Accord Fatah et Hamas pour former un gouvernement transitoire : Enfin un espoir pour le peuple palestinien (2 articles)

dimanche 8 mai 2011.
 

1) Le vent des révolutions arabes bouleverse aussi la situation en Palestine (par secteur Maghreb/machrek du PG)

Le mois dernier, le 15 mars, des dizaines de milliers de Palestiniens, surtout des jeunes, sont descendus dans les rues de Cisjordanie et de Gaza pour exiger de leurs dirigeants, en particulier le Fatah et le Hamas, qu’ils cessent leur division dangereuse pour la cause palestinienne, et qu’ils s’unissent pour lutter contre l’occupation israélienne.

Mercredi 27avril, au Caire, Azzam al-Ahmad, pour le Fatah et Moussa Abou Marzouk, pour le Hamas signaientt un protocole d’accord que l’on croyait impossible il y a encore deux mois tant les tensions entre ces deux formations étaient fortes depuis 2 007.

Et hier, l’accord a été scellé dans le cadre solennel de la Ligue Arabe.

L’accord prévoit notamment :

- la formation, par consensus, d’un gouvernement intérimaire de personnalités indépendantes, jusqu’à des élections présidentielles, législatives, et au CNP (parlement de l’OLP)

- dans un délai d’un an la création d’un Haut Conseil de sécurité, en vue de la future intégration des unités des différents mouvements dans une force de sécurité « professionnelle »

- la libération des prisonniers du Hamas en Cisjordanie et du Fatah à Gaza

Le gouvernement israélien a immédiatement dénoncé cet accord, et menacé de mesures de rétorsions, dès la signature du protocole : « le Fatah doit choisir entre la paix avec le Hamas ou la paix avec Israël », mais la vague de reconnaissances de l’Etat Palestinien qui vient de déferler en Amérique latine, qui se prépare chez les nouveaux gouvernements arabes, et possiblement en Europe même, met le gouvernement israélien dans une position très difficile pour imposer ses exigences.

Pour notre part, Parti de Gauche, nous nous félicitons de cet accord, de cette unité retrouvée qui représente un nouvel espoir pour le peuple palestinien et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que la France et l’ONU conformément aux résolutions onusiennes reconnaissent l’Etat palestinien.

2) "Un pas historique pour la Palestine"

par Patrick Le Hyaric, membre de la délégation du Parlement européen, chargée des relations avec le Conseil législatif palestinien

Une très bonne nouvelle nous parvient du Caire. Les responsables palestiniens du Fatah et du Hamas ont décidé de s’entendre et de former ensemble un gouvernement provisoire, chargé de gérer la Palestine et d’organiser les élections législatives et présidentielles, prévues à l’automne prochain. Comme dans d’autres pays arabes, la jeunesse a été à la pointe de la demande d’unité particulièrement à Gaza.

Si cela se concrétise, un pas décisif, un pas historique supplémentaire serait accompli dans le formidable tourbillon émancipateur qu’est en train de vivre cette région. « Enfin » ! Dirons-nous avec des millions d’individus de par le monde qui l’attendait depuis longtemps. Cela aurait de multiples conséquences.

Cela ouvrirait la voie à un nouveau débat démocratique à l’intérieur de la société palestinienne, débouchant sur l’élection des députés au Conseil législatif palestinien et du Président de l’autorité palestinienne qui pourrait devenir le premier Président de Palestine, d’un Etat palestinien indépendant, démocratique, pacifique.

En effet l’unité palestinienne permettrait sa reconnaissance par l’Organisation des Nations-Unies de l’Etat palestinien. La France doit désormais le faire sans attendre. L’Union européenne aussi. Je l’ai demandé en séance publique du Parlement européen à Mme Asthon, la haute représentante de l’Union européenne, le 9 mars dernier.

Avec force des intellectuels israéliens, parmi les plus prestigieux, l’ont réclamé dans un vibrant appel il y a quelques jours.

En dénonçant ce projet d’accord, la direction israélienne montre qu’elle veut que rien ne change dans cette région du monde. Elle s’en trouvera encore davantage isolée sur ses positions injustifiables. Contrairement à ce qu’elle prétend, on peut raisonnablement penser que sous la pression populaire, ce n’est pas l’intégrisme qui est en train de gagner.

En vérité, le gouvernement de l’ultra-droite israélienne sait que la reconnaissance de l’Etat palestinien par l’ONU changerait beaucoup de choses. L’occupation des territoires palestiniens, devenu pays souverain, ferait automatiquement encourir à Israël des sanctions internationales effectives. Les demandes, maintes fois répétées en vain, sur l’application des multiples résolutions de l’ONU, changeraient de nature. Il en serait aussi fini des tentatives de marchandage pour s’accaparer des territoires. Fini de l’implantation de colonies en échange de promesses de paix jamais tenues. Rien ne serait plus comme avant. Des crimes de guerre perpétrés à Gaza au blocus, de la colonisation à l’élévation du mur jusqu’à l’emprisonnement de citoyens et d’élus palestiniens, tout cela deviendrait intolérable pour une majorité de la population mondiale et indéfendable à Washington comme à Bruxelles.

D’autre part, un rapport des Nations-Unies considère que, désormais, les conditions économiques d’un Etat viable en Palestine sont réunies.

Enfin, les mouvements d’émancipation démocratique en cours dans les pays du Maghreb et du Machrek pousseront peut-être les chancelleries nord-américaine et européenne à rechercher enfin la solution pour la coexistence de deux Etats, vivant en paix et dans la sécurité, dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine.

Cette évolution est partie intégrante du « Printemps arabe ». Elle est aussi peut-être l’une des conditions de sa réussite.

Les élections en Palestine doivent pouvoir se tenir avec tous les représentants du peuple, à commencer par tous les parlementaires aujourd’hui incarcérés, à commencer par Marwan Barghouti. De sa prison, celui-ci avait fait signer le premier appel à la réunification palestinienne à tous ses camarades, de toutes les tendances de l’OLP.

Nous aussi citoyennes, citoyens, attachés à la paix, à la démocratie, nous pouvons agir pour aider l’histoire à faire ce pas décisif, ce pas historique de la création d’un Etat palestinien, démocratique, composé de tout son peuple, c’est-à-dire avec le retour des réfugiés, si longtemps espéré.

Patrick Le Hyaric est membre de la délégation du Parlement européen, chargée des relations avec le Conseil législatif palestinien


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