central. Pendant que le PS et le PSD se partagent le pouvoir par alternance ou unis dans une grande coalition, pas de fin possible à la saga interminable desdites mesures additionnelles d’austérité. Avec elles ce sera toujours l’appauvrissement additionnel des gouvernements pour s’offrir comme garants de la recapitalisation des banques.

A Cet additionnel manque de décence et de rationalité économique, le Bloc de Gauche oppose une exigence au nom du pays : justice dans l’économie. C’est pour cela même que ce PEC doit être rejeté. Nous rejetons le PEC parce que nous nous battons pour un équilibre économique des comptes publics qui vient de la conviction que le déficit du budget peut être corrigé par une réforme ficscale courageuse et que le déficit social - chômage, pauvreté et précarité- doit être corrigé par la responsabilisation des bénéficiaires de la crise et ses principaux responsables.

Nous rejetons le PEC parce que pendant que le gouvernement feint d’économiser avec les licenciements à moindre coût, le Bloc de Gauche propose de geler tous les paiements en surplus sur les contrats des PPP (229 millions en 2011) et l’annulation des nouvelles PPP en cours de création.

Nous rejetons le PEC parce qu’alors que le gouvernement veut économiser sur les retraites, le Bloc de Gauche propose l’élimination d’entreprises municipales et préfectorales, absorbant ses fonctions dans l’Etat et les municipalités.

Nous rejetons le PEC parce qu’alors que le gouvernement annonce le co-paiement dans la santé et l’éducation, le Bloc de Gauche exige la renégociation des durées et termes des paiements des dépenses militaires tant que ne sont pas exécutées les contreparties contractuelles.

Nous rejetons le PEC parce que les 3 milliards d’euros que le gouvernement se propose de verser dans la recapitalisation des banques valent 12 années de subvention pour garantir le maintien de la prestation familiale (comme la CAF NdT) que le gouvernement a décidé de couper.

Une consolidation du budget qui donne la priorité au combat contre la dépréciation de l’action de l’Etat ; une augmentation des retraites les plus faibles ; le combat effectif de la précarité ; une politique d’investissement public pour la création d’emploi ; une réforme fiscale courageuse - vu les priorités du Bloc de Gauche pour une gouvernance responsable contre l’irresponsabilité sociale et économique de qui nous gouverne.

Au nom de cette responsabilité nous réprouvons ce programme de Stabilité et de croissance

23 de Março de 2011

TRAD : BRUNO FIALHO


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