Joaquin PEREZ BECERRA : Lettre ouverte au président de la République Bolivarienne du Vénézuela et réponse d’Hugo CHAVEZ

vendredi 6 mai 2011.
 

Monsieur le président,

Ce 23 avril, à l’aéroport vénézuélien de Maiquetia (Caracas), a été arrêté le citoyen suédois d’origine colombienne, Joaquin PEREZ BECERRA. Le communiqué officiel du gouvernement que vous présidez signale que ce journaliste, directeur de l’agence de presse ANNCOL, était « recherché par la justice colombienne, en alerte rouge Interpol …/... pour avoir commis les délits de délinquance en bande organisée, financement du terrorisme et gestion de ressources liées à des activités terroristes. » Et qu’en conséquence, il serait extradé en Colombie.

Le 25 avril, soit deux jours après l’arrestation, le président colombien et ex-ministre de la défense, Juan-Manuel SANTOS, nous a surpris dans ses déclarations au quotidien EL TIEMPO de Bogota en disant : « J’ai téléphoné au président Chavez samedi pour lui signaler qu’un individu des Farc, très important pour nous, arrivait à Caracas par le vol de la Lufthansa dans l’après-midi et pour lui demander s’il pouvait l’arrêter. Chavez n’a pas hésité : il a ordonné sa capture et va nous le livrer ».

Face à ces déclarations, une question s’impose : Le gouvernement vénézuélien a-t-il rendu un service illégal au gouvernement colombien ? Il est désormais évident qu’il n’existait pas d’"alerte rouge" d’Interpol concernant ce citoyen. Si elle avait été réelle, PEREZ BECERRA aurait été arrêté en Allemagne, le pays d’où il a embarqué pour Caracas et qui possède l’un des services de sécurité les plus performants du monde. Ou bien les autorités suédoises l’auraient interpellé avant. C’est en effet en Suède qu’il réside et qu’il exerce légalement son activité de journaliste, que cela plaise ou non au gouvernement colombien dont la propension à la chasse aux journalistes critiques est bien connue.

Président CHAVEZ, ce lundi 25 avril, votre gouvernement a envoyé Joaquin PEREZ BECERRA en Colombie. On ne lui a pas permis de recevoir la visite d’un avocat, ni celle du Consul de Suède à Caracas. La Constitution du Vénézuela et plusieurs traités internationaux ont ainsi été violés. Ce n’est pas la première fois qu’un révolutionnaire colombien est renvoyé ou extradé vers son pays depuis le Vénézuéla. C’est arrivé à d’autres citoyens, présumés membres des guérillas de l’ELN ou des FARC, livrés de manière expéditive au gouvernement colombien qui, comme vous le répétiez vous-même il n’y a pas si longtemps, est l’un des pires au monde en terme de violations des droits de l’homme, ce que confirment des centaines de rapports d’institutions internationales y compris l’ONU.

Vous pouvez très bien imaginer le sort réservé au citoyen Joaquin PEREZ BECERRA. Le même que subissent déjà les autres citoyens livrés par votre gouvernement aux autorités colombiennes.

Jusqu’à ce jour, aucun gouvernement européen, et pratiquement aucun gouvernement du monde n’a répondu favorablement aux demandes d’extradition du gouvernement colombien concernant ses opposants politiques, quelle que soit l’étiquette qu’on leur colle. Pourquoi, le Vénézuela le fait-il aujourd’hui ?

Comme on le sait bien désormais, en Colombie et dans de nombreux pays, toute personne progressiste peut être désignée terroriste. De plus, en janvier 2008, vous avez, avec le parlement vénézuélien, décrété que les guérillas colombiennes n’étaient pas des organisations terroristes mais des combattants révolutionnaires, leur donnant par là-même un statut politique. Si ces personnes avaient commis un délit sur le territoire vénézuélien, elles devraient être sanctionnées par les lois de votre pays mais non livrées à des autorités qui depuis toujours mentent, manipulent l’information comme vous-même l’avez relevé à maintes reprises, et comme vous-même en avez été victime.

Président CHAVEZ, nous espérons que votre gouvernement abandonne des pratiques bien peu honorables pour la révolution bolivarienne que nous avons tant défendue et que voudrions continuer à défendre la tête haute.

Bien cordialement,

Premières signatures :

Gilberto López y Rivas, anthropologue, Mexique.

Hugo Moldiz Mercado, journaliste, Bolivie.

