8 avril 2011 Vendredi de contestation dans le monde arabe

dimanche 10 avril 2011.
 

* Yémen : Saleh s’accroche au pouvoir

Le président contesté du Yémen Ali Abdallah Saleh a rejeté ce vendredi un plan de sortie de crise des monarchies du Golfe tandis que deux manifestants ont été tués par les tirs des forces de l’ordre à Taëz, au sud de Sanaa, un épicentre de la contestation de son régime. Dans une brève intervention devant ses partisans à Sanaa, le président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, a accusé les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) "d’ingérence" et nommément dénoncé le rôle du Qatar.

Les pays du CCG -Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Oman, Qatar et Koweït-, extrêmement inquiets face à l’instabilité au Yémen, parent pauvre de la Péninsule arabique, avaient proposé leur médiation le 3 avril. Le CCG est dominé par l’Arabie saoudite, géant pétrolier qui partage une longue frontière avec le pays, et qui est inquiet de l’instabilité chez son voisin et de l’activité dans le sud du pays de groupes affiliés à Al-Qaïda.

Deux manifestants ont été tués par les tirs des forces de l’ordre et des dizaines d’autres blessés lors d’un rassemblement de l’opposition à Taëz, au sud de Sanaa.

* Syrie : Les concessions de Bachar Al-Hassad ne calment pas l’opposition

Dix manifestants au moins ont été tués et des dizaines d’autres blessés ce vendredi à Deraa, épicentre de la contestation contre le régime de Bachar al Assad qui s’est poursuivie dans d’autres villes du pays.

Des manifestations ont également éclaté dans la ville de Homs, dans le centre du pays, au nord de Damas. Des activistes ont par ailleurs fait état de coups de feu tirés à Harasta, un faubourg de Damas. A Douma, autre banlieue de la capitale théâtre d’importantes manifestations ces derniers jours, le réseau téléphonique était hors d’usage vendredi.A Damas, des musulmans sunnites auraient été matraqués par des policiers à la sortie de la mosquée Rifaï, dans le quartier de Kfar Souseh. La Syrie est dirigée par des alaouites, branche de l’islam chiite.

Dans l’Est, des milliers de manifestants kurdes ont de nouveau réclamé des réformes en dépit de la promesse faite par Assad d’assouplir les règles en vigueur qui privent nombre de Kurdes de prétendre à la citoyenneté syrienne. "Ce geste sur la citoyenneté n’a fait qu’alimenter la mobilisation. La cause kurde porte sur la démocratie, la liberté et l’identité culturelle", a dit à Reuters Hassan Kamel, membre influent du Parti démocratique kurde.

* Egypte : manifestation monstre pour juger Hosni Moubarak

Deux mois après la chute du président Hosni Moubarak, des dizaines de milliers d’Egyptiens ont manifesté ce vendredi au Caire pour demander son jugement, critiquant également la haute hiérarchie militaire qui dirige le pays.

Les manifestants, quelque 100.000 dans l’après-midi selon l’agence officielle Mena, se sont réunis sur l’emblématique place Tahrir, haut lieu de la contestation qui poussa M. Moubarak à la démission le 11 février, pour un rassemblement intitulé "Journée de procès et de purification". Les manifestants ont notamment conspué le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA) à qui M. Moubarak a remis le pouvoir en partant.

Le puissant mouvement des Frères musulmans avait appelé à se joindre à cette manifestation, en plus des organisateurs habituels issus d’organisations de jeunes militants pro-démocratie.

* Bahreïn. La chasse aux opposants est lancée

Le prince héritier de Bahreïn, Salman ben Hamad Al-Khalifa, a affirmé sa volonté de "faire progresser ces réformes" mais a mis en garde contre toute tentative de créer des divisions dans le pays. Dans son discours, le prince n’a pas toutefois invité les opposants au dialogue alors qu’il s’était dit prêt, pendant les troubles (mi-février, mi-mars), à discuter avec eux et notamment avec le puissant mouvement chiite Wefaq qui réclamait une véritable monarchie constitutionnelle avec un "gouvernement élu par le peuple". Le régime en place est toujours soutenu par les soldats de la force des pays du Golfe, le Bouclier de la péninsule, en majorité saoudiens, venus prêter main-forte à la dynastie sunnite des Al-Khalifa. ceux-ci ne sont pas visibles et sont chargés de protéger les installations vitales.