Hernando Calvo Ospina, journaliste, Colombie/France.

Santiago Alba, écrivain, Espagne.

Carlos Fernández Liria, professeur d’université, Espagne.

Sonia Brito, présidente Association Derechos Humanos de La Paz, Bolivie.

Manuel Salgado Tamayo, professeur d’université et ex Vice-président du Congrès National, Equateur.

James Petras, sociologue, Etats-Unis.

Ramón Chao, journaliste, Espagne/France.

Michel Collon, journaliste, Belgique.

Carlos Aznarez, journaliste, Argentine.

Renán Vega Cantor, professeur d’université, Colombie.

Darrin Wood, journaliste, Etats-Unis.

Ivan Padilla Bravo, journaliste, Vénézuela.

Hernán Cano, journaliste, Argentine/Vénézuela.

Edgar Gutierrez, Educador, Vénézuela.

Xiomara Pérez Díaz, artiste, Vénézuela.

Héctor Seijas, écrivain, Vénézuela.

Ender Cepeda, peintre, Vénézuela.

Ossaba, artiste plasticien, Colombie/France.

François Houtart, sociologue, Belgique.

Annalisa Melandri, journaliste, Italie.

Harald Neuber, journaliste, Allemagne.

Mariana López de la Vega, philosophe, Mexique.

Paco Calderón, sociologue, Espagne.

Narciso Isa Conde, coordinateur de la Présidence Collective du Mouvement Continental Bolivarien, République Dominicaine.

Carlos Casanueva Troncoso, secrétaire général Mouvement Continental Bolivarien.

Cédric Rutter, Collectif Investig’Action, Belgique.

Ingrid Storgen, Collectif pour la paix en Colombie, Argentine.

Jorge Beinstein, économiste, France.

Aníbal Garzón, sociologue, Bolivie.

Jorge Mendoza, sociologue, Bolivie.

Geraldina Colotti, journaliste, Italie.

Aline Castro, Red POR TI AMERICA, Brésil

Miguel-Ángel Aguilar, philosophe, Mexique.

Carlos Figueroa Ibarra, professeur d’université, Mexique.

Chaterine Hernández, journaliste, Espagne.

Antonio Mazzeo, journaliste, Italie.

Fulvio Grimaldi, journaliste, Association d’Amitié Italie-Cuba, Italie

Sandra Paganini, enseignante, Association d’Amitié Italie-Cuba, Italie.

Fetera Flores, collectif de Base, Argentine.

Cristina Castello, écrivain, Argentine/France.

Dax Toscano Segovia, journaliste, Equateur.

Juan Carlos Monedero, professeur d’université, Espagne

Hassan Dalband, professeur d’université, Mexique.

Association Bolivarienne d’Affaires Humanitaires PATRIA ES SOLIDARIDAD, Venezuela.

Mouvement Continental Bolivarien, Equateur.

Mario Casasús, journaliste, Mexique.

Association Nationale d’Avocats Démocratiques, Mexique.

Observatoire National des Prisons, Mexique.

Agence Bolivarienne de Presse, Equateur.

Giorgio Trucchi, journaliste, Italie.

Mouvement Guévariste Tierra Y Libertad, Equateur.

Ligue Mexicaine pour la Défense des Droits Humains, Mexique.

Fondation Diego Lucero, Mexique.

Aurora Tumanischwili, Collectif Amis de la Paix en Colombie, Argentine.

Guillermo López, Collectif Amis de la Paix en Colombie, Argentine.

Association des Familles de Détenus Disparus et Victimes de Violations des Droits Humains, Mexique.

Réseau Universitaire de Moniteurs des Droits Humains, Mexique.

Fédération de Travailleurs Libres de Pichincha, Equateur.

Mouvement José Peralta, Equateur.

Juan Carlos Vallejo, écrivain, Colombie/Etats-Unis.

Alejandro Rodríguez, Bolivie.

Álvaro Zuleta, économiste, Bolivie.

Raúl Prada, sociologue, Bolivie.

Oliver Villar, professeur d’université, Australie.

Guido Piccoli, journaliste, Italie.

Xarlo Etchezaharreta, éducateur, France.

Lourdes García-Larqué, syndicaliste, Australie.

Alejandro Dausá, journaliste, Bolivie.

Víctor Vacaflores, économiste, Bolivie.

Centre de Droits Humains Coordinadora 28 de Mayo, Mexique.

Elena A. Romano, Collectif Amis de la Paix en Colombie, Argentine.

Marcela Pérez, Collectif Amis de la Paix en Colombie, Argentine.

Association de Droits Humains de l’Etat du Mexique, Mexique.

Association pour la Défense des Droits Humains et l’Egalité des sexes, Mexique.

Miguel Suarez y Radio Café Stereo, Suède.

Rocío Peralbo, journaliste, Equateur.

Cédric Rutter, Collectif Investig’Action, Belgique.

Rosa María Fernández, journaliste, Cuba.

Dick Emanuelsson, journaliste, Suède.

María Piedad Ossaba. Web La Pluma, France.

Olimpo Cárdenas Delgado, journaliste, Colombie.

Nestor Kohan, professeur d’université, Argentine.

2) Réponse d’Hugo Chavez ce 30 avril 2011

Le président de la République Bolivarienne du Venezuela, Hugo Chávez, a expliqué ce samedi 30 avril que "le Gouvernement de Colombie, la Police Internationale (INTERPOL) et la CIA connaissaient même le numéro du siège occupé par le journaliste colombien, Joaquín Pérez Becerra, quand il voyageait vers le Vénézuéla".

Il a ajouté que la responsabilité "n’est pas mienne, le premier responsable est ce monsieur qui est recherché par INTERPOL avec le code rouge, que chacun assume ses responsabilités" a souligné le chef de l’état.

Cette explication a été réalisée le samedi durant l’inauguration de la Grande "Mission Logement" ce samedi depuis le théâtre Teresa Carreño, à Caracas.

Pérez Becerra a été capturé le samedi passé par les autorités vénézuéliennes à l’Aéroport International de Maiquetía Simón Bolívar.

Le président Hugo Chávez a expliqué : "je suis le responsable d’avoir envoyé ce monsieur au gouvernement de Colombie, j’en ai donné l’ordre, parce qu’il était recherché par INTERPOL".

Il a également souligné que "je n’ai pas le moindre doute qu’on l’a amené jusqu’ici à dessein, pour pouvoir dire que si je l’arrête je suis le mauvais et si je ne l’arrête pas, je suis le mauvais aussi. J’ai assumé ma responsabilité au vu du droit international, et nous l’avons capturé".

Ces déclarations ont été faites ce samedi au moment de lancer un vaste programme social qui vise à offir à chaque famille vénézuélienne un logement décent, et qui s’ajoute aux toutes récentes augmentations de salaire (25 % de plus pour le salaire minimum, et 40% de plus pour les travailleurs des universités et de l’administration publique).

Cette nouvelle mission cherche à répondre aux critiques sociales sur le déficit de logements décents et sûrs. "Le drame du logement n’a pas de solution dans le cadre du capitalisme, nous allons le résoudre dans le cadre du socialisme" a souligné le chef de l’état. "Le défi est majeur et j’invite l’ensemble de la population à participer à cet objectif qui est de construire deux millions de logements en sept ans". "Nous devons redoubler la marche et de travailler tous les jours pour construire tous ces logements. 60 pour cent de la population vénézuélienne vit sur la frange côtière, alors que dans le centre ne vit que 25 pour cent et sur la frange inférieure, 10 pour cent, ceci est le produit de 500 ans d’imposition d’un modèle socio-économique, cette grande Mission Logement résoudra ce problème structurel", a expliqué le président.

Pour le financement des logements sont nécessaires 30 milliards de bolívars, qui seront apportés conjointement par la banque publique et par la banque privée.

La grande "Mission Logement" possède plusieurs aspects fondamentaux, en plus des mécanismes de financement et de la mise à disposition des matériaux de construction, tels que :

- identifier avec précision les familles qui ne sont pas propriétaires d’un logement ou vivent sur des terrains menacés par les inondations ou à risques.

- recenser les terrains aptes aux constructions

- recenser les entreprises de construction disponibles, nationales et internationales. (80 % de chantiers seront assumés par les entreprises vénézuéliennes, 20% par des entreprises étrangères).

Au cours de ce lancement, un contact vidéo en direct a été réalisé avec la vice-ministre pour la Commune et la Protection Sociale, Margot Godoy, qui a remis 30 logements sociaux à plusieurs familles de la municipalité de Los Guayos, état de Carabobo.

Sources : Radio Nacional de Venezuela, agences.

Traduction : Thierry Deronne


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