La répression du mouvement de contestation a été suivie de rafles au cours desquelles quelque "400 personnes, dont au moins 15 femmes, ont été arrêtées", selon Khalil al-Marzouk, député démissionnaire d’Al-Wefaq, le principal groupe de l’opposition chiite. En outre, "environ 800 personnes ont été licenciées" pour avoir répondu à l’appel à la grève générale illimitée lancé par la centrale syndicale à la mi-mars, selon lui.

Les journaux annoncent chaque jour des licenciements d’employés s’étant absentés durant l’appel à la grève. D’après le quotidien indépendant al-Wasat vendredi, 750 employés ont déjà été licenciés, dont 190 de la compagnie nationale de pétrole Bapco et 111 fonctionnaires du ministère de l’Education. La télévision passe des images des manifestations de mars, identifiant certains participants, dans le cadre de cette chasse aux sorcières. Quant au dialogue national entre l’opposition et le pouvoir, il semble bloqué.

1) 29 mars 2011 La contestation grandit dans les pays arabes

Si le mouvement est plus social en Algérie, il revêt une forme politique en Jordanie, où l’opposition exige des réformes. Au Yémen, les manifestants veulent le départ du chef de l’État.

Algérie. Montée de la pression sociale

Le pouvoir algérien est confronté à une montée sans précédent du mouvement social depuis 1998, année de fortes mobilisations. De violents affrontements ont opposé des habitants d’un quartier d’Alger aux forces de police les 23 et 24 mars contre la démolition d’habitats précaires. Aux abords de la présidence algérienne, les sit-in et autres formes de protestation se multiplient : enseignants vacataires et contractuels de l’armée réclamant leur intégration, familles des victimes du terrorisme exigeant les indemnités promises par l’État, etc. Le tout dans un contexte de forte montée de revendications salariales : grève des salariés de la Sonatrach (compagnie pétrolière), des cheminots qui ont paralysé le pays durant quarante- huit heures, des paramédicaux, des médecins résidants. Tous, à l’instar des enseignants des universités, qui ont vu leurs salaires augmenter de 110 %, veulent une revalorisation salariale. Il en est de même des 4 000 journalistes des médias publics, qui prévoient une grève générale le 3 mai. À quoi s’ajoute la poursuite des manifestations de chômeurs en dépit de la promesse de création de 300 000 emplois

Jordanie. Persistance des tensions

Jeudi, le rassemblement des « jeunes du 24 mars », qui campait sur une place de la capitale, réclamant des réformes politiques, a été attaqué par des partisans du régime avant l’intervention de la police. Bilan : 1 mort et 160 blessés. Le lendemain, vendredi, les islamistes et les partisans du régime se sont livrés séparément à des démonstrations de force à Amman. Les islamistes demandent des réformes constitutionnelles et la démission du premier ministre, Maarouf Bakhit, récemment nommé par le roi Abdallah II après le limogeage de son prédécesseur, Samir Rifaï. Ce que le souverain jordanien se refuse à envisager au nom de l’unité nationale.

Yémen. 70 morts dans une explosion

Attentat ou accident ? L’explosion, qui a eu lieu dans une usine de munitions au sud de Sanaa (70 morts), survient au lendemain d’une incursion d’un groupe d’al-Qaida qui a chargé quatre camionnettes de munitions et dans un contexte de poursuite de la contestation contre le régime du président Abdallah Saleh. Sourd aux appels exigeant sa démission, le président yéménite tente de reprendre la main. Vendredi, devant plusieurs centaines de milliers de ses partisans, il s’est présenté comme le dernier rempart contre une « somalisation » du pays. Dans un entretien à la télévision d’État, il a lancé un appel à ses adversaires pour discuter et accusé les islamistes de « surfer sur le mouvement des jeunes ». Qui plus est, il est conforté par les propos du chef du Pentagone, Robert Gates, qui a estimé dimanche que la chute du président yéménite poserait « un vrai problème » à Washington dans sa lutte contre al-Qaida.

HASSANE ZERROUKY


